Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Liban : Après les funérailles du général Hassan, poussée de fièvre devant le Sérail

Retour au calme à Beyrouth après un appel en ce sens lancé par les leaders du 14 Mars ; le bureau de Mikati dénonce l'attaque contre le siège du gouvernement.

Après les funérailles du chef des renseignements de la police, Wissam el-Hassan, tué lors d'une attentat, à Beyrouth, le 19 octobre 2012, de violents affrontements au eu lieu, dimanche 21 octobre, devant le Sérail, siège du gouvernement, à Beyrouth. AFP PHOTO

Les funérailles, dimanche après-midi, du chef des renseignements de la police (Forces de sécurité intérieure, FSI) Wissam el-Hassan, tué vendredi dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth, ont pris un tour violent quand un groupe de manifestants s'est dirigé vers le Sérail, siège du gouvernement libanais.

Des heurts ont eu lieu entre des manifestants brandissant des drapeaux des Forces libanaises de Samir Geagea et du Courant du Futur de Saad Hariri, fers de lance de l'opposition libanaise, et les forces de l'ordre, qui ont tiré des gaz lacrymogènes et tirent en l'air. Plusieurs personnes ont été blessées.

 

Quelques minutes plus tôt, à la fin des funérailles qui se sont tenues à la mosquée al-Amine, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora a appelé le Premier ministre Nagib Mikati à partir.

 

"Il n’y a rien à dire avant la chute du gouvernement de Nagib Mikati, il n’y aura pas de dialogue sur le sang des martyrs et des Libanais", a lancé Fouad Siniora à la foule rassemblée sur la place des Martyrs, à Beyrouth, pour les funérailles de Wissam el-Hassan et de son chauffeur, Ahmad Mahmoud Sahyouni. "Ce gouvernement est responsable de l’assassinat du général Hassan et des autres martyrs, nous appelons à sa chute".

"Il y a eu un complot contre Hassan qui a découvert le plan diabolique de Michel Samaha et de Ali Mamlouk" respectivement un ancien ministre libanais proche du régime Syrien, et le chef des renseignements syriens, a poursuivi l'ancien Premier ministre.

"Nous ne pouvons plus accepter la couverture politique des assassins. Nous voulons un gouvernement qui protège tous les Libanais et non pas une partie d’entre eux", a-t-il ajouté.

"Va-t-en donc Nagib Mikati! Si tu ne démissionnes pas tu seras accusé de comploter contre le peuple libanais. Dégage, tu es responsable", a-t-il ensuite lancé.

 

Suite à ce discours, des manifestants se sont mis en marche vers le Sérail.

Face à l'éruption de violence, Fouad Siniora et Saad Hariri ont lancé un appel au calme.

Saad Hariri a exhorté les manifestants du 14 Mars qui ont tenté de prendre d’assaut le grand Sérail, à rentrer chez eux. "Ce n'est pas avec des actes de violence que nous honorons le général Wissam el-Hassan", a déclaré M. Hariri. Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a également appelé ses partisans à ce pas s'attaquer au Sérail.

Le député du Courant du Futur, Nohad Machnouk, a toutefois invité les partisans de l'opposition à rester devant le Sérail jusqu'à la chute du gouvernement de Mikati.

 

La tension est alors descendue d'un cran, les manifestants se contentant de crier des slogans devant le siège du gouvernement. En soirée, le calme était revenu dans le centre ville de Beyrouth, où les forces de l'ordre étaient massivement déployées.

 

Le bureau de presse du Premier ministre a diffusé un communiqué dans lequel il tient pour responsables des violences les parties ayant incité à l'attaque contre le grand Sérail. Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a également dénoncé cette attaque. "Ceux qui tentent de faire chuter le gouvernement de cette façon se font des illusions", a-t-il dit.

Dans le reste du Liban, des échanges de tirs ont été signalés à Tripoli (nord), entre les quartiers de Bab el-Tebbaneh (sunnite) et Jabal Mohsen (alaouite). Selon la chaîne de télévision LBC, une personne a été tuée. Dans le Koura, différents médias ont signalé le déploiement d'hommes armés appartenant au PSNS, proche de la Syrie.

Plusieurs routes ont également été coupées à l'aide de pneus enflammés à Saïda (sud).

 

 

Un manifestant blessé. Tilda Abou Rizk/OLJ

 

Depuis l'assassinat de Wissam el-Hassan, l'opposition libanaise, appelle à la chute du gouvernement de Mikati.

Mais malgré les appels à sa démission, M. Mikati a choisi de rester à son poste dans "l'intérêt national" et pour éviter "le vide politique" qui pourrait plonger le Liban fragilisé dans le chaos.

"J'ai assuré au président (Michel Sleiman) que je n'étais pas attaché au poste de chef de gouvernement. (Il) m'a demandé de rester car il ne s'agit pas d'une question personnelle mais de l'intérêt national", a dit M. Mikati après une réunion du conseil des ministres, samedi.

Sans mentionner nommément la Syrie, le Premier ministre a fait le lien entre la mort du général et l'arrestation en août par ses services de l'ex-ministre pro-syrien Michel Samaha, accusé d'avoir introduit des explosifs pour mener des attentats au Liban à l'instigation de M. Mamlouk.

 

M. Sleiman a établi le même lien en conseil des ministres. L'attentat a visé "le chef d'un service de sécurité efficace qui a réussi à démanteler des réseaux terroristes (...) et à découvrir d'autres réseaux dont le plus important est celui lié aux explosifs transportés par Samaha de Syrie", a-t-il déclaré.

 

 

L'attentat qui a visé le général Hassan, de même que celui qui a coûté la vie, en 2005, à l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, ont été attribués par l'opposition libanaise et les experts au régime du président Bachar el-Assad, confronté depuis 19 mois à une révolte qu'il tente d'écraser à tout prix.

 

Le général Hassan, le plus haut responsable de sécurité libanais a être assassiné depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), a eu un rôle majeur dans l'enquête sur de nombreux attentats qui ont visé entre 2005 et 2008 de nombreuses personnalités libanaises antisyriennes, dont M. Hariri.

Wissam el-Hassan avait, en outre, démasqué et fait arrêter récemment Michel Samaha, proche conseiller de Bachar el-Assad, qui transportait à bord de sa voiture des charges explosives que lui avait délivrées le général syrien Ali Mamlouk, à Damas, afin d'organiser des attentats terroristes au Liban-Nord.

 

Dimanche, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a jugé "probable" l'implication de Damas dans l'attentat de vendredi. "C'est probable (...) Tout indique que c'est le prolongement de la tragédie syrienne", a déclaré M. Fabius sur Europe 1 et I-télé, accusant le président Assad "d'essayer d'élargir la contagion" du conflit dans les pays voisins de la Syrie.

 

 

Les funérailles de Wissam el-Hassan et de son compagnon, place des Martyrs. Sandra Noujai/OLJ

 

 

Le rassemblement place des Martyrs, aujourd'hui, en sus d'une dénonciation de l'assassinat du général Hassan, a pris les allures d'une dénonciation du régime syrien et du gouvernement libanais.

 

"Je suis là pour que le régime syrien tombe", a dit à L'Orient-Le Jour, Nour, un homme descendu du Akkar, au Liban-nord, pour participer aux funérailles du général.

 

"Nous allons dire adieu à Wissam el-Hassan, mais nous voulons poursuivre ce que nous avons entamé en 2005. A cette époque, les Syriens sont sortis du Liban. Aujourd'hui nous voulons les empêcher définitivement de revenir et faire sortir l'Iran", incarné par le mouvement chiite Hezbollah, a affirmé, ce matin à l'AFP, Ahmad Fatfat, député du bloc de Hariri. Il a accusé le gouvernement actuel et notamment le Hezbollah de vouloir "le retour au Liban du (président syrien) Bachar el-Assad". Les opposants veulent réitérer la manifestation géante contre Damas, qui avait suivi l'assasinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, père de Saad, et abouti au départ des troupes syriennes du Liban en 2005.

 

Sur le banderoles exhibées par les manifestants, l'on pouvait lire les slogans suivant : "Le sang d’Achrafieh (quartier de Beyrouth où l'attentat de vendredi a eu lieu, ndlr) a la couleur de la liberté", "Mikati démissionnaire".

 

"J’appelle tous les déçus du 14 mars à se ressaisir et à se rassembler sous le même étendard, celui du 14 Mars. Oublions nos divisions et toutes les erreurs de parcours. Aujourd’hui, s’ouvre une nouvelle ère", a également déclaré, sur la place des Martyrs, Cherine, une jeune Libanaise, à L'Orient-Le Jour.

 

"Ca suffit, nous en avons assez des attentats, qu’ils visent les habitants d’un quartier ou les politiciens. Stop à l’intimidation. Nous connaissons ceux qui commettent les attentats. Nous bataillerons jusqu’à ce que les clans Mikati (Premier ministre libanais, ndlr) et Aoun partent, car ils sont comme la peste", a dit, de son côté, Roula, une jeune fille d’Achrafieh, membre des Forces libanaises de Samir Geagea (opposition).

 

"Je suis révoltée. Il faut que cela cesse. Il ne faut pas rester passif. Il faut agir et montrer que nous refusons de laisser passer des choses comme ça, en l’absence d’un gouvernement réel", a également affirmé à L'Orient-Le Jour, Youma, une Libanaise âgée d’une soixantaine d’années.

 

"Je suis contre le Hezbollah et contre le régime syrien. Nous voulons vivre en sécurité", renchérissait Ghassan, qui vient du Akkar. "Nous ne voulons pas en arriver au jour où nous serons contraints de porter les armes dans les rues. Nous avons besoin d’un gouvernement qui nous protège. La résistance (le Hezbollah, ndlr) est une fausse résistance. Elle ne sert que les intérêts syriens et la mainmise de l’Iran sur le Liban", a-t-il ajouté.

 

(Reportage : "La nouvelle révolution du 14 Mars sera destructrice pour les Assad")

 

 

 

La ruelle où a eu lieu l'explosion de vendredi à Achrafieh.

Anwar Amro/AFP

 

 

L'attentat à la voiture piégée dans une ruelle du quartier d'Achrafieh, sur la place Sassine, a fait trois morts, le général Hassan, son chauffeur et Georgette Sarkissian, 42 ans et mère de trois enfants, qui résidait dans le quartier, ainsi que 126 blessés, selon le dernier bilan officiel. Un précédant bilan faisait état de huit morts.

 

Selon le général Rifi, chef des FSI, "la charge explosive était de 60 à 70 kg de TNT".

Plus d'une dizaine d'enquêteurs des FSI ont cherché des indices sur le lieu de l'attentat, quadrillé par la police. Les carcasses de voitures calcinées étaient toujours sur place au milieu des immeubles effondrés.

 

(Voir notre diaporama : Attentat de la place Sassine, le jour d'après)

 

Avant les funérailles, une cérémonie militaire a eu lieu au quartier général des FSI, à Beyrouth, au cours de laquelle Achraf Rifi a salué la mémoire du général et assuré, visiblement ému : "Nous ferons en sorte que la vérité soit révélée". Lors de cette cérémonie, le président Sleiman s’adressant aux politiciens, a déclaré : "Ne protégez pas les assassins, faites en sorte que les crimes cessent".

"J’appelle la justice libanaise à rendre public l'acte d'accusation dans le dossier de Michel Samaha", a-t-il également dit.

 

 

 

Lire aussi

 

Requiem pour un superflicl'éditorial de Issa Goraïeb

 

L’odeur du sang ne le quittait pas des yeuxde Ziyad Makhoul

Les funérailles, dimanche après-midi, du chef des renseignements de la police (Forces de sécurité intérieure, FSI) Wissam el-Hassan, tué vendredi dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth, ont pris un tour violent quand un groupe de manifestants s'est dirigé vers le Sérail, siège du gouvernement libanais.
Des heurts ont eu lieu entre des manifestants brandissant des...

commentaires (2)

Ce que j'ai remarqué lors de l'enterrement, il y avait plus de drapeaux du Courant du futur, FL, Kataeb, salafistes et même des drapeaux syriens des rebelles que de drapeaux libanais. Que les dirigeants du 14 mars poussent au crime, en disant que le gouvernement est responsable et doit partir. Ils utilisent un évènement tragique; pour faire de la politique politicienne et créer des affrontements. Ils n'ont pas la dignité de respecter un jour d'enterrement qui doit être digne. Les affrontements qui se passent en ce moment est sous leur responsablilité

Talaat Dominique

11 h 26, le 21 octobre 2012

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Ce que j'ai remarqué lors de l'enterrement, il y avait plus de drapeaux du Courant du futur, FL, Kataeb, salafistes et même des drapeaux syriens des rebelles que de drapeaux libanais. Que les dirigeants du 14 mars poussent au crime, en disant que le gouvernement est responsable et doit partir. Ils utilisent un évènement tragique; pour faire de la politique politicienne et créer des affrontements. Ils n'ont pas la dignité de respecter un jour d'enterrement qui doit être digne. Les affrontements qui se passent en ce moment est sous leur responsablilité

    Talaat Dominique

    11 h 26, le 21 octobre 2012

  • Et le cortège sera bourré de l'hypocrisie des ennemis déclarés de Wissam el-Hassan qui s'efforceront d'afficher une tronche de circonstance alors qu'ils se frotteront les mains intérieurement.

    Robert Malek

    04 h 32, le 21 octobre 2012

Retour en haut