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À La Une - Conflit

Syrie : armée et rebelles annoncent une trêve pour l'Aïd Al-Adha

Les deux parties se réservent toutefois "le droit de risposter"; le HCR prêt à envoyer une aide à des milliers de Syriens si le projet de cessez-le-feu entre en vigueur.

Des rebelles syriens, le 22 octobre, à Idleb en Syrie. Muhammad Najdat Qadour/Shaam News Network/Handout/

Le régime et les rebelles en Syrie ont accepté jeudi d'observer un cessez-le-feu pendant quatre jours à partir de vendredi pendant la fête musulmane de l'Adha mais le succès de cette trêve, âprement négociée par l'émissaire de l'ONU, semble incertain.

 

L'armée a annoncé en soirée qu'elle suspendrait ses opérations militaires pour la fête du sacrifice, mais qu'elle répondrait "si les groupes terroristes armés continuent à tirer sur les civils et les forces gouvernementales (...) ou à utiliser des voitures piégées et des bombes". Le régime assimile rebelles et opposants à des "terroristes".


De leur côté, les insurgés, qui avaient déjà donné leur accord au cessez-le-feu proposé par Lakdhar Brahimi, se sont engagés à faire taire leurs armes tout en menaçant les troupes régulières de réponses vigoureuses à toute violation.
"Nous allons respecter le cessez-le-feu à partir de vendredi si l'armée syrienne en fait autant. Mais si elle tire une seule balle, nous répondrons avec cent balles", a affirmé à l'AFP le général Moustapha al-Cheikh, chef du commandement militaire supérieur de l'Armée syrienne libre (ASL).


Il a toutefois admis ne pas parler au nom de tous les mouvements insurgés. De fait, le Front islamiste Al-Nosra, qui a revendiqué de nombreux attentats en Syrie, avait rejeté la trêve dès mercredi.

 

Face au succès incertain du cessez-le-feu au vu de la "méfiance" entre les deux camps, l'ONU a dit espérer "de tout coeur" qu'il tienne, selon Martin Nesirky, le porte-parole de son chef Ban Ki-moon. La diplomatie américaine a de son côté dit "espérer" que l'accord soit respecté des deux côtés et suivi d'effets.

 

L'Iran, allié majeur du régime syrien dans la région, a pour sa part "salué" la trêve annoncée, la qualifiant de "pas positif", selon le site internet de la télévision publique.

 

S'il est effectivement mis en place, il s'agira du premier cessez-le-feu respecté en Syrie, en proie depuis la mi-mars 2011 à une révolte populaire devenue conflit armé face à la répression.

Le 12 avril, un cessez-le-feu proclamé à l'initiative de Kofi Annan, le prédécesseur de M. Brahimi, et pour lequel les deux belligérants avaient donné leur accord, avait volé en éclats au bout de quelques heures, même si les combats avaient baissé en intensité.

 

S'adressant mercredi par vidéoconférence aux ambassadeurs des 15 membres du Conseil de sécurité, l'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU a souligné que le cessez-le-feu, s'il était respecté, serait un "petit pas" pouvant mener à l'ouverture d'un dialogue politique et à un meilleur accès humanitaire.

Mais après 19 mois d'un conflit ayant fait plus de 35.000 morts selon une ONG syrienne, la méfiance entre les deux camps est telle que M. Brahimi a déclaré "ne pas pouvoir être sûr que la trêve tiendra", selon un diplomate présent lors du compte-rendu.

 

Le cessez-le-feu apporterait en tout cas un peu de répit à une population déjà durement éprouvée par les violences.

Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) s'est dit prêt à envoyer, en cas de trêve, des colis d'aide à des milliers de familles dans des endroits jusqu'à présent inaccessibles.

 

 

Les rebelles marquent des points

Sur le terrain, les rebelles ont élargi jeudi leur emprise sur Alep, la deuxième ville de Syrie en proie à des combats acharnés depuis plus de trois mois.

 

Selon les résidents d'Achrafiyé, un quartier à majorité kurde dans le nord de la ville, près de 200 rebelles ont pénétré à l'aube dans ce secteur jusqu'à présent épargné par les combats et où vivent de nombreux réfugiés. Selon un accord tacite, ni les rebelles, ni l'armée n'avaient jusqu'alors de présence à Achrafiyé, contrôlé par les forces kurdes.

 

"Des tireurs embusqués se sont installés dans des immeubles et une cinquantaine d'hommes armés, vêtus de noir et portant sur le front des bandeaux avec des mots d'ordre islamiques, sont entrés dans une école près de chez moi", a affirmé un habitant. "Je les ai entendus dire à des habitants: +Nous sommes venus pour passer l'Aïd chez vous+", a-t-il ajouté. L'Aïd al-Adha est l'une des fêtes musulmanes les plus sacrées.

 

A environ 200 km à l'est d'Alep, les rebelles se sont emparés d'une position de l'armée qu'ils assiégeaient depuis plusieurs jours à Raqa, tuant trois soldats et récupérant des armes ainsi qu'un char, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

Dans la province de Damas, l'armée, qui tente de reprendre du terrain, a bombardé Harasta et ses environs, tandis que des combats se déroulaient dans le sud de la capitale.

 

Dans la même province, un prêtre qui négociait la libération d'un médecin chrétien a été retrouvé égorgé, selon des habitants et le patriarcat orthodoxe.

 

(Lire aussi : Un prêtre égorgé près de Damas)

 

A travers le pays, les violences ont fait 100 morts -43 civils, 37 soldats et 20 rebelles- selon l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de témoins.

 

Sur le plan diplomatique, la Russie, allié de poids de Damas, a accusé les Etats-Unis de coordonner les livraisons d'armes aux rebelles, alors que Washington assure ne pas leur fournir d'aide militaire.

"Les Etats-Unis (...) assurent la coordination et une assistance logistique" des livraisons d'armes à des "groupes armés illégaux", ont affirmé les Affaires étrangères russes.

 


Del Ponte veut identifier les "hauts responsables" des crimes

Pour sa part, la nouvelle commissaire de l'ONU chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'Homme en Syrie, Carla del Ponte, a dit vouloir identifier les "hauts responsables" des crimes de guerre et contre l'humanité, tandis que la Commission attend toujours d'être reçue à Damas.

"Ma tâche principale sera de continuer l'enquête (...), et de déterminer les hauts responsables politiques et militaires de ces crimes", a déclaré la Suissesse aux médias à Genève.

 

L'ancienne procureur général du TPIY, qui a acquis une solide réputation pour sa chasse aux criminels de guerre au Rwanda et en ex-Yougoslavie, a par ailleurs estimé qu'il s'agissait "sûrement" de crimes internationaux, comme dans d'autres pays sur lesquels elle avait enquêté. "La similarité bien sûr est liée au fait que nous faisons face aux mêmes crimes, sûrement des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre", a-t-elle dit.

 

Nommée le 28 septembre membre de la Commission d'enquête de l'ONU sur les crimes en Syrie, Mme del Ponte ne s'était pas encore exprimée sur son nouveau poste. "J'étais à la retraite, c'était une bonne opportunité pour revenir", a-t-elle relevé. "J'espère que je serai en mesure de contribuer" à faire avancer l'enquête, a-t-elle poursuivi.

 

Le régime et les rebelles en Syrie ont accepté jeudi d'observer un cessez-le-feu pendant quatre jours à partir de vendredi pendant la fête musulmane de l'Adha mais le succès de cette trêve, âprement négociée par l'émissaire de l'ONU, semble incertain.
 
L'armée a annoncé en soirée qu'elle suspendrait ses opérations militaires pour la fête du sacrifice, mais qu'elle répondrait "si...

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