Damas a vivement réagi jeudi aux propos du chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi qui a estimé que le régime de Bachar el-Assad ne se maintiendrait pas longtemps, l'accusant de participer à un projet "terroriste" de "destruction" de la Syrie.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Jihad Makdissi, cité par l'agence officielle Sana, a souligné que M. Arabi a tenu ses propos avant de se rendre à une réunion de l'opposition syrienne au Qatar, un pays qualifié de "fer de lance de l'opération criminelle visant à faire couler le sang du peuple syrien". Cette déclaration fait du secrétaire général de l'organisation panarabe "un partenaire, un commanditaire et un outil" du projet "terroriste" visant "la destruction" de la Syrie, a-t-il poursuivi.
Depuis le début mi-mars 2011 d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile, Damas assimile la rébellion à des "bandes terroristes armées" financées par l'étranger, notamment les pays du Golfe comme l'Arabie saoudite et le Qatar. M. Arabi participait jeudi à une conférence à Doha visant à unifier les rangs de l'opposition syrienne. A la veille de l'ouverture de ce congrès, il avait estimé qu'il était "important d'unifier les points de vue de l'opposition, d'autant plus que tout le monde sait que le régime en Syrie ne restera pas longtemps (au pouvoir)".
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Assad veut "vivre et mourir" en Syrie
Mais le président Bachar el-Assad, inflexible après 20 mois d'un conflit dévastateur, a exclu tout départ du pouvoir, dans des déclarations diffusées jeudi. "Je ne suis pas une marionnette (...) Je suis syrien et je dois donc vivre et mourir en Syrie", a déclaré M. Assad à télévision russe Russia Today qui en a diffusé des extraits.
L'Occident, la Turquie et de nombreux pays arabes appellent depuis des mois au départ de M. Assad afin de mettre fin à la guerre qui a fait plus de 37.000 morts selon une ONG syrienne et poussé à la fuite des centaines de milliers de personnes depuis le 15 mars 2011.
Mardi, le Premier ministre britannique David Cameron s'est dit favorable à une sortie sécurisée de M. Assad si cela pouvait mettre fin à l'effusion de sang, alors que l'opposition syrienne écarte tout dialogue politique avant un départ du président. A l'inverse, les alliés iranien, russe et chinois de M. Assad rejettent toute ingérence en Syrie et soutiennent un règlement entre Syriens.
Même si une intervention étrangère n'est pas envisagée, malgré les appels de l'opposition en ce sens, M. Assad a averti qu'elle entraînerait "un effet domino" qui affecterait "le monde de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique".
Présentant son pays comme le "dernier bastion de la laïcité, de la stabilité et de la coexistence dans la région", il a estimé que "le coût d'une invasion étrangère de Syrie, si elle avait lieu, sera tel que le monde entier ne sera pas en mesure de l'assumer". "Je ne pense pas que l'Occident aille dans cette direction, mais s'il le fait, personne ne peut prédire ce qui se passera après", a encore averti le président syrien arrivé au pouvoir en 2000, succédant à son père Hafez el-Assad décédé.
Les déclarations de M. Assad sont rares depuis le début du conflit déclenché par la répression brutale d'un mouvement de contestation pacifique réclamant des réformes démocratiques dans le pays gouverné d'une main de fer par le clan Assad depuis quatre décennies. Face à la répression, la contestation s'est militarisée, des civils rejoignant les rangs de la rébellion aux côtés de déserteurs. Les rebelles sont désormais épaulés par des extrémistes sunnites pour certains venus de l'étranger combattre le régime issu de la minorité alaouite, une branche de l'islam chiite.
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Damas bombardée
Mettant à profit son principal atout, l'aviation, le régime a poursuivi ses raids, larguant des bombes sur Alep (nord), selon des habitants.
A Damas, où les attaques se sont multipliées notamment contre les zones alaouites, plusieurs roquettes sont tombées et des combats avaient lieu dans le quartier de Mazzé, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Je n'en peux plus. Chaque trajet est un calvaire car, il y a sept points de contrôle et sur le chemin, je risque d'être tuée ou enlevée contre une rançon ou pour des motifs confessionnels", dit Amira, cadre dans un ministère à Damas.
Selon un bilan provisoire de l'OSDH, 46 personnes ont péri jeudi, alors que les violences font des dizaines de morts chaque jour.
Devant l'escalade, le président du CICR, Peter Maurer, a déclaré que son organisation ne pouvait "pas développer (ses) opérations suffisamment vite face à l'aggravation de la situation humanitaire". "Les combats se développent et il y a donc plus de blessés, plus de situations de crise. Il y a beaucoup de points blancs où aucune aide ne parvient", a-t-il dit en citant Alep.
Plusieurs bastions rebelles, notamment Homs (centre), sont assiégés depuis des mois et les militants affirment que la situation humanitaire y est intenable.
Tensions à la frontière avec la Turquie
Jeudi, des combats entre soldats et rebelles syriens aux abords du poste-frontière de Rass al-Aïn vers la Turquie, dans le nord-est kurde de la Syrie, ont fait 26 morts, dont 10 rebelles et 16 soldats, a indiqué l'OSDH.
Les médias turcs ont en outre rapporté que cinq civils turcs ont été blessés par des balles perdues en marge de ces combats à Rass al-Aïn, l'un des derniers points de passage vers la Turquie à n'être pas encore tombé aux mains des insurgés.
Ce matin, le président turc Abdullah Gül a assuré que son pays se réservait le droit de se doter de tout type d'armes afin d'assurer sa défense. M. Gül a tenu ces propos lorsqu'il était interrogé par la presse sur les discussions entre la Turquie et l'Otan sur un éventuel déploiement de batteries de missiles sol-air et antimissiles Patriot sur son sol, dans un contexte d'aggravation du conflit en Syrie. "Les Patriot (...) sont discutés au sein de l'Otan. Il n'est que naturel pour nous de prendre toutes les mesures nécessaires pour notre propre défense", a-t-il dit.
Excluant toute volonté de la Turquie "de faire la guerre avec la Syrie", il a néanmoins mis en garde ce pays contre toute attitude "insensée" pouvant viser le territoire turc.
Toujours en Turquie, pour la deuxième fois en moins d'un mois, un avion arménien transportant de l'aide humanitaire pour Alep, la métropole commerçante du Nord, où réside une importante communauté arménienne, a été contraint d'atterrir pour une fouille de sa cargaison, a rapporté l'agence Anatolie.
Reportage
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CHEF ? Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL....
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
09 h 35, le 09 novembre 2012