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À La Une - Salon du livre

Goncourt : le carré final annoncé à Beyrouth

Ils sont apparus comme une bande d’amis un peu taquins, un brin râleurs, mais passionnés de lecture et grands amis des libraires. Six académiciens Goncourt, emmenés par leur présidente Edmonde Charles-Roux, en visite au Salon du livre francophone, ont annoncé hier, depuis Beyrouth, le carré final de ce prestigieux prix littéraire décerné le 7 novembre.

Rencontre avec le public libanais : Tahar Ben Jalloun, Pierre Assouline, Edmonde Charles-Roux, Bernard Pivot, Gérard Meudal, Didier Decoin, Régis Debré et Marie Dabadie (secrétaire du Goncourt). Photo Michel Sayegh

Les académiciens Tahar Ben Jelloun, Didier Decoin, Pierre Assouline, Bernard Pivot et Régis Debray, y compris leur présidente Edmonde Charles-Roux, 92 ans, sont arrivés lundi au Liban et repartiront demain jeudi pour une visite qu’ils qualifient eux-mêmes « d’acte de foi dans le Liban et dans le livre, pour ce pays qui a vu la naissance de l’alphabet latin ». « C’est un geste de profonde amitié, surtout après les derniers bouleversements tragiques, a affirmé Charles-Roux. Au lieu de nous décourager à venir, nous sommes venus plus vite et plus nombreux... Rien ne peut nous séparer de vous, de votre pays », a ajouté la présidente de l’Académie Goncourt.


Sur les neuf « couverts » du jury (ils sont traditionnellement dix, mais le siège de Robert Sabatier, décédé en juin 2012, reste vacant pour le moment), seuls Philippe Claudel, actuellement en tournage, Françoise Chandernagor, privée de voyage pour raisons de santé, et Patrick Rambaud n’ont pas fait le déplacement. Mais leurs votes ont été enregistrés en bonne et due forme. Les quatre « survivants » sélectionnés sont donc :


Patrick Deville pour Peste et choléra (Seuil), récit de la vie d’un homme qui a consacré son existence au progrès dans tous les domaines qu’il a explorés, Alexandre Yersin. Cette « leçon d’écriture et de littérature », déjà récompensée du prix du roman FNAC, ferait un successeur idéal à L’Art français de la guerre, d’Alexis Jenni, dont il partage de magnifiques pages sur l’Indochine. Autre favori, Joël Dicker, jeune romancier suisse déjà lauréat du Grand Prix du roman de l’Académie française pour La Vérité sur l’affaire Harry Québert (Fallois). Mais comme l’a rappelé Bernard Pivot, un doublé Goncourt-Académie n’est jamais à exclure : la preuve, Jonathan Littell et Patrick Rambaud l’ont fait, dans le temps.


Également sur la liste : Jérôme Ferrari pour Le Sermon sur la chute de Rome (Actes Sud), magnifique recréation de la tragédie humaine dans un bar corse, et Linda Lê pour Lame de fond (Bourgois) qui lie l’intime au familial et qui permettrait au Goncourt de récompenser à nouveau une femme, trois ans après Marie NDiaye pour Trois Femmes puissantes.

Délibérations et débats
Après ses délibérations tenues à la Résidence des Pins (magnifique demeure de l’ambassadeur de France), le jury s’est rendu à Aïn Mreissé, où il a pris le déjeuner au ras des vagues, sur le site de l’ancien et légendaire café d’el-Izez, devenu par la suite Café d’Orient puis Dirwandi.


Direction le BIEL, ensuite, où se déroule le Salon du livre francophone pour une rencontre avec les « lecteurs libanais » (venus nombreux), au cours de laquelle les six académiciens ont évoqué les quatre ouvrages en lice. Le débat, mené par l’incontournable journaliste Gérard Meudal, a abordé également la « mission » d’un académicien, celle de promouvoir en premier lieu la lecture, mais aussi de participer à la défense des librairies, qui sont les soldats inconnus.


Comme se sont empressés de le souligner les observateurs, il n’y a aucun roman Grasset ni Gallimard dans ce cru 2012, qui fait la part belle à deux petits éditeurs et à deux groupes (La Martinière et Actes Sud).
« Pas une fois nous n’avons évoqué les éditeurs, a même affirmé Pierre Assouline à l’AFP, la question ne s’est même pas posée. »


Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, la présidente du jury a affirmé que les débats ont été très vifs cette fois-ci. Ne voulant pas dévoiler le nom d’un favori, elle a quand même laissé entendre que la « bataille » oppose deux auteurs. Deville vs Dicker, alors ?


Bernard Pivot aurait dévoilé, sur Twitter, ses préférences.


Quant à Pierre Assouline, il a déjà évoqué ses coups de cœur sur son blog.


« Ceux qui croient se lancer dans la lecture d’un grand roman américain relevant du brillant exercice de style finissent par rendre les armes et convenir in fine qu’il s’agit en fait d’un grand roman sur l’Amérique », a-t-il écrit à propos de La Vérité sur l’affaire Harry Québert. Lors du débat au Salon du livre, quatre académiciens ont défendu l’ouvrage de Joël Dicker. Indices ou diversion ?


On ne saura rien avant la semaine prochaine. En attendant, histoire de freiner son impatience, rendez-vous aujourd’hui au Salon à 13h pour la proclamation du prix « Liste Goncourt/Le Choix de l’Orient », en présence de la présidente de l’Académie Goncourt, Edmonde Charles-Roux.


Rappelons que ce prix littéraire, lancé par l’Institut français du Liban et le Bureau Moyen-Orient de l’Agence universitaire de la francophonie, ayant fait participer des étudiants de 13 universités membres de l’AUF issues de 5 pays du Moyen-Orient (Égypte, Irak, Liban, Palestine, Syrie), s’est basé sur la liste de huit finalistes du Goncourt.
L’annonce du lauréat sera précédée bien évidemment par une délibération à huis clos (selon la procédure de l’Académie Goncourt à bulletins secrets), sous la présidence de Hyam Yared, romancière épaulée par le vice-président Iskandar Habache, poète et journaliste, avec les 19 étudiants présidents du jury de leurs universités. Suivra un débat public entre le grand jury étudiant et les membres de l’Académie Goncourt, modéré par Hiam Yared.

 

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