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À La Une - Conflit

Les rebelles syriens infligent de lourdes pertes aux forces d’Assad

Brahimi et le roi saoudien discutent des moyens d'arrêter la violence en Syrie.

Des rebelles syriens lors d'une manifestation anti-Assad à Alep le 12 octobre 2012. AFP PHOTO/TAUSEEF MUSTAFA

Près d'une centaine de soldats syriens ont été tués jeudi, le bilan le plus lourd pour l'armée depuis le début du conflit il y a près de 19 mois en Syrie. Trente six d’entre eux ont péri dans la province d'Idleb (nord-ouest), où des combats intenses font rage entre armée et rebelles, qui ont pris ces derniers jours le contrôle de positions clés à Maaret al-Noomane et Saraqeb.

Ces positions permettent aux rebelles de contrôler deux tronçons de l'autoroute reliant Damas à Alep, théâtre d'une bataille cruciale depuis trois mois, où l'armée risque désormais d'avoir du mal à faire parvenir des renforts.

 

Avec une moyenne de 20 morts par jour, l'armée syrienne compte environ 10.000 soldats tués depuis le début de la révolte en mars 2011, et au moins autant de blessés, selon une source hospitalière. En août, cette source avait fait état de plus de 8.000 morts dans les rangs de l'armée.

 

Les violences se sont poursuivies vendredi avec une attaque rebelle à Khirba, dans la province de Deraa (sud), au cours de laquelle 14 soldats et six insurgés ont été tués, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un réseau de militants et de médecins.

 

Au total, les violences ont fait au moins 248 morts jeudi à travers la Syrie, selon le bilan quotidien de l'OSDH.

D'après l’ONG, ces six derniers mois ont été particulièrement meurtriers, puisque les deux-tiers des 32.000 morts depuis le début de la révolte ont été tués durant cette période.

En moyenne, 24 civils (armés ou non), militaires et déserteurs ont péri chaque jour lors des 13 premiers mois de la révolte, contre 142 quotidiennement au cours des six derniers mois. Et ce bilan ne prend pas en compte les centaines de corps retrouvés mais non identifiés, ni la plupart des victimes au sein des chabbiha (miliciens pro-régime).

 

Scène de désolation dans un quartier dans le nord d'Alep.

Tauseef Mustafa/AFP

 

 

Damas accuse Ankara de "mensonge"

 

Parallèlement, la tension restait forte, voire s’accroissait, entre la Syrie et son voisin turc. Jeudi, la Syrie a accusé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan d'avoir menti en annonçant la découverte d'armes russes à bord d'un avion à destination de Damas.

 

Les rapports entre la Turquie -majoritairement sunnite, dirigée par un gouvernement islamo-conservateur, qui héberge les rebelles et réclame le départ du président Bachar el-Assad-, et la Syrie, gouvernée par une minorité alaouite (émanation du chiisme), sont devenus exécrables depuis que cinq civils turcs ont été tués le 3 octobre par un obus syrien à la frontière.

Ils se sont encore envenimés après l'interception mercredi en Turquie d'un avion de ligne syrien assurant la liaison Moscou-Damas. M. Erdogan a affirmé jeudi que l'appareil transportait des "munitions" et du matériel militaire en provenance d'un fabricant russe.

Selon le quotidien russe Kommersant, il s'agit d'éléments de radar anti-missiles russes destinés aux batteries antiaériennes syriennes.

 

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a affirmé, pour sa part, que l'avion transportait du "matériel radar" tout à fait "légal".

"L'avion transportait une cargaison qu'un fournisseur russe légal était en train de livrer de manière légale à un client légal", a déclaré M. Lavrov, cité dans un communiqué du Kremlin, à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité russe consacrée notamment à la situation en Syrie.

Il s'agit de "matériel technique électrique pour des stations radar, un équipement à double usage (ndlr: civil et militaire), mais qui n'est interdit par aucune convention internationale", a précisé M. Lavrov.

"Il n'y avait et il ne pouvait y avoir aucune arme à bord de cet avion", a-t-il souligné.

M. Lavrov a par ailleurs indiqué que le fournisseur allait "réclamer la restitution de cette cargaison qui est sa propriété".

 

Le président français François Hollande a estimé jeudi qu'il existait un "risque" d'escalade entre la Syrie et la Turquie, dont il a salué la "retenue". Et le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, était attendu vendredi à Istanbul pour discuter de la situation à la frontière.

 

Le médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a, par ailleurs, entamé jeudi en Arabie saoudite une nouvelle tournée régionale pour tenter de trouver une issue au conflit.
Il a évoqué avec le roi Abdallah d'Arabie saoudite les moyens de faire cesser les violences en Syrie, a rapporté l'agence officielle Spa. L'entretien à Jeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, a porté sur "les moyens de faire cesser toutes les violences (...) et les violations des droits de l'Homme" en Syrie, a expliqué l'agence.
Dans un communiqué diffusé à New York, le porte-parole de M. Brahimi, Ahmed Fawzi, a indiqué que le souverain et le médiateur s'accordaient sur le fait que "la crise en Syrie s'aggrave de jour en jour".
Les deux hommes ont aussi souligné la "nécessité impérieuse" de faire cesser les combats et de fournir une aide humanitaire à 2,5 millions de Syriens affectés par le conflit et aux 348.000 réfugiés déclarés dans les pays voisins.

M. Brahimi a également rencontré le vice-ministre des Affaires étrangères, le prince Abdel Aziz ben Abdallah, fils du souverain saoudien, qui l'a exhorté à agir pour obtenir l'arrêt de "l'effusion du sang du peuple syrien".

 

 

Sur le plan humanitaire

 

Parallèlement, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) s'est dit "prêt", vendredi, à affronter l'hiver en Syrie et dans la région mais reconnaît avoir toujours beaucoup de difficultés à venir en aide aux personnes dans le pays en conflit.

 

Des réfugiés syriens à la frontière turque. Osman Orsal/Reuters

 

Les violences en Syrie ont démarré en mars 2011 mais pour le HCR la "crise des réfugiés" n'a démarré qu'au printemps 2012, a expliqué aux médias une porte-parole de l'organisation, Melissa Fleming.

Alors que l'hiver approche, "nous sommes prêts, nous avons des plans de contingence. Nous sommes très bien préparés", a-t-elle souligné. "Nous voulons être sûrs que la situation est vivable" pour les réfugiés, grâce notamment à la distribution de couvertures, a-t-elle ajouté, précisant par ailleurs que le HCR prévoit de dépenser 64 millions de dollars pour mener à bien ce plan hivernal.

 

En Jordanie, où le HCR estime qu'il y aura 250.000 réfugiés d'ici la fin 2012, l'organisation va notamment distribuer en novembre et décembre une aide financière supplémentaire aux familles les plus vulnérables.

 

En Turquie, où se trouvent 170.000 réfugiés, 96.000 d'entre eux sont installés dans sept camps qui sont gérés par les autorités turques.

 

Au Liban, les Syriens ont trouvé refuge dans des familles d'accueil mais d'autres sont obligés de louer des appartements dont les prix sont très élevés, déplore le HCR qui va allouer 14,1 millions de dollars pour aider ces personnes durant l'hiver.

 

Dans la presse

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