Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Calme précaire à Saïda, les deux partisans d'Assir enterrés "Rond-point de la dignité"

"Le sang des martyrs, une fierté pour la nation musulmane", dit Assir lors des funérailles de ses partisans tués dimanche lors d’affrontements avec des membres du Hezbollah.

Le cheikh salafiste Ahmad el-Assir (gauche) lors des funérailles de deux de ses partisans à Saïda (Liban-Sud) le 12 novembre 2012. AFP/MAHMOUD ZAYYAT

Des centaines de partisans d'Ahmad el-Assir ont participé lundi à Saïda (Liban-sud) aux funérailles des deux partisans du cheikh salafiste tués dimanche lors de violents accrochages avec des membres du Hezbollah.
Après les funérailles à la mosquée Bilal ben Rabah, les deux hommes ont été enterrés en pleine ville, "Rond-point al-Karama".


L'armée libanaise a renforcé sa présence dans la ville pour ces funérailles, alors qu'une vingtaine de salafistes armés dont certains étaient masqués, patrouillaient le quartier, selon la chaîne de télévision libanaise LBC.

Les accrochages entre les partisans sunnites du cheikh Assir et ceux, chiites, du Hezbollah ont éclaté dimanche dans le quartier d’al-Taamir (bastion du Hezbollah), non loin du camp de réfugiés palestiniens d'Aïn el-Héloué. Les affrontements ont fait trois morts.

L'une des victimes, Loubnan el-Izza, a d'abord été présenté comme le garde du corps de cheikh el-Assir. Mais le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a précisé ensuite que cet homme est ingénieur et fils d’un lieutenant des Forces de sécurité intérieure qu’il connaît bien. "Il était proche du courant d’al-Assir mais n’était pas son garde du corps", a-t-il affirmé. La deuxième victime, Ali Samhoun, est également un partisan du cheikh Assir alors que la troisième est un Egyptien qui se trouvait sur les lieux par hasard sur les lieux des affrontements, Ali Charbini, âgé de seulement 16 ans.

Sept personnes ont également été blessées, parmi lesquelles un cadre local du Hezbollah, Zeid Daher (grièvement blessé), et son second, un militant de la famille Dirani.


"Que Dieu te maudisse (Hassan) Nasrallah (secrétaire général du Hezbollah), Félicitations à nos martyrs", ont scandé les partisans du cheikh salafiste lors de l'enterrement de Loubnan el-Izza et de Ali Samhoun. Cheikh Assir a ensuite pris la parole et affirmé que le sang des martyrs est une source de fierté pour la nation musulmane. 

"Félicitations mes frères (...), Dieu vous a choisis pour être les martyrs de la nation", a lancé le cheikh salafiste, en larmes. Et d'ajouter : "Loubnan (el-Izza) s'est marié il y a quelques jours et il a refusé de rentrer chez sa femme avant de manifester avec nous, ici, au rond point de la dignité. Ali était un ingénieur, il refusait de rentrer chez lui après son travail uniquement pour manifester avec ses frères".

 



Des partisans armés du cheikh salafiste Ahmad el-Assir lors des funérailles
de deux de ses partisans à Saïda. REUTERS/Ali Hashisho

L'imam de la mosquée Bilal ben Rabah a appelé ses partisans à prier pour les martyrs qui sont une source de fierté pour la Oumma, la nation musulmane, "c'est pour cette raison que nous avons décidé de les enterrer ici, sur le rond point de la dignité", a-t-il poursuivi.

Un calme précaire régnait lundi dans la grande ville du Liban-Sud, où l’armée s'est déployée en force dès dimanche et a renforcé ses contrôles afin d'éviter toute dégradation de la situation sécuritaire. Les écoles et les commerces ont fermé leurs portes en signe de deuil, ont rapporté les médias.


Sleiman met en garde contre la dissension

A Baabda, le président de la République Michel Sleiman a mis en garde contre le danger de la dissension au Liban, dans un discours diffusé par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). "Les conséquences et l'impact de la dissension sur la stabilité et la paix civile vont à l'encontre de la déclaration de Baabda selon laquelle le Liban doit rester à l'écart des conflits externes et que les partis politiques opter pour la modération dans leurs discours afin de ramener le calme (...)", a affirmé M. Sleiman.

Le chef de l'Etat a également appelé les autorités à prendre les mesures nécessaires afin de contenir la situation et d'arrêter les responsables des affrontements meurtriers de Saïda, selon l'ANI.

Ce matin, le ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui, avait appelé, dans un entretien à la Voix du Liban (100.5), à soutenir les forces de sécurité libanaises pour rétablir le calme. Le député des Forces libanaises (FL), Antoine Zahra, s'était quant à lui prononcé en faveur du "désarmement" de toutes les milices.



Cheikh Assir et ses partisans lors des funérailles à Saïda. REUTERS/Ali Hashisho

Ultimatum

Une histoire d'affiches serait à l'origine des affrontements de dimanche. Les partisans du Hezbollah auraient refusé d’obtempérer à un ultimatum lancé par cheikh Assir, leur demandant d’enlever toutes les affiches à la gloire du mouvement chiite. Les partisans du cheikh sunnite auraient alors déchiré un portrait du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, déclenchant ainsi les affrontements avec les militants du Hezb.

 

Les violences se sont alors étendues. Des tirs ont été rapportés dans les environs du domicile de cheikh Maher Hammoud, place al-Qods à Saïda, touchant également le restaurant de l’un des proches d’al-Assir sur la même place. Des tirs ont également été échangés dans le quartier de Abra, après la mort d’une troisième personne. Tout l'après-midi et toute la soirée ont été ponctués d'accrochages à intervalles réguliers, parallèlement au déploiement de l'armée.

 

Multipliant les patrouilles blindées sur le terrain, l’armée a établi, dimanche, des barrages et bloqué la route menant à l’épicentre des heurts. Les unités militaires ont intensifié les perquisitions et les poursuites à la recherche des personnes impliquées dans les incidents. Les forces spéciales auraient, entre autres, encerclé la maison du chanteur Fadl Chaker (récemment reconverti au salafisme et ayant pris part plus d’une fois aux manifestations menées par cheikh al-Assir), située avenue Nabih Berry, limitrophe de Haret Saïda.

 

Le déploiement immédiat de l’armée a coïncidé avec l’appel au calme lancé par le Premier ministre Nagib Mikati, qui a enjoint au ministre de l’Intérieur de réunir d’urgence le conseil sécuritaire du Liban-Sud. "J’appelle toutes les parties à l’autodiscipline et à empêcher tout acte susceptible de provoquer des incidents sécuritaires, a déclaré le Premier ministre dimanche. Les forces sécuritaires protégeront les citoyens d’une manière très stricte et seront intransigeantes dans la poursuite des coupables", a-t-il encore prévenu.

 

 

Pour mémoire

El-Assir : Il faut une intifada contre les armes du Hezbollah


Charbel et el-Assir annoncent ensemble la levée du sit-in contre les armes à Saïda

 

Sous la tente d'el-Assir, à Saïda

 

Des centaines de partisans d'Ahmad el-Assir ont participé lundi à Saïda (Liban-sud) aux funérailles des deux partisans du cheikh salafiste tués dimanche lors de violents accrochages avec des membres du Hezbollah.Après les funérailles à la mosquée Bilal ben Rabah, les deux hommes ont été enterrés en pleine ville, "Rond-point al-Karama".
L'armée libanaise a renforcé sa présence dans...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut