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À La Une - Religion

Le producteur copte du film anti-islam affirme n'avoir aucun regret

"J'ai un message pour le monde entier et pas seulement pour les musulmans. J'espère que vous verrez le film en entier avant de le juger".

Des journalistes installés devant le domicile de Nakoula Basseley Nakoula, un Egyptien copte résidant dans la banlieue de Los Angeles, et qui serait impliqué dans la vidéo islamophobe. David Mcnew/AFP

Un homme affirmant être le producteur d'un film dénigrant l'islam a déclaré n'avoir aucun regret concernant le tournage de ce film, "Innocence of Muslims" (L'innocence des musulmans), qui a déclenché une vague de protestations dans de nombreux pays musulmans, selon une interview diffusée par Radio Sawa.

 

"Non, je ne le regrette pas. Je suis attristé par la mort de l'ambassadeur (des Etats-Unis en Libye, ndlr) mais je ne regrette pas d'avoir fait" ce film, a déclaré l'homme se présentant comme Nakoula Basseley Nakoula, un copte de 55 ans habitant en Californie, à la station américaine en arabe Radio Sawa.

 

L'ambassadeur Chris Stevens et trois autres fonctionnaires américains ont trouvé la mort mardi lorsque des extrémistes armés ont attaqué le consulat américain à Benghazi, dans l'est de la Libye, lors d'une manifestation.

 

M. Nakoula aurait demandé la protection de la police après avoir été identifié par les médias mercredi soir.

"Je suis à l'origine de la fuite d'un extrait de 14 minutes du film que j'ai mis en ligne et je réfléchis à publier l'intégralité du film", a-t-il déclaré à Radio Sawa. "Personne n'a manipulé mon film", a-t-il affirmé.

A la question de savoir s'il se sentait coupable des violences anti-américaines déclenchées par le film, l'homme a déclaré : "Oui, je me sens coupable. L'Amérique n'est pas concernée par ce sujet et a subi les conséquences d'un film avec laquelle elle n'a rien à voir".

 

Après l'Egypte, le Yémen et la Libye, des protestations, parfois sanglantes et meurtrières, ont éclaté à travers tout le Moyen Orient et au-delà, y compris au Liban, au Bangladesh, au Soudan et en Afghanistan.

"J'avais publié en 1994 un livre (sur l'islam), cela a marqué certaines personnes qui m'ont demandé d'en faire un film, et c'est ce que j'ai fait" a-t-il déclaré. "J'ai un message pour le monde entier et pas seulement pour les musulmans. J'espère que vous verrez le film en entier avant de le juger".

Il s'est décrit comme "un penseur arabe qui s'intéresse aux sujets musulmans".

 

Ce film à faible budget et de piètre qualité cinématographique, "Innocence of Muslims" (L'innocence des musulmans), dénigre, selon les extraits diffusés, les musulmans, présentés comme immoraux et brutaux, ainsi que le prophète Mahomet.

 

Au delà de la question de la production, le mystère règne sur l'identité réelle du réalisateur du film. Certains médias estiment que Nakoula n'est pas que le producteur, mais également le réalisateur du film. D'autres médias avancent que le pamphlet est le travail d'un Israélien. Le réalisateur du film a initialement été présenté comme étant Sam Bacile, un cinéaste israélo-américain ou Israélien financé par des fonds juifs. Il se serait caché après le début des heurts en Egypte et en Libye.

 

Steve Klein, consultant pour le film a démenti toute implication des autorités israéliennes dans le film, et indiqué que M. Bacile -un pseudonyme, a-t-il reconnu- avait été mortifié à l'annonce de la mort de l'ambassadeur Stevens.

 

histoire d'opacifier un peu plus encore cette affaire, l'évêque copte de Los Angeles a déclaré aujourd'hui à Reuters que Nakoula Basseley Nakoula l'avait appelé jeudi démentant tout lien avec le film. "Il m'a dit qu'il n'était impliqué en aucune manière dans ce film. Je lui ai demandé : 'pourquoi ont-ils mis ton nom dessus?", a déclaré l'évêque Serapion à Reuters. Nakoula a répondu qu'il était avant tout victime d'une erreur d'identité de la part des médias.

 

Un autre ecclésiastique de Californie, le père Mauritius de l'Eglise orthodoxe copte de Saint-George à Bellflower, dit que Nakoula a cessé de fréquenter la paroisse il y a trois ans et qu'auparavant, il n'était pas très assidu. Il dit n'avoir aucune raison de croire que Nakoula ait des vues extrémistes.

 

Le diocèse copte de Los Angeles a publié un communiqué condamnant et niant tout lien copte avec la vidéo. "Les producteurs de ce film doivent être responsables de leurs actions", déclare le diocèse. "Le nom sacré de nos paroissiens ne doit pas être associé aux buts d'individus ayant des arrière-pensées.

 

Plusieurs tentatives de Reuters pour contacter Nakoula directement sont restées infructueuses. Il semble toutefois qu'au moins une scène de la vidéo puisse avoir été filmée à son domicile. Une porte montrée dans une scène ressemble énormément à la porte de la maison de Nakoula.

 

Un deuxième copte

Par ailleurs, un activiste copte de Virginie, Morris Sadek, qui dit avoir joué un rôle dans la promotion de la vidéo, a communiqué à Reuters le numéro de téléphone d'un homme qu'il a décrit comme le réalisateur. Or, ce numéro remonte au domicile de Nakoula. Ce numéro s'est avéré être celui d'un téléphone mobile à forfait pré-payé enregistré au nom d'un utilisateur qui partage le domicile de Nakoula. Dans un premier temps, ce numéro ne répondait pas. Il a semblé être ensuite déconnecté.

 

Hier, Morris Sadek s'était dit désolé après la mort de l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye. "L'expression d'une idée devrait être la seule réponse à une idée exprimée", avait-il déclaré, interrogé par Reuters, précisant qu'il ne considérait pas le film "L'innocence des musulmans" comme une insulte envers l'islam.

Morris Sadek a également dit à Reuters que son but en soutenant le film controversé était de mettre en lumière la discrimination dont sont victimes, selon lui, les coptes en Egypte.

 

 

Des soucis avec la justice

Aux Etats-Unis, Nakoula Basseley Nakoula a été condamné à 21 mois de prison suivi d'une mise à l'épreuve de cinq ans pour une affaire d'escroquerie bancaire en 2010. Il a été libéré en juin 2011 peu avant le début de la production de la vidéo. Nakoula était accusé d'avoir ouvert des comptes bancaires en utilisant des numéros de sécurité sociale qui ne correspondaient pas aux noms donnés pour les demandes d'ouverture, selon la plainte déposée au pénal.

D'après les termes de sa libération, Nakoula s'est vu interdire l'utilisation d'internet ou l'utilisation de pseudonymes sans l'approbation du responsable de son suivi post-judiciaire.

Il a été condamné à rembourser 790.000 dollars (600.000 euros) liés à l'escroquerie.

 

En 1997, il avait déjà été condamné à un an de prison pour détention illégale de méthamphétamine, une drogue synthétique.

 

 

Les circonstances de la production du film restent troubles

Par ailleurs, les circonstances de la production de la vidéo restent troubles. Une organisation à but non lucratif, Media for the Christ, qui gère un site internet chrétien en langue arabe, a obtenu un permis de tourner le 8 août 2011 dans un studio de Santa Clarita Valley, au nord de Los Angeles, a indiqué Paul Audley, président de Film L.A., l'agence qui traite les autorisations.

La zone abrite un site aménagé dans le style d'un village du Proche-Orient souvent utilisé dans les productions hollywoodiennes, a précisé Paul Audley.

 

La consultation de l'autorisation de tournage n'est plus accessible au public depuis jeudi pour des raisons liées à "l'ordre public", ont annoncé les autorités américaines.

 

Media for the Christ, basée à Duarte en Californie, se décrit comme un groupe chrétien évangéliste, selon des documents fiscaux. Un document fiscal de 2011 ne mentionne pas ses principaux donateurs. Ses responsables n'ont pu être joints et la porte d'entrée de ses bureaux à Duarte était fermée jeudi.

 

Par ailleurs, l'équipe du film a fait part de sa colère, mercredi, dans un communiqué publié par le Los Angeles Times. "Tous les acteurs et toute l'équipe sont bouleversés et ont l'impression d'avoir été exploités par le producteur", écrivent-ils.

 

"Nous sommes à 100% contre ce film et avons été grossièrement trompés sur ses intentions et objectifs. (...) Nous sommes choqués par les réécritures radicales du scénario et les mensonges proférés à toutes les personnes impliquées", ajoute le communiqué. "Nous sommes profondément attristés par les tragédies" survenues en Libye et en Egypte.

 

L'actrice Cindy Lee Garcia, qui joue une femme dont la fille est proposée en mariage à Mohamet, a affirmé qu'elle ignorait que le film fût une propagande anti-musulmane, ajoutant que des dialogues avaient été doublés après le tournage. Selon elle, "il n'y avait rien sur Mahomet ou les musulmans" dans le film qu'elle a tourné.

"Tout cela me paraît irréel, c'est comme s'il ne restait rien de ce que nous avons tourné", a-t-elle dit à Reuters dans une interview téléphonique.

 

L'actrice a précisé que le film, qui aurait coûté 5 millions de dollars en partie versés par une centaine de donateurs juifs, avait été tourné durant l'été 2011 à l'intérieur d'une église proche de Los Angeles. "On m'a dit que c'était un film sur l'époque du Christ, il y a deux mille ans", a-t-elle précisé.

 

Cindy Lee Garcia a raconté que dans le film, le personnage qu'elle jouait était obligé dans une scène de remettre son enfant à un certain "Maître Georges".

L'actrice a ajouté que le producteur du film, qu'elle appelle Sam Bassil, était un homme âgé, les cheveux grisonnants, avec un accent. Il l'a payée avec un chèque. "Je lui ai téléphoné mercredi et lui ai demandé pourquoi il avait fait cela. Il m'a mis dans une situation affreuse, des gens sont tués à cause d'un film dans lequel je joue", a-t-elle dit.

Un homme affirmant être le producteur d'un film dénigrant l'islam a déclaré n'avoir aucun regret concernant le tournage de ce film, "Innocence of Muslims" (L'innocence des musulmans), qui a déclenché une vague de protestations dans de nombreux pays musulmans, selon une interview diffusée par Radio Sawa.
 
"Non, je ne le regrette pas. Je suis attristé par la mort de l'ambassadeur (des...

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