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À La Une - Proche-Orient

À Gaza, la trêve se fait lourdement attendre

Les tractations diplomatiques battent leur plein ; Ban à Ramallah aujourd’hui ; au moins 26 Palestiniens et 2 Israéliens morts.

Un oud au milieu des missiles... Une trêve et l’arrêt de la sauvagerie israélienne s’imposent urgemment. Jack Guez / AFP

Les hostilités se poursuivaient hier entre Israël et le Hamas, sur fond d’intenses tractations diplomatiques pour tenter d’imposer une trêve. Mais les espoirs ont été douchés en milieu de nuit, le Hamas annonçant qu’Israël n’avait toujours pas répondu aux propositions qui lui avaient été faites et qu’il faudra désormais attendre aujourd’hui pour espérer un cessez-le-feu à Gaza. « La trêve est retardée parce que nous attendons la réponse de la partie israélienne », a ainsi affirmé Ezzat el-Richk.


Pourtant tout semblait se tourner vers une trêve en fin d’après-midi. « L’Égypte a envoyé une proposition finale et nous attendons la réponse définitive d’Israël », avait-on indiqué plus tôt dans la journée de source égyptienne proche des négociations, ajoutant que « s’il y a un accord, cela veut dire que nous sommes proches de l’annonce d’une trêve ». Un responsable israélien cité par la radio militaire avait fait état lui aussi de progrès dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu. « Nous travaillons très dur en utilisant nos canaux diplomatiques, sans discontinuer. Mais je ne peux vous donner l’heure (de la trêve) », avait répondu de son côté un responsable gouvernemental sous le couvert de l’anonymat. Selon le correspondant diplomatique du quotidien israélien Haaretz, Barak Ravid, citant deux responsables israéliens anonymes, une trêve « pourrait commencer ce soir, dans quelques heures ».


Un haut responsable du Hamas a précisé au Caire que l’un des points d’achoppement était l’exigence par le mouvement islamiste de la levée du blocus israélien. « Une solution de compromis serait un accord sur la levée du siège, qui serait appliquée ultérieurement. »

 

(Le dilemme des réservistes israéliens : Entrer dans la bande de Gaza ou rentrer à la maison ?)


Le président égyptien Mohammad Morsi avait lui aussi affirmé hier que « l’agression » israélienne contre la bande de Gaza allait cesser dans la journée, selon l’agence officielle égyptienne MENA, assurant que « les efforts pour parvenir à un cessez-le-feu entre Palestiniens et Israéliens auraient des résultats positifs dans les prochaines heures ».
Le président américain Barack Obama a remercié M. Morsi pour ses efforts en faveur d’une trêve, selon la Maison-Blanche, alors que la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton est arrivée en Israël en pleine nuit, d’où elle a réaffirmé que l’engagement des États-Unis pour la sécurité d’Israël était « fort comme un roc ».

La racine, la main et l’épée
Les États-Unis ont cependant bloqué au Conseil de sécurité l’adoption d’une déclaration condamnant l’escalade du conflit entre Israël et les Palestiniens dans la bande de Gaza. Washington s’est opposé à cette déclaration « parce qu’elle ne traitait pas de la racine du problème », les roquettes tirées de Gaza sur Israël, a indiqué Erin Pelton, porte-parole de la représentation américaine à l’ONU. « En ne demandant pas l’arrêt total et immédiat des tirs de roquettes de Gaza sur Israël, cette déclaration ne pouvait contribuer de façon constructive » à un règlement de la crise, a-t-elle ajouté.


Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré de son côté que son pays tendait « une main vers ses voisins désireux de faire la paix avec lui » et de l’autre main brandissait une « épée » vers ceux qui veulent sa destruction. Dans la matinée, M. Netanyahu a rencontré le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle et lui a dit qu’Israël cherchait à assurer un accord de « long terme » qui garantirait la fin de la contrebande de roquettes vers la bande de Gaza. Un haut responsable gouvernemental israélien avait indiqué plus tôt que l’État hébreu avait provisoirement repoussé l’option d’une offensive terrestre sur Gaza. Le numéro un de la branche armée du Hamas, Mohammad Deïf, avait d’ailleurs mis en garde Israël contre une opération terrestre à Gaza, menaçant de capturer des soldats israéliens, dans un rare message audio. « L’ennemi payera cher s’il pense entrer à Gaza », avait-il averti.


Dans le même temps, en visite à Jérusalem, où il a eu des discussions avec les dirigeants israéliens, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a estimé qu’une « escalade supplémentaire » dans le conflit serait « un désastre pour la région ». Il a également rencontré le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, qui l’a remercié pour le « soutien de la communauté internationale ».
M. Ban se rendra aujourd’hui à Ramallah, en Cisjordanie, pour rencontrer le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.


En visite dans la bande de Gaza, le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil el-Arabi, à la tête d’une délégation de plusieurs pays arabes, a jugé quant à lui que l’essentiel pour les pays arabes et les États musulmans n’était pas d’obtenir une trêve pour mettre un terme à l’effusion de sang à Gaza, mais de mettre fin à l’occupation israélienne.

Erdogan se lâche
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a accusé de son côté Israël de mener un « nettoyage ethnique » contre les Palestiniens. « Israël ignore dans cette région la paix et piétine le droit international. Ce pays occupe petit à petit les territoires palestiniens », a ainsi déclaré M. Erdogan devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste). M. Erdogan s’en est également pris une nouvelle fois à la passivité des pays occidentaux et du Conseil de sécurité de l’ONU dans ce dossier. Les États-Unis ont fustigé Ankara pour ces attaques verbales.

 « L’ennemi payera cher »
Malgré les tractations diplomatiques, la journée d’hier a été marquée par des bombardements meurtriers sur Gaza, un nouveau tir de roquette vers Jérusalem et la mort du premier soldat israélien. Un soldat de 18 ans a ainsi été tué par une roquette de Gaza qui s’est abattue sur le sud du pays, selon l’armée israélienne. Un civil israélien, un Bédouin employé par l’armée, a également été tué par un tir de roquette dans la même région.

 

(Reportage : « À Gaza, le traumatisme est continuel »)


Dans l’après-midi, une roquette à longue portée a explosé dans le bloc de colonies du Goush Etzion, près de Jérusalem, sans faire de blessés, pour la deuxième fois en quatre jours, selon la police. Le tir a été revendiqué par la branche armée du Hamas à Gaza. Plus au Sud, un immeuble de huit étages a été éventré par une roquette à Rishon LeTzion, la 4e ville d’Israël. L’armée israélienne a fait état de 189 roquettes tirées depuis Gaza, dont 51 interceptées par le système antimissiles Iron Dome.


Dans la bande de Gaza, au moins 26 Palestiniens ont été tués dans des pilonnages de l’armée, selon le ministère de la Santé du Hamas. L’aviation israélienne avait largué des tracts sur plusieurs quartiers de la ville de Gaza exhortant les habitants à évacuer « immédiatement » leurs domiciles.


Plus de 130 Palestiniens ont été tués et un millier blessés depuis le déclenchement de l’opération « Pilier de défense » il y a sept jours. La tour dans laquelle se trouve le bureau à Gaza de l’AFP a été touchée par une frappe en pleine nuit.
Par ailleurs, deux cameramen travaillant pour el-Aqsa TV et un responsable des programmes éducatifs de la chaîne al-Qods ont été tués dans leurs voitures par des frappes aériennes israéliennes.


Enfin, entre 2 500 personnes, selon la police, et 5 à 7 000, selon les organisateurs, ont manifesté hier soir à Paris près de l’ambassade d’Israël en soutien à l’État hébreu. Des échauffourées ont éclaté entre les forces de l’ordre et une petite partie des manifestants pro-israéliens.
(Source : agences)

 

 

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