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À La Une - Diplomatie

Ashton essaie d'apprendre la patience au 14 Mars...

L’appui européen au gouvernement actuel serait indépendant de la personne du Premier ministre.

Le message de Catherine Ashton au président libanais Michel Sleiman, le 23 octobre 2012 : Non au vide politique face aux menaces à la sécurité. Dalati et Nohra/Handout/AFP

L’enjeu essentiel de la stabilité au Liban passe inévitablement par le maintien des institutions à l’abri de tout « vide politique ». C’est ce qu’aura porté la visite-éclair de la haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Catherine Ashton. Ses entretiens consécutifs avec les trois présidents, puis avec le commandant en chef de l’armée, entre lesquels Mme Ashton s’est abstenue de répondre aux questions de la presse, ont permis de confirmer le message des cinq grands, pour le maintien de « l’action gouvernementale ». Une précision s’impose à cet égard, rapportée par notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane, qui cite des participants aux réunions : la volonté de maintenir le gouvernement est motivée par l’obligation d’éviter le chaos ou la paralysie institutionnelle, sans signifier pour autant un attachement européen particulier à la personne du Premier ministre Nagib Mikati, même si l’UE apprécie son rendement jusque-là. D’ailleurs, Mme Ashton aurait veillé à tâter la volonté réelle de former un nouveau gouvernement et l’opportunité de pareille démarche.


Il reste que l’enjeu imminent à l’heure actuelle est « d’éviter le vide », un enjeu que satisferait de prime abord un retour au dialogue. Ainsi, au palais de Baabda, Mme Ashton a transmis au président de la République Michel Sleiman l’appui de l’Union européenne à « la souveraineté, l’indépendance et la stabilité du Liban », ainsi qu’aux efforts concrets du chef de l’État pour contenir la situation depuis l’attentat du 19 octobre. Les participants aux réunions déjà cités ont d’ailleurs transmis l’apaisement des diplomates européens devant la détermination du président à ne pas fléchir devant les pressions visant à faire tomber le gouvernement.

 

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Ce message est sous-tendu par « une crainte sérieuse pour la stabilité du Liban », exprimée par Catherine Ashton au Premier ministre Nagib Mikati. Reprenant les qualificatifs de « terrible » et de « terroriste » pour dénoncer l’attentat d’Achrafieh, elle a reconnu, dans une allusion à peine voilée au régime syrien, « les tentatives d’aucuns de détourner l’attention de la situation régionale en provoquant des problèmes au Liban ». Un fait incontournable s’impose donc, qui nécessite la présence d’un gouvernement efficace. Il s’agit des menaces d’assassinat de personnalités politiques, d’autant plus graves après la disparition du général Wissam el-Hassan, indéniable assise sécuritaire pour nombre de personnalités politiques, dont le Premier ministre.

 

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Eichhorst à « L’OLJ » sur les garanties à la sécurité
Si le cabinet devait rester, par crainte d’affrontements internes sur fond confessionnel, a-t-il au moins des garanties concrètes contre de nouvelles atteintes à la sécurité ? Interrogée sur ce point par L’Orient-Le Jour, la chef de la délégation de l’Union européenne, Angelina Eichhorst, ayant accompagné Mme Ashton dans sa tournée, a d’abord affirmé que les entretiens ont « porté longuement sur les mesures prises pour garantir la sécurité dans le pays ». « Mais ces mesures nécessitent, de toute évidence, que les moyens nécessaires soient mis à la disposition des institutions, notamment l’armée. » L’ambassadrice Eichhorst a salué dans ce cadre « le professionnalisme dont fait preuve l’armée », ajoutant que « toutes les forces de sécurité – les Forces de sécurité intérieure et la Sûreté générale – avec lesquelles l’UE a aussi une coopération étroite et approfondie vont tout faire pour continuer à garantir la sécurité ». Elle rappelle que le mécanisme vital pour le pays reste « le fonctionnement des trois institutions présidentielles selon les normes constitutionnelles ». Et de conclure : « C’est aux Libanais de décider comment aller de l’avant. »

 

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La question des réfugiés
Effectivement, l’entretien de Catherine Ashton avec le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, a été axé sur la responsabilité délicate de l’institution militaire. Saluant les efforts de l’armée dans le rétablissement du calme, la haute représentante européenne a transmis la détermination de l’UE à « renforcer les capacités de l’armée et la soutenir dans l’exécution de ses missions nationales ». Parmi ces missions, la protection des frontières aussi bien face à la Syrie qu’à Israël. Tous ces points ont trouvé un écho dans l’entretien d’une heure entre Catherine Ashton et le président de la Chambre Nabih Berry, favorable à la création éventuelle d’un cabinet d’union nationale.


Par ailleurs, l’assistance aux réfugiés syriens a été abordée en profondeur, d’autant que ce dossier avait motivé la visite de la diplomate européenne, prévue avant les récents incidents sécuritaires au Liban. C’est précisément le chef de l’État qui a sollicité l’aide de l’Union européenne en faveur des autorités libanaises, pour optimiser l’assistance humanitaire aux réfugiés syriens. Une demande positivement accueillie par Mme Ashton, qui s’est engagée à étudier sérieusement le mécanisme de financement de cette aide par l’Union européenne.
« L’UE demeure le partenaire du peuple libanais », a-t-elle conclu, lors d’un point de presse rapide à l’aéroport, dans l’après-midi, avant de s’envoler pour la capitale jordanienne, dans le cadre de sa tournée régionale.

 

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