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À La Une - liban

La communauté internationale met en garde contre un "vide politique" au Liban

Damas soupçonne Israël et les jihadistes du meurtre du général Wissam el-Hassan ; Paris appelle Beyrouth à ne pas se laisser entraîner dans la crise syrienne

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Jewel Samad/

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a appelé mercredi le Liban "à ne pas se laisser entraîner" dans la crise syrienne, ce que Damas essaie de faire, selon lui.

 

"Ce qu'attend le pouvoir de Bachar (el-Assad), c'est d'exporter la crise syrienne, il ne faut pas que le Liban se laisse entraîner", a déclaré M. Fabius à l'Assemblée nationale mercredi. "Nos Libanais sont nos amis et nos frères, la France se tient à leur côté dans des circonstances si difficiles", a-t-il ajouté.

 

Laurent Fabius avait jugé dimanche "probable" l'implication de Damas dans l'attentat à la voiture piégée qui a tué vendredi à Beyrouth le chef des renseignements de la police Wissam al-Hassan, bête noire du régime syrien.

 

"C’est probable (...). On ne sait pas encore qui est derrière (l’attentat) mais tout indique que c’est le prolongement de la tragédie syrienne", a ainsi déclaré M. Fabius sur Europe 1 et I-télé. "L’intérêt de Bachar, qui est un manipulateur, c’est d’élargir la contagion en Turquie, en Jordanie, au Liban", a affirmé M. Fabius, soulignant la "présence" du Hezbollah dans le conflit syrien.

"Le Hezbollah est dans le gouvernement libanais, et on ne voyait pas trop sa présence dans le conflit syrien. Mais depuis quelques jours, il y a la présence de militants Hezbollah dans le conflit, un drone qui a été envoyé sur Israël", a encore dit le locataire du Quai d’Orsay. "Il semble qu’il y ait une volonté du Hezbollah et donc de l’Iran de manifester encore plus expressément leur présence (aux côtés du régime de Damas, NDLR), et nous ne pouvons pas être d’accord avec ça", a-t-il conclu.

 

(Lire aussi : Les assassinats se poursuivront, prédit une figure chrétienne de l’opposition)

 

Pour sa part, l'ex-garde des Sceaux UMP Rachida Dati a appelé mercredi le président français François Hollande à apporter "concrètement" le soutien de la France au Liban en lui permettant d'intégrer "sans plus tarder" le Partenariat de Deauville, qui soutient les pays arabes dans leur transition démocratique.

"Utilisons ce Partenariat de Deauville pour protéger le peuple libanais", a-t-elle plaidé dans un communiqué.

 

Parallèlement, à Beyrouth, l'ambassadeur de Syrie au Liban a pointé mercredi un doigt accusateur notamment sur Israël et les extrémistes sunnites après le meurtre du général Hassan et nié toute implication de Damas.

 

Israël "profite de la déstabilisation du Liban", a affirmé Ali Abdel Karim Ali à l'issue d'un entretien avec le ministre libanais des Affaires étrangères Adnane Mansour.

Interrogé par les journalistes s'il accusait donc Israël d'être derrière l'attentat, il a répondu: "J'accuse aussi des takfiriyne (extrémistes sunnites) qui trouvent leur intérêt dans le chaos", selon une dépêche de l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).

 

Le mouvement du 14-Mars (opposition) a accusé le régime syrien de Bachar el-Assad d'être l'instigateur de l'assassinat. "Je suis navré que de telles accusations soient portées contre mon pays. La Syrie n'a aucune relation avec cet acte criminel et l'a condamné".

Selon lui, "la stabilité du Liban est dans l'intérêt de la Syrie qui doit faire face à une crise intérieure et au complot dans lequel sont impliqués des agents de renseignements en Europe, dans le monde et dans la région".

 

Si le calme est revenu depuis mardi sur le terrain, après des éruptions de violences notamment à Beyrouth et à Tripoli, la menace d'un vide politique plane encore sur le Liban.

 

Depuis dimanche, le chef de l’État Michel Sleiman consulte à tout va, pour voir s'il est possible de changer l'actuel gouvernement. Amine Gemayel (Kataëb, opposition), Fouad Siniora (Courant du futur, opposition), Fayez Ghosn (Mrada, majorité), Ali Hassan Khalil (Amal, majorité)...

 

"Le chef de l'Etat a commencé ses consultations avec les principales personnalités du pays pour discuter de la possibilité de former un nouveau gouvernement", a indiqué à l'AFP un haut responsable au palais présidentiel, qui a requis l'anonymat. "Si ce dialogue aboutit à un accord sur la forme d'un nouveau cabinet qui pourrait faire sortir le Liban de l'impasse, alors M. Mikati pourrait présenter sa démission et l'on pourra entamer le processus de formation d'un nouveau gouvernement", a-t-il ajouté.

 

Aujourd'hui, Michel Sleiman s'est entretenu avec le député hezbollahi Mohmmaed Raad, ainsi qu'avec l’ambassadeur d'Arabie saoudite, Ali Awad Assiri. Le président a également rencontré l'ambassadrice américaine, Maura Connelly.

Lors de cette rencontre Mme Connelly a "fait part de l'inquiétude des Etats-Unis et de la communauté internationale sur un vacuum politique".

 

"Nous soutenons les efforts du président Sleiman et d'autres dirigeants responsables au Liban pour bâtir un gouvernement efficace et pour prendre les mesures qui s'imposent à la suite de l'attentat terroriste du 19 octobre", a pour sa part déclaré la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland.

La diplomatie américaine plaide également pour la formation d'un nouveau gouvernement sans l'influence de la Syrie.

"L'instabilité exportée depuis la Syrie menace plus que jamais la sécurité du Liban et il revient vraiment aux Libanais de choisir un gouvernement qui puisse juguler cette menace", a déclaré Mme Nuland.

 

Plus tard dans la soirée, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a émis des craintes allant dans le même sens. "Nous ne voulons pas voir de vide de l'autorité politique légitime, dont les Syriens ou d'autres pourraient tirer avantage et qui pourrait provoquer encore plus d'instabilité et de violence", a déclaré la chef de la diplomatie américaine lors d'un point de presse.

 

Ces déclarations font écho à celles de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui a exprimé mardi à Beyrouth son inquiétude pour la stabilité du Liban. "Certains tentent de détourner l'attention de la situation dans la région en provoquant des problèmes au Liban", a-t-elle déclaré, dans une allusion apparente au conflit en Syrie. La responsable européenne a également mis en garde contre tout "vide politique".

 

Lundi, les ambassadeurs des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France) ont également appelé au maintien de "l'action gouvernementale" et exprimé leur appui au président Sleiman pour "une solution politique et pacifique".

 

Depuis l'attentat de vendredi dernier, l'opposition libanaise réclame la démission du gouvernement de Nagib Mikati, dont elle fait assumer "personnellement" la responsabilité de l'attentat.

 

Dans ce contexte, les députés du 14 Mars ont décidé mardi le boycott de toutes les activités parlementaires et officielles auxquelles seraient associés des membres du gouvernement.

 

(Lire aussi : L’opposition se radicalise, les puissances temporisent)

 

L'opposition dirigée par l'ex-chef de gouvernement Saad Hariri a également signifié à M. Sleiman qu'elle posait comme préalable à toute discussion sur un éventuel nouveau gouvernement, la démission du cabinet Mikati.

"Le départ du ce gouvernement est une condition préalable et essentielle (...) Ce gouvernement avec son chef et les partis politiques qui l'appuient facilitent le plan du régime criminel d'Assad au Liban", a déclaré mercredi à la presse Farès Souhaid, secrétaire général du 14 Mars.

 

Du côté de la majorité, le président du Parlement, Nabih Berry, a déclaré qu'"il est inacceptable que le pays soit paralysé", au cas où le gouvernement de Nagib Mikati démissionne, rapporte l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). "Cela n'est dans l'intérêt de personne", a poursuivi le chef du Législatif. Pour M. Berry, la meilleure approche pour résoudre cette crise est la reprise du dialogue et non son boycott.

 

"Nous sommes ouverts en principe à toute discussion sur l'ensemble des sujets mais nous sommes contre la paralysie des institutions", a également dit le député Ibrahim Kanaan du bloc de Michel Aoun. Mohammed Raad a aussi informé le président que le Hezbollah était prêt au dialogue.

 

Samedi, lors d'une réunion urgente du Conseil des ministres, Nagib Mikati avait exprimé son désir de quitter son poste, mais avait dit y avoir renoncé temporairement, à la demande du président Michel Sleiman, "dans l'intérêt national".

Suite aux funérailles de Wissam el-Hassan, dimanche place des Martyrs à Beyrouth, un groupe de manifestants a tenté de prendre d'assaut le Sérail, siège du gouvernement.

 

 

Lire aussi, l'édito de Issa Goraïeb : La bourse ou la vie

 

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commentaires (2)

Clarification : Excusez ! lorsque l'Avocat du Diable a écrit ce commentaire la rubrique avait un autre titre qui disait que la Syrie accuse Israël et les extrémistes d'avoir assassiné le Général Wissam Al Hassan. Sous le titre actuel, cette réaction n'a plus de sens. L'Avocat Du Diable !

SAKR LEBNAN

02 h 11, le 25 octobre 2012

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Commentaires (2)

  • Clarification : Excusez ! lorsque l'Avocat du Diable a écrit ce commentaire la rubrique avait un autre titre qui disait que la Syrie accuse Israël et les extrémistes d'avoir assassiné le Général Wissam Al Hassan. Sous le titre actuel, cette réaction n'a plus de sens. L'Avocat Du Diable !

    SAKR LEBNAN

    02 h 11, le 25 octobre 2012

  • L'AVOCAT DU DIABLE : Nous avons tous pointé les doigts sur ceux logiquement mûs par la haine et la revanche contre le Général Wissam Al Hassan. MAIS... toutes les autres possibilités restent ouvertes, si minimes soient-elles. Nous accusons. Nous ne pouvons pas JUGER. Je ne change pas de place, mais avant le VERDICT, prononcé par des Juges, TSL est préféré en l'occurence, tout accusé reste suspect et non coupable encore. Le plus grand crime serait de condamner quelqu'un même si son innocence est moindre que 1/000... L'AVOCAT DU DIABLE !

    SAKR LEBNAN

    14 h 47, le 24 octobre 2012

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