Rechercher
Rechercher

À La Une - Révolte

La nouvelle coalition syrienne, futur gouvernement?

Les États-Unis emboîtent le pas à Paris ; les rebelles veulent des actes et non des paroles ; au moins 147 tués hier.

Un rebelle tente tant bien que mal de résister aux forces de sécurité à Alep. Javier Manzano/AFP

La France a été hier la première puissance occidentale à reconnaître la nouvelle coalition de l’opposition syrienne. « La France reconnaît la coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement provisoire de la Syrie démocratique permettant d’en terminer avec le régime de Bachar el-Assad », a ainsi déclaré le président français François Hollande.


Alors que l’Occident refusait jusqu’à présent d’armer l’opposition arguant notamment de son manque d’unité, M. Hollande a indiqué que la question de la livraison d’armes allait être « nécessairement reposée ». Rappelant qu’une intervention armée internationale n’était pas envisagée en raison des divisions au sein du Conseil de sécurité, Pékin et Moscou y étant opposés, il a estimé que l’ONU devait « faire en sorte de sanctuariser » les zones contrôlées par les autorités provisoires, où se trouvent des déplacés. « Partout où des zones libérées ont pu être constituées (...), elles devront être protégées », a-t-il dit sans plus de précisions.

« Armes appropriées »
Un peu plus tôt au Caire, où l’Union européenne réunie avec la Ligue arabe avait salué la nouvelle instance, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius avait appelé la communauté internationale à reconnaître la coalition. Le chef de la diplomatie britannique William Hague avait dit de son côté vouloir attendre de voir l’étendue de la représentativité de la coalition avant d’aller vers une reconnaissance. Washington, qui a multiplié les appels à cette union, lui a promis son soutien et estimé également qu’elle était « une représentante légitime du peuple syrien », tandis que Moscou, grand allié de Damas, réitérait son appel au dialogue avec M. Assad, option déjà rejetée par les opposants qui exigent le départ du chef d’État.


En attendant, les chefs de la diplomatie de Russie et des pays du Golfe s’entretiendront d’ailleurs aujourd’hui à Riyad de la transition politique en Syrie. Et du côté du Saint-Siège, on estime avec prudence que l’accord entre les forces de l’opposition syrienne est à même de faciliter une négociation de paix, solution toujours privilégiée par le pape. Quant aux monarchies du Golfe, fervent soutien de la rébellion, elles ont formellement reconnu la nouvelle coalition comme « représentant légitime du peuple syrien », la Ligue arabe se contentant de la qualifier de « principal interlocuteur ». L’Iran, allié régional de Damas également en faveur d’une solution politique, a de son côté annoncé la tenue dimanche à Téhéran d’un « dialogue national » entre des représentants du gouvernement syrien et des « représentants de tribus, de partis politiques, de minorités et de l’opposition », sans dire à quelle opposition il faisait référence.
Après 20 mois de conflit sanglant, le chef de la coalition, Ahmad Moaz al-Khatib, a demandé à la communauté internationale des « armes appropriées » pour que la rébellion puisse « mettre fin à la souffrance des Syriens et à l’effusion de sang ». Il s’exprimait depuis Le Caire, où l’Union européenne, réunie avec la Ligue arabe, a salué la formation de la nouvelle coalition.

Ras el-Aïn
Sur le terrain, les rebelles semblaient faire peu de cas de l’unification de l’opposition et du soutien apporté par les pays du Golfe et de l’Occident, et réclamaient des actes et non des paroles. « Nous voulons juste des armes et de l’argent. Nous n’avons besoin de rien d’autre de leur part, nous sommes en mesure de résoudre nos problèmes nous-mêmes », a ainsi déclaré Abdul Latif, un membre de l’Armée syrienne libre (ASL), dans le nord du pays.


De nouveaux combats meurtriers ont opposé hier rebelles et soldats, le bilan des victimes étant encore très lourd hier, avec au moins 147 tués, selon la chaîne satellitaire al-Jazira. Une quarantaine de personnes, pour moitié des civils, ont ainsi péri à Damas et dans sa région, pilonnée par l’armée du régime, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Au moins dix soldats et un rebelle ont par ailleurs été tués lors de combats dans le village de Kharbou, dans la Ghouta orientale, la campagne qui borde Damas.


À Daraya, plus au Sud, un rebelle et six civils ont été tués quand l’armée a répliqué par des tirs d’artillerie à un assaut de la rébellion contre des barrages militaires. Dans une autre banlieue, Zamalka, la télévision d’État a affirmé que les forces de sécurité avaient tué une « bande terroriste armée ». Parallèlement, l’agence officielle SANA a indiqué qu’un attentat à la voiture avait blessé plusieurs civils et provoqué d’importants dégâts à Aïn al-Fijé, au nord-ouest de Damas, sans plus de précision.


À Ras el-Aïn, ville frontalière du Nord-Est kurde, l’aviation a en outre bombardé les rebelles qui essuyaient également d’importants tirs d’artillerie, a indiqué l’OSDH, précisant qu’un millier de soldats avaient été dépêchés dans la journée dans la ville. Ailleurs dans le pays, l’armée continuait de pilonner les provinces de Deraa, Homs et Idleb.
Par ailleurs, le gouverneur de la province de Raqa a été grièvement blessé dans un attentat qui a coûté la vie à deux autres personnes.

Déplacés internes
Sur le plan humanitaire, le Croissant-Rouge syrien a estimé qu’il y a deux millions et demi de déplacés à l’intérieur même du pays, soit plus du double que l’estimation habituelle de l’ONU. L’aggravation des conditions de sécurité en Syrie a conduit à l’évacuation de personnels opérant dans des zones considérées jusque-là comme sûres, a par ailleurs indiqué à Genève le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies.

 

Reportage

Le roi de la nuit à Damas s’appelle Jean-Luc Duthion...

La France a été hier la première puissance occidentale à reconnaître la nouvelle coalition de l’opposition syrienne. « La France reconnaît la coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement provisoire de la Syrie démocratique permettant d’en terminer avec le régime de Bachar el-Assad », a ainsi déclaré le président...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut