Rechercher
Rechercher

À La Une - Territoires

A Gaza, une frappe israélienne annihile la famille el-Dallou

« Israël, qu’ont fait les enfants et les nouveau-nés pour mériter cela ? »

Les quatre enfants de la famille el-Dallou, tués dans un raid israélien hier à Gaza avec leurs parents. Photo Mohammad Abed/AFP

« C’est Mohammad, il est vivant », hurle Khalil, au moment où les secouristes extraient le cadavre d’un jeune homme des décombres de sa maison à Gaza, détruite par une frappe aérienne israélienne qui a anéanti la famille el-Dallou. Khalil el-Dallou éclate en sanglots lorsqu’un secouriste lui apprend le « martyre » de son cousin Mohammad, 35 ans, dont le corps est transporté vers une ambulance. « Tous les membres de la famille sont morts en martyrs. Israël, qu’ont fait les enfants et les nouveau-nés pour mériter cela ? » s’exclame-t-il, levant les bras au ciel.


Mohammad, sa femme et ses quatre enfants sont morts ensevelis sous les débris de leur maison en pierre de trois étages. Deux voisins de la famille el-Mouzzana, qui occupait la maison d’à côté, détruite par la frappe, ont aussi trouvé la mort. Le père de Mohammad, Jamal el-Dallou, et son fils Abdallah, 17 ans, ont survécu. Ils se rendaient ensemble à leur boutique, dans le vieux marché d’al-Zawiya, dans le centre de Gaza, pour acheter des provisions pour la famille, en prévision des prochains raids. Adossé à un poteau électrique éclaboussé de sang, le père de famille est soutenu par ses proches qui lui présentent leurs condoléances. Traumatisé, il contemple sa maison en ruines, détruite par un F-16 israélien, d’où se dégagent des volutes d’un incendie pas encore éteint.


Des voisins tentent de ramasser des membres humains qui jonchent le sol. « Ne prévenez pas son frère Abdallah, le choc peut le tuer », hurle, hystérique, Ibrahim, un parent de Mohammad, en parlant d’un autre jeune frère, qui termine ses études de médecine en Turquie. Difficilement, les secouristes ont pénétré dans la ruelle étroite pour débarrasser les décombres du toit et les gravats, essayant de retrouver avant la tombée de la nuit les corps d’une femme et de sa petite fille encore enterrés. « Comment vont-ils trouver des survivants sous ces destructions, sans un matériel de sauvetage ? » se lamente un voisin, Majdi Abdel Majid.

 

(Lire aussi : Israël exige la fin des tirs depuis Gaza avant d’envisager une trêve)


Abou Ahmad el-Dallou regarde les opérations de sauvetage. Il ne répond pas à son téléphone qui sonne, sonne sans interruption. Il pleure son neveu Mohammad, qu’il a vu une heure avant le raid aérien. Mohammad, un policier du ministère de l’Intérieur du Hamas, chargé de la protection des personnalités, était vraisemblablement visé par la frappe. « C’était un jeune homme gentil, un exemple de moralité et de droiture. Tout le monde l’aimait », se souvient Abou Ahmad el-Dallou.


« Le massacre de la famille el-Dallou ne restera pas impuni », ont averti les Brigades Ezzedine el-Qassam, la branche armée du mouvement Hamas qui gouverne la bande de Gaza. « Ce massacre prouve que l’occupant se venge sur les civils de son échec militaire. Les Israéliens vont payer », a renchéri un porte-parole du mouvement, Sami Abou Zouhri.

Au moins 29 morts
En tout et pour tout, vingt-neuf Palestiniens ont été tués hier, au cours de la journée la plus meurtrière de l’offensive israélienne commencée il y a cinq jours, alors que la veille, les raids avaient fait seize morts. Depuis le déclenchement mercredi de l’offensive israélienne « Pilier de défense », avec l’assassinat à Gaza du chef des opérations militaires du Hamas, Ahmad Jaabari, 72 personnes ont été tuées, 69 Palestiniens et trois Israéliens.


Dans la matinée déjà, six Palestiniens, dont quatre enfants, ont trouvé la mort, dont un frère et une sœur de 3 et 1 an dans le nord, ainsi qu’un enfant de 18 mois, dans le centre. Et dans l’après-midi et en soirée, huit hommes et un enfant ont été tués dans une série de raids israéliens sur le nord et le centre du territoire palestinien.

 

 

View Tirs de roquettes palestiniennes sur Israël in a larger map


En outre, après le siège du gouvernement du Hamas, complètement détruit samedi, l’aviation israélienne a visé à l’aube deux centres de presse à Gaza, blessant au moins huit journalistes palestiniens, dont l’un a perdu une jambe, après que la marine israélienne, positionnée au large de l’enclave, eut bombardé intensivement la ville de Gaza dans la nuit, selon des journalistes de l’AFP sur place. D’ailleurs, la chaîne publique russe Russia Today (RT) a annoncé hier que le bureau à Gaza de son antenne en langue arabe avait été détruit dans le raid, sans faire de victime dans son équipe. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a immédiatement violemment condamné les frappes israéliennes.

Iron Dome
Côté israélien, pour la quatrième journée consécutive, les sirènes d’alerte ont retenti à Tel-Aviv. La police a ensuite annoncé que deux roquettes avaient été interceptées par le système antimissile Iron Dome. Sept Israéliens ont été blessés. Un bâtiment de quatre étages a été touché de plein fouet. Au moins 846 roquettes ont été tirées depuis mercredi sur Israël, dont 302 ont été interceptées par Iron Dome, selon l’armée israélienne. Israël a mobilisé des milliers de réservistes et déployé des transports de troupes blindés, des bulldozers et des chars à la frontière avec la bande de Gaza.

 

(Repère : Iron Dome : chaque tir de batterie Iron Dome revient à environ 50.000 dollars)


En attendant, plus de la moitié des Palestiniens tués sont des civils, selon des sources médicales et des organisations de défense des droits de l’homme. Les seules victimes israéliennes depuis le début des raids sont trois Israéliens, des civils, qui ont péri jeudi dans un tir de roquette dans le sud d’Israël. Par ailleurs, le Maroc a annoncé hier la mise à disposition « immédiate » d’un hôpital de campagne dans la bande de Gaza, afin de « renforcer les capacités médicales existantes » pour venir en aide à la population palestinienne, condamnant à nouveau une « agression militaire » d’Israël.

 

Lire aussi

Les surprises de Gaza, l'éclairage de Scarlett Haddad


A la Ligue arabe, le Liban propose, les ministres arabes... disposent, de Khalil Fleyhan

 

Avec Fajr 5, les Palestiniens ont « repris l’initiative » militaire à Gaza, estime le Hezbollah

« C’est Mohammad, il est vivant », hurle Khalil, au moment où les secouristes extraient le cadavre d’un jeune homme des décombres de sa maison à Gaza, détruite par une frappe aérienne israélienne qui a anéanti la famille el-Dallou. Khalil el-Dallou éclate en sanglots lorsqu’un secouriste lui apprend le « martyre » de son cousin Mohammad, 35 ans, dont le corps est transporté...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut