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À La Une - Liban

Attentat place Sassine : Wissam el-Hassan tué, des ténors de l'opposition accusent Damas

L'attentat à la voiture piégée a fait huit morts et plus de 80 blessés.

Le général Wissam el-Hassan, chef des services de renseignement des FSI, a été tué dans l'attentat de la place Sassine. Archives AFP

Quatre heures après la terrible explosion qui a eu lieu place Sassine, en plein coeur de Beyrouth, la cible de l'attentat a été déterminée : le directeur de la branche des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Wissam el-Hassan. Sa mort a été confirmée peu avant 19h par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).

 

La branche des renseignements des FSI est à l'origine de l'arrestation, le 9 août dernier, de l'ancien ministre libanais Michel Samaha, accusé, ainsi que de hauts responsables sécuritaires syriens, d'avoir préparé des attentats au Liban dans le but de provoquer des dissensions confessionnelles. Le général Hassan est un proche de Saad Hariri, chef de l'opposition libanaise hostile au régime de Damas et était pressenti pour prendre la tête des FSI à la fin de l'année.

 

L'attentat, perpétré peu avant 15 h locales, a fait huit morts et près de 86 blessés, selon un bilan définitif de source gouvernementale. Selon notre correspondante sur place, des enfants font partie des blessés.

 

Selon l'ANI, l'attentat a eu lieu à 200 mètres du bureau des Kataëb, (parti chrétien d'opposition, anti régime de Assad), dirigé par l'ancien président Amine Gemayel. S'exprimant sur al-Jadeed, Farès Souhaid, secrétaire général du 14 Mars (Alliance de l'opposition), a déclaré que l'explosion a eu lieu près du siège du 14 Mars.

Selon notre correspondante sur place, l'attentat a eu lieu dans la rue perpendiculaire à la poste, au niveau de la libraire Farah et Freiha. Des corps mutilés étaient visibles sur les lieux. 

 

Un secouriste aide une victime de l'attentat. Photo AFP

 

 

Après l'annonce de la mort de Wissam el-Hassan, Samir Geagea, chef des Forces libanaises (opposition) a pointé du doigt "le régime syrien et ses amis à l'intérieur". "Wissam el-Hassan a été tué parce qu'il a arrêté Michel Samaha et parce qu'il n'a peur de rien", a ajouté M. Geagea. Et de poursuivre : "Cet attentat est une gifle sécuritaire au gouvernement libanais". Il a également affirmé à la presse que le général se "déplaçait avec des mesures de sécurité exceptionnelles". "Il avait installé sa femme et ses enfants à Paris car il se savait visé", a-t-il ajouté. 

Selon la LBC, Wissam el-Hassan était rentré jeudi soir au Liban.

 

Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a lui aussi accusé le président syrien d’avoir commandité l’attentat. "Après avoir brûlé la Syrie, Assad veut maintenant incendier toute la région", a affirmé M. Joumblatt.

 

L'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri a lui aussi accusé le président syrien du meurtre de Wissam el-Hassan, "le garant de la sécurité des Libanais", assurant que c'est un "crime clair comme le jour". "Moi Saad Rafic Hariri, j'assure que nous n'allons pas nous taire", a-t-il déclaré lors d'une intervention télévisée jeudi soir

 

Le chef des Kataëb, Amine Gemayel, a déclaré, de son côté, que la disparition de Wissam el-Hassan était "une perte pour tout le Liban".

 

Avant même l'annonce de la mort du chef des SR des FSI, plusieurs députés de l'opposition libanaise avaient pointé du doigt la Syrie.

 

Nadim Gemayel, député des Kataëb, a déclaré, selon les médias locaux, qu'"en temps de guerre et en temps de paix, Achrafieh paie le prix des sacrifices pour le pays". L'attentat qui avait coûté la vie, en 1982, à son père, Bachir Gemayel, avait déjà eu lieu place Sassine. "Cet attentat est un attentat politique par excellence", a-t-il ajouté, pointant du doigt le régime syrien.

 

Le député Samy Gemayel, également membre de Kataëb, a lui aussi condamné l'attentat et appelé à prier pour les victimes. "La place Sassine est un symbole, Achrafieh est un symbole. Cet attentat me vise en plein coeur", a martelé le jeune député appelant l'Etat à protéger les citoyens. "Il est temps que chacun assume ses responsabilités", a-t-il lancé.

 

La députée d'Achrafieh, Nayla Tuéni, a affirmé de son côté que cet attentat vise à terroriser tout le Liban. "Le régime syrien ne nous laissera pas tranquilles", a-t-elle déploré.

 

"Il ne faut pas s'étonner (de cet attentat) surtout après les aveux de Michel Samaha (l'ancien ministre libanais arrêté) et les déclarations (syriennes) qui ont suivi", a estimé, de son côté, le chef du Bloc National (opposition), Carlos Eddé. Pour lui, "il n'y a que la Syrie qui a intérêt à provoquer la discorde au Liban". Dans une allusion au Hezbollah, M. Eddé a également dénoncé le fait qu'"une partie libanaise possède des armes et des explosifs, pouvant en faire usage sans aucun scrupule sur ordre de la Syrie et de l'Iran."

 

Le député du courant du Futur (opposition) Nouhad Machnouk a également estimé que "l'attentat est un message d'un régime syrien qui s'effondre et veut terroriser les Libanais." Plus tôt, un autre député du courant, Moustapha Allouche, avait déploré "une tentative de terroriser la composante chrétienne du pays.

 

Les forces de sécurité évacuent une femme, en état de choc. REUTERS/ Mahmoud Kheir

 

 

Réagissant à l'attentat, le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a assuré que le gouvernement est mobilisé pour élucider les circonstances de l'explosion, en punir les responsables et faire en sorte que le feuilleton des attentats ne reprenne pas au Liban. Le chef du gouvernement a par ailleurs appelé tous les responsables politiques à être solidaires en cette étape difficile de l'histoire du pays.

 

Même condamnation du côté du président de la République, Michel Sleiman, qui a présenté ses condoléances aux proches des victimes, soulignant la nécessité de préserver l’unité nationale et la paix civile au Liban. "Il faut résister face aux tentatives de faire sombrer le pays dans la terreur et la déprime", a encore dit le chef de l’Etat.

 

"La mort (du général Hassan) est une perte pour tout le Liban, a affirmé pour sa part le commandant en chef de l'armée, Jean Kahwaji. Cet homme a sacrifié sa vie pour le pays".

Le chef de l’armée a également affirmé que les responsables de cet attentat "ne seront pas épargnés". "Nous ferons tout notre possible pour les arrêter", a-t-il encore assuré.

 

Le chef du Courant patriotique libre (CPL), le général Michel Aoun, a, lui, dénoncé "un crime organisé". M. Aoun a appelé les Libanais à "faire preuve de solidarité, de patience et de sagesse", les mettant en garde contre le piège de la violence. Et le député d'ajouter : "Nous n'accusons personne au moment du crime, nous attendons les résultats de l'enquête".

 

Un peu plus tard, le Hezbollah a dénoncé un "crime odieux visant à déstabiliser le Liban et à saper l'unité nationale".

 

La Syrie a, pour sa part, condamné l'attentat, le ministre de l'Information dénonçant un acte "lâche" et "terroriste", selon l'agence officielle Sana. "Ces attentats terroristes sont injustifiables où qu'ils se produisent", a ajouté le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, cité para Sana.

 

La Syrie est l'ancienne puissance de tutelle au Liban et a été pointée du doigt pour la série d'assassinats de personnalités libanaises hostiles à Damas en 2005 et 2008, notamment celui de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.

 

La tension est toujours vive au Liban, théâtre d'incidents sécuritaires fréquents, sur fond de crise syrienne. La scène politique libanaise est divisée entre partisans et opposants au régime de Bachar el-Assad.

 

Le 12 septembre dernier, des médias locaux avaient affirmé que les renseignements des FSI possédaient un enregistrement d'une discussion entre Michel Samaha et l'ancien directeur générale de la Sûreté générale Jamil Sayyed. Selon la LBC, cette discussion aurait été enregistrée lors d'un voyage des deux hommes, en voiture, de Damas à Beyrouth. Le matériel ayant permis l'enregistrement aurait été placé dans le véhicule que M. Samaha utilisait pour transporter des explosifs.

 

(Pour mémoire : Après l’arrestation de Samaha, la vengeance du régime syrien...) 

 

Fin août, Jamil Sayyed s'en était pris verbalement au général Wissam el-Hassan, "qui répand dans les médias des informations sur ma présence dans le véhicule de Michel Samaha au poste frontalier de Masnaa".

 

Wissam el-Hassan était le responsable de la sécurité de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri lors de son assassinat, ce qui a fait de lui brièvement un des suspects du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Cependant, aucun lien avec l’assassinat n’a été prouvé et M. Hassan est resté proche du Courant du Futur de M. Hariri et du directeur général des FSI, Achraf Rifi.

 

En janvier 2011, un attentat visant le colonel Hassan avait été déjoué à Achrafieh.

 

 

Photo Sharif Karim/Reuters

 

 

Peu après l'explosion, la place Sassine était le théâtre de scènes d'angoisse et de panique. Des parents des employés de la Banque européenne du Moyen-Orient (BEMO), dont les vitres ont été soufflées, tentaient d'avoir des nouvelles de leurs enfants. "Où est Pierre", criait un homme. Une jeune femme de 25 ans sous le choc s'écriait "maman, maman" et recherchait sa mère dans les décombres.

 

(Voir notre diaporama : Le drame de la place Sassine en images)

 

Sur la place, les dégâts sont considérables. Les façades de plusieurs immeubles sont endommagées, des vitres ont été soufflées, et plusieurs balcons se sont purement et simplement effondrés. Un immeuble était en feu et les volontaires de la Croix-Rouge faisaient sortir des blessés, le visage ou le corps ensanglanté, selon des journalistes sur place.

La Croix Rouge a ouvert un hôpital de campagne dans le sous-sol d'un chantier situé près du lieu de l'explosion pour ys soigner les blessés légers, rapporte notre correspondante sur place.

 

A l'hôpital Hôtel Dieu, une femme blessée à l'oeil a raconté qu'elle se trouvait au 11e étage du bâtiment visé par l'explosion. "J'ai entendu une explosion extraordinaire. Passé le premier moment de surprise, nous avons commencé à descendre. Il y avait beaucoup de blessés et beaucoup de sangJe ne me souviens pas du reste", dit-elle.

Aux urgences règne une gigantesque pagaille, les proches des victimes tentant d'en savoir plus, et les médecins tentant de les contenir. Un homme en colère raconte que sa nièce est hospitalisée dans les locaux et qu'il a dû attendre longtemps avant d'obtenir la moindre nouvelle la concernant. 

 

 

Lire notre reportage

"Il y avait beaucoup de blessés et beaucoup de sang"

 

 

 

Quatre heures après la terrible explosion qui a eu lieu place Sassine, en plein coeur de Beyrouth, la cible de l'attentat a été déterminée : le directeur de la branche des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Wissam el-Hassan. Sa mort a été confirmée peu avant 19h par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).
 
La branche des renseignements...

commentaires (3)

Le donneur d'ordre étant assurément le régime "baassyrien", le porte-flingue ne peut être que libanais ou se prétendant encore en tant que tel ; ya hassértéhhh !

Antoine-Serge KARAMAOUN

04 h 27, le 20 octobre 2012

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Commentaires (3)

  • Le donneur d'ordre étant assurément le régime "baassyrien", le porte-flingue ne peut être que libanais ou se prétendant encore en tant que tel ; ya hassértéhhh !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    04 h 27, le 20 octobre 2012

  • Paix à l'âme de notre compatriote qui paie aujourd'hui le prix de nos divisions, car si nous étions unis, les ennemis du Liban ne pouvait avec cette facilité frapper un homme si haut placé et ce n'est guerre le premier hélas. Tout comme pour M. Hariri père, les spéculations vont aller bon train pour savoir qui de la Syrie ou d'israël sont derrière cet horrible assassinat et il est évident que chacun aura sa profonde conviction et la gardera pour soi car il est probable que l'on ne connaitra pas la vérité!

    Ali Farhat

    18 h 55, le 19 octobre 2012

  • De nouveau Achrafieh paie le prix des sacrifices et un lourd tribu , un spectacle de désolation , qui attend une réponse ferme de nos dirigeants impuissants . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    10 h 10, le 19 octobre 2012

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