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À La Une - Éclairage

Après la banlieue sud, la Békaa...

Le déjeuner qui a regroupé récemment le président de la Chambre Nabih Berry et le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, ne s’inscrit pas dans le cadre des rencontres protocolaires habituelles entre les responsables. Il s’agit d’une initiative voulue par le président Berry pour non seulement exprimer ses remerciements et son respect pour l’armée et son commandement, mais aussi pour transmettre un message clair d’appui à la troupe. Ce déjeuner est intervenu au moment où l’armée est en train de mener une grande opération sécuritaire dans la banlieue sud qui a même provoqué la mort d’un officier, Abbas Jomaa, que Nabih Berry connaissait personnellement. Ce dernier a été tué par le fameux Mohammad Karaki alias Antar, une sorte de caïd dans la banlieue sud qui avait commencé par s’enrôler dans le FPLP, avant de rejoindre les rangs d’Amal, puis de s’établir à son propre compte, au point d’être surnommé « le roi des fraudeurs ».
En déjeunant avec le général Kahwagi, Nabih Berry a donc voulu montrer à tous, les proches et les rivaux, que l’opération de l’armée dans la banlieue a le plein appui du mouvement Amal et du Hezbollah. Ces deux formations ne veulent plus assumer les responsabilités de la sécurité dans les régions qu’elles contrôlent politiquement, et il ne s’agit pas d’une déclaration de pure forme, mais d’un engagement véritable à laisser l’autorité à l’État et à ses institutions. Les milieux proches du président de la Chambre annoncent aussi que la prochaine étape sera la Békaa, où l’armée est invitée à établir son autorité. Une réunion élargie a d’ailleurs eu lieu entre les différents chefs des municipalités de la Békaa pour préparer le déploiement de l’armée dans ce mohafazat et montrer que les voyous ne doivent plus bénéficier de la moindre couverture politique et confessionnelle. Selon les milieux proches du président de la Chambre, même les chefs de clan (encore très puissants dans certaines régions de la Békaa et du Hermel) ont été informés de la nécessité d’appuyer le rétablissement de l’autorité de l’État et de ne plus couvrir les auteurs d’infractions. C’est ainsi d’ailleurs que l’opération de destruction des cultures illicites va se poursuivre et qu’il n’est pas question pour l’armée et les forces de l’ordre de conclure des compromis avec les agriculteurs ou de fermer les yeux. C’est en tout cas le message que souhaite délivrer le président de la Chambre, dont les proches estiment que l’insécurité avait atteint des seuils inacceptables posant aux habitants de la Békaa et de la banlieue sud un véritable problème. La vague d’enlèvements n’est que la partie visible de l’iceberg, qui cache aussi le racket pur et simple des citoyens, ainsi que les manœuvres d’intimidation et le règne de groupes non identifiés.
Amal et le Hezbollah ont donc clairement décidé de s’en remettre à l’État et en particulier à l’armée qui, selon des sources militaires, mobilise quelque 20 000 soldats pour mener à bien cette opération. Une unité de l’armée a ainsi fouillé maison par maison la localité de Brital, une première dans l’histoire du Liban puisque cette localité avait toujours été considérée comme étant inaccessible pour les forces de l’ordre.
S’il faut en croire les milieux proches de Nabih Berry, le fait de réclamer à cor et à cri les forces de l’ordre dans la Békaa et dans la banlieue sud n’est donc pas une démarche politique de pure forme, et vise à montrer que contrairement aux affirmations du 14 Mars, ces deux formations sont pour le rétablissement de l’autorité de l’État. Elle s’inscrit aussi dans une volonté de répondre à l’attente des citoyens qui en ont assez d’être à la merci des pouvoirs parallèles, mais surtout elle se base sur le fait que tout projet de développement passe par la stabilité. Or, ces derniers temps, l’insécurité avait atteint un stade intolérable et certains propriétaires d’entreprises, notamment dans la Békaa, songeaient à fermer les portes de leurs usines par crainte des enlèvements et des demandes de rançons. Il fallait donc réagir, et c’est pourquoi Amal et le Hezbollah ont demandé sans équivoque à l’État d’instaurer son autorité sur les régions qu’ils contrôlent politiquement. Nabih Berry réclame aussi bien sûr des projets de développement pour la Békaa, mais ceux-ci ne peuvent être lancés sans un climat de sécurité.
La décision d’Amal et du Hezbollah d’appuyer clairement l’armée intervient aussi à un moment où le gouvernement a décidé pour la première fois depuis des années un plan pour l’achat d’équipements et d’armes à la troupe étalé sur plusieurs années. Le gouvernement a adopté le plan et cherche désormais à trouver les moyens de le financer. Des sources gouvernementales évoquent la possibilité de faire appel aux pays donateurs qui pourraient tenir une réunion dans un proche avenir. Ce qui pousse à croire que la mise en avant de l’armée n’est pas seulement dictée par des considérations de sécurité interne. Elle est tout simplement la concrétisation de la décision internationale de maintenir le calme au Liban et d’empêcher ce pays de subir les conséquences négatives de la crise syrienne. La visite du pape Benoît XVI a été aussi dans ce cadre une confirmation de l’importance de préserver la stabilité au Liban en cette période de tourmente régionale. Aux Libanais de faire le reste...
Le déjeuner qui a regroupé récemment le président de la Chambre Nabih Berry et le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, ne s’inscrit pas dans le cadre des rencontres protocolaires habituelles entre les responsables. Il s’agit d’une initiative voulue par le président Berry pour non seulement exprimer ses remerciements et son respect pour l’armée et son...

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