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À La Une - Liban

Dispatch Beirut soigne la ville avec des Lego

Donner de l'espoir avec de petites briques colorées.

Deux Libanaises, Pamela Haydamous et Léa Tasso, comblent les failles des maisons de Beyrouth, avec des Lego. Photo page Facebook Dispatch Beirut

Dimanche 21 octobre, 11h, Beyrouth.

Des convois de voitures, klaxons hurlant, brisent, à intervalles réguliers, le silence matinal sur l’autoroute de la Quarantaine qui mène à la Place des Martyrs, dans le centre ville de la capitale libanaise.

 

Sur le bord de l'autoroute, à côté d'une maison aux murs pourpres (le restaurant Harbor 201), une trentaine d’étudiants danois et deux jeunes Libanaises colmatent les brèches d’une vieille maison en pierre avec des Lego. Comme un défi, une volonté de vivre malgré tout. Malgré, surtout, l'attentat à la voiture piégée perpétré place Sassine, trois jours plus tôt.

 

Initialement, Pamela Haydamous, paysagiste, et Léa Tasso, graphiste, deux Libanaises, avaient prévu de mener l'opération colmatage Lego sur deux jours, samedi et dimanche. Un deuil national ayant été décrété samedi, les deux jeunes Libanaises ont décidé de limiter l'événément à dimanche. 

Ainsi, quelques heures durant, et alors que se déroulaient les funérailles de Wissam el-Hassan, chef des renseignements de la police tué dans l'attentat de Sassine, les étudiants danois et les deux Libanaises se sont employés à "restaurer" cette maison "avec des petites briques colorées porteuses d’espoir", explique Pamela Haydamous.

 

Depuis quelques mois, la jeune paysagiste et son amie graphiste sont obsédées par les Lego, ces petites briques qui s’emboîtent, créées dans les années 1930 par la famille Kristiansen, au Danemark. Des petites briques qui ont fait le bonheur de générations d'enfants et, par transitivité, de parents, à travers le monde.

 

Réparer les murs avec des Lego n'est pas une idée des deux Libanaises. Pour leur événement, elles se sont inspirées du travail de Jan Vorman, un artiste allemand de 27 ans qui avait sorti sa boîte de Lego lors d’un festival d’art contemporain à Bocchignano, en Italie, il y a quelques années.

 

Par la suite, Vorman prend l’habitude de laisser des traces "Lego" lors de ses voyages. De cette habitude, naît un mouvement, Dispatchwork, qui se répand dans le monde entier.

 

Aujourd’hui, grâce à Lea et Pamela, Beyrouth est sur la carte des Dispatchers, avec la création de Dispatch Beirut, un collectif d’art de la rue (street art). Dans un premier temps, les deux jeunes filles réalisent de petites interventions dans des espaces publics à Hamra, Gemmayzeh ou Mar Mikhael, avec les Lego de leur enfance ou ceux de leurs proches. "Au début, les passants pensaient que l’on jouait, simplement. Mais au fur et à mesure, nos installations ont suscité un intérêt grandissant", explique Lea Tasso.

 

Il y a quelques mois, les jeunes femmes ont décidé de passer à la vitesse supérieure et d’encourager la participation du public, profitant de la venue de 30 étudiants danois en visite à Beyrouth. Elles ont jeté leur dévolu sur une ancienne maison pleine de failles à reboucher. L’objectif étant de réaliser une grande installation permanente.

Tout était prêt, le propriétaire de la maison avait donné son accord, le magasin Lego avait fourni des milliers de briques neuves. La date était fixée : le week-end du 20-21 octobre.

 

Alors, quand une voiture piégée a explosé à Achrafieh, vendredi 19 octobre, les deux jeunes filles ont refusé de céder à l'horreur qui venait de rattraper le Liban, et ont maintenu l'événément, pour dire qu'il ne faut jamais cesser de construire et de reconstruire, et que la vie continue.

Reportage en images.


Dimanche 21 octobre, 11h, Beyrouth.
Des convois de voitures, klaxons hurlant, brisent, à intervalles réguliers, le silence matinal sur l’autoroute de la Quarantaine qui mène à la Place des Martyrs, dans le centre ville de la capitale libanaise.
 
Sur le bord de l'autoroute, à côté d'une maison aux murs pourpres (le restaurant Harbor 201), une trentaine d’étudiants danois et deux...

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