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À La Une - Le clic

Vidéos, photos, textes... Les Gazaouis racontent leur enfer

La petite Sousou courant vers son oncle, Mahdi Joj.

Dans la bande de Gaza meurtrie, des jeunes Palestiniens investissent les réseaux sociaux pour raconter, par tous les moyens possibles, l’enfer quotidien des bombardements israéliens qui ont fait à ce jour plus d’une centaine de morts. Depuis le début de l’opération « Pilier de défense », lancée mercredi dernier contre Gaza, de nombreux internautes palestiniens racontent leur vécu en diffusant textes, photos, vidéos et clips audio.

Parmi eux, la blogueuse Rana Baker (@RanaGaza) qui décrit le drame gazaoui en publiant sur Twitter des clips audio enregistrés depuis sa maison. Elle y capte, entre autres, les fracas des raids israéliens, le hurlement des sirènes des ambulances, le bourdonnement des drones survolant le ciel de Gaza.
Elle enregistre ses clips sans prononcer un mot, sans un murmure, le souffle presque coupé...
Résultat : une bande sonore qu’on croirait tout droit sortie d’un film d’horreur.

 


Nov 14, 2012 | I recorded the sound of F16s, drones, and two explosions here. #Gaza by ranabbaker on Keek.com

 

 

Mahdi Joj, lui, préfère la vidéo. Sur sa page Facebook, il diffuse plusieurs clips filmés avec son téléphone portable. Sur les images, une rue venant d’être bombardée par l’artillerie israélienne. Mahdi dit l’avoir filmée sur le chemin de sa maison.
Mahdi Joj filme aussi ses proches, sa nièce, effrayée. « Après une nuit terrible, j’ai emmené ma nièce Sousou sur le toit de notre maison pour jouer... Les Israéliens avaient annoncé une soi-disant trêve... », lit-on sous le clip diffusé le 16 novembre. Sur la vidéo, on voit la jeune enfant jouer seule. Cinq secondes plus tard, un énorme « Boum ». Terrorisée, la petite Sousou court se cacher dans les bras de son oncle, qui tente de la calmer : « Ça ne fait rien, ça ne fait rien, n’aie pas peur... »

 

 

Shahd Abou Salama, 20 ans, a choisi, quant à elle, de s’exprimer sur son blog « Palestine from my eyes » (La Palestine à travers mon regard) pour décrire la vie sous le blocus israélien. Depuis le lancement de l’opération « Pilier de défense », la jeune artiste qui habite dans le nord de la bande de Gaza a transformé son site en un journal intime, laissant libre cours à sa colère et sa frustration. Extraits :

Jour 1 :
« Il y a quelques minutes, nous avons entendu une série de bombes tomber l’une après l’autre dans différents endroits dans l’ouest de Gaza. Les explosions ont été suivies d’un blackout total dans toute la bande. Je ne peux pas vous décrire combien c’était terrorisant. Les bruits étaient très proches. Mon amie et moi avons couru vers les fenêtres et nous avons vu le ciel sombre devenir tout rouge. Les ambulances sont dépêchées sur les lieux. (...) Je ne peux plus entendre parler de morts! Je vais exploser d’un instant à l’autre ! (...) J’en ai marre d’écrire sur les bombardements, mais ils se produisent sans cesse en ce moment. Il y en a trop, partout ! »

 

Une photo prise par Mahdi Joj de la maison de la famille al-Dallou qui a été anéantie par une frappe israélienne, le 18 novembre dernier.


Jour 2 :
« Gaza est toujours intensivement bombardée. J’ai entendu dire aux nouvelles qu’Israël prépare une incursion terrestre. La marine israélienne ne cesse de frapper les habitations au bord de la mer. Notre ciel est constamment occupé par leurs avions de chasse. Nous sommes cernés de tous les côtés par les forces d’occupation israéliennes.
« (...) Je suis fatiguée, mais impossible de fermer l’œil dans ce climat de terreur. Je viens d’entendre deux explosions non loin de chez nous. J’ai senti que notre maison était sur le point de s’effondrer. »

Jour 3 :
« Notre maison tremble. (...) Les avions israéliens bombardent violemment plusieurs quartiers de Gaza en ce moment. Le bruit des explosions semble plus fort, plus proche. Il y a de plus en plus de morts.
« (...) Mon père vient de quitter la maison pour assister aux funérailles de son ami, Marwan Abou al-Qumsan, qui a été enterré dans un énorme cratère causé par un raid israélien dans un terrain abandonné dans le nord de Gaza. Nous l’avons supplié de ne pas y aller parce que les Israéliens pourraient frapper à tout moment le chemin qu’il doit emprunter. Il nous a promis qu’il reviendra bientôt. Mais je sais que nous ne nous calmerons que lorsqu’il sera rentré sain et sauf à la maison. »

 

Un clip d'animation résumant le conflit à Gaza et qui a été

largement partagé sur les réseaux sociaux.

Jour 4 :
« 5h30 – Je me suis réveillée après une série d’explosions dans le quartier qui ont secoué ma chambre ! Tout le monde à la maison s’est réveillé. Personne ne peut dormir ! (...) Les missiles israéliens tombent l’un après l’autre juste au moment de la prière de l’aube ! »

« 6h00 – Une amie vient de m’envoyer un message. Sa famille a été réveillée par des éclats de verre après le dernier raid israélien qui a visé une ruelle derrière leur maison. Elle m’a décrit une situation de terreur et de panique générale dans le quartier. Le courant a été complètement coupé dans plusieurs secteurs de Gaza. Le bruit des drones devient de plus en plus fort. »

« 6h20 – Oh mon Dieu ! C’est un génocide ! C’est un massacre ! Israël vient de viser deux maisons à Jabalia, située à cinq minutes de ma maison. Les familles Abou Salah et Abou el-Saad Karmout ont été enterrées sous les décombres ! (...) Il y a plus de 30 victimes, dont de nombreux enfants. Une femme vient d’être secourue, elle est dans un état grave ! Je n’entends à présent que le son des sirènes d’ambulance et des bombardements israéliens ! Mon Dieu, protégez le peuple de Gaza ! »

Jour 5 :
« 3h20 – Plus les Israéliens s’affolent, plus ils deviennent meurtriers. Ce sont les bombardements les plus intensifs depuis le début de l’opération israélienne, mercredi dernier. Le ciel, qui symbolisait pour moi la beauté et la méditation, m’inspire aujourd’hui l’horreur. Les avions de chasse ne font aucune différence entre les habitations, les centres de presse, les terrains abandonnés et les poulaillers...
(...) Vos prières sont toujours bienvenues, mais vos actions sont encore plus fortement appréciées ! Agissez maintenant, faites quelque chose pour arrêter ce génocide ! »

Dans la bande de Gaza meurtrie, des jeunes Palestiniens investissent les réseaux sociaux pour raconter, par tous les moyens possibles, l’enfer quotidien des bombardements israéliens qui ont fait à ce jour plus d’une centaine de morts. Depuis le début de l’opération « Pilier de défense », lancée mercredi dernier contre Gaza, de nombreux internautes palestiniens racontent leur...

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