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À La Une - Turquie

Erdogan évoque un rétablissement de la peine de mort

Des commentateurs accusent le Premier ministre de recourir au populisme en prévision de la présidentielle.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, n'a pas exclu, dimanche, un rétablissement de la peine de mort. AFP/Adrian Dennis/Files

Dix ans après l'avoir abolie dans l'optique d'une adhésion à l'Union européenne, la Turquie envisage de rétablir la peine de mort, a déclaré le Premier ministre Tayyip Erdogan.

 

Le chef du gouvernement sera probablement candidat lors de l'élection présidentielle de 2014 et une telle prise de position pourrait lui attirer les suffrages d'électeurs de plus en plus sceptiques quant au bien-fondé d'une entrée dans l'Europe.

Plusieurs commentateurs accusent d'ailleurs le Premier ministre de recourir au populisme en prévision du scrutin présidentiel. "Il est probable que l'entourage du Premier ministre, instruit par les derniers sondages de l'état de l'opinion, lui a conseillé d'adopter une position favorable à la peine de mort, qui servirait ses desseins présidentiels", écrit lundi dans le quotidien Hurriyet l'éditorialiste Yusuf Kanli.

 

Sa déclaration, faite dimanche lors d'une intervention publique à Ankara, coïncide également avec un regain de violence de la part des séparatistes kurdes.

"Face aux morts, aux assassinats, la peine de mort devrait si nécessaire être remise sur la table (des discussions)", a déclaré le chef du gouvernement d'obédience islamiste.

"Le pouvoir (de pardonner un meurtrier, ndlr) appartient à la famille de la victime, pas à nous. Nous devons faire les ajustements nécessaires", a-t-il poursuivi, avant d'ajouter, selon l'agence de presse Anatolie : "La peine de mort existe aux Etats-Unis, en Russie, en Chine, au Japon (...) Donc nous devons réévaluer notre position".

 

M. Erdogan a également évoqué le soutien populaire d'une telle mesure au regard du cas du chef rebelle kurde emprisonné Abdullah Öcalan. "Aujourd'hui, de nombreuses personnes sont favorables à un rétablissement de la peine de mort, selon les sondages, parce que les parents des morts souffrent pendant que d'autres font la fête en mangeant des kebabs", a-t-il déclaré, en référence au leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et à ses partisans.

 

Sa suggestion d'inscrire ce sujet à l'agenda du parlement intervient en pleine grève de la faim de quelque 700 détenus kurdes dans les prisons turques. Ils réclament une amélioration des conditions d'incarcération d'Abdullah Öcalan, placé à l'isolement depuis un an et demi.

Abdullah Öcalan a été arrêté et condamné à mort pour trahison en 1999, une peine commuée en réclusion à perpétuité en octobre 2002 après l'abolition de la peine de mort par la Turquie, sous la pression de l'Union européenne, dont Ankara souhaite devenir membre.

 

La Turquie avait annoncé l'abolition de la peine de mort en 2002, une mesure qui est devenue effective en 2004, deux ans après l'arrivée au pouvoir de l'AKP, le parti de Tayyip Erdogan.

 

L'abolition de la peine capitale constitue un préalable à l'adhésion à l'UE. Mais les négociations entre la Turquie et le bloc européen sont pratiquement au point mort depuis des années.

 

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