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À La Une - Crise

Un copte égyptien ayant soutenu le film anti-islam se justifie

L'Egypte entre colère et crainte de nouvelles tensions entre chrétiens et musulmans.

Un manifestant jette un cocktail Molotov en direction de la police égyptienne, lors de clashs sur la route menant à l'ambassade des Etats-unis au Caire, le 12 septembre 2012. Depuis mardi, les manifestations s’enchaînent contre un film-brûlot anti-Islam produit par un Israélien ou un Américano-israélien basé aux Etats-unis. Un copte de la diaspora fait partie de ceux qui soutiennent le film. REUTERS/Amr Abdallah Dalsh

Morris Sadek, un Égyptien copte réfugié aux États-Unis ayant soutenu le film à l'origine de violences anti-américaines dans le monde arabe, s’est dit désolé après la mort de l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, tué dans l'attaque du consulat américain à Benghazi par des islamistes.

 

"L'expression d'une idée devrait être la seule réponse à une idée exprimée", a-t-il déclaré, interrogé par Reuters, précisant qu'il ne considérait pas le film "L'innocence des musulmans" comme une insulte envers l'islam.

 

Selon les extraits diffusés sur le site YouTube, la première partie du film de Sam Bacile, un promoteur israélien habitant en Californie, selon certaines sources, un Américano-israélien selon d'autres sources, et qui serait actuellement à l'abri dans un lieu secret, est située à l'époque contemporaine. Elle montre un chrétien copte d'Egypte en train de fuir une foule agressive de musulmans. On voit ensuite la police égyptienne assister sans rien faire à la destruction par la foule d'un dispensaire où travaille un médecin chrétien, qui se met à expliquer à sa fille comment naît un "terroriste islamiste".

Les extraits suivants, où les acteurs jouent visiblement sur un fond d'images du désert, remontent plusieurs siècles en arrière, à l'époque de Mahomet, présenté comme un "bâtard" illégitime, un coureur de jupons qui manifeste également des tendances homosexuelles.

 

Morris Sadek, s'exprimant par téléphone des États-Unis où il réside, a également dit à Reuters que son but en soutenant le film controversé était de mettre en lumière la discrimination dont sont victimes, selon lui, les coptes en Egypte, où ils représentent 10% de la population.

Il incite surtout au visionnage de la première partie du film, durant laquelle se déroule une scène montrant des islamistes en train de saccager la clinique appartenant à un chrétien. "Je suis seulement (le dirigeant) d'une organisation copte qui a promu le film. Je ne suis intéressé que par la première partie du film qui montre la persécution des coptes", a déclaré le chef de file de la National American Coptic Assembly.

 

Par ailleurs, les médias américains indiquaient, dès mercredi soir, qu'un copte vivant dans la banlieue de Los Angeles, Nakoula Basseley Nakoula, était le responsable de la société de production du film et qu'il avait eu maille à partir avec la justice. Des documents judiciaires dont l'AFP a eu copie confirment que Nakoula Basseley Nakoula a été condamné à 21 mois de prison en 2010 pour escroquerie bancaire et qu'il résidait à Cerritos, dans la banlieue sud de Los Angeles.

 

Un journaliste de l'AFP s'est rendu mercredi soir au domicile de M. Nakoula, devant lequel étaient stationnés plusieurs véhicules de la police et du shérif de Los Angeles. Deux officiers du bureau du shérif sont restés dans la maison pendant plus d'une heure, et sont sortis sans faire de commentaire vers 21H00 locales (04H00 GMT).

La famille a refusé de parler aux quelques journalistes présents. Mais la porte d'entrée de la maison, ornée de deux fenêtres semi-circulaires aux motifs originaux, présentait une similitude flagrante avec une porte apparaissant dans plusieurs scènes du film, dont des extraits sont visibles sur internet.

 

En Egypte, l’affaire du film anti-islam fait craindre de nouvelles tensions entre musulmans et coptes.

 

Le film "Innocence of Muslims" est "offensant pour le prophète et immoral", a dit le gouvernement du Premier ministre Hicham Qandil dans un communiqué. "Tous les Egyptiens, musulmans et chrétiens, expriment leur rejet de cette insulte", a-t-il ajouté, alors qu'une manifestation islamiste a lieu mercredi devant l'ambassade américaine. Mardi soir, plusieurs milliers de personnes avaient déjà manifesté devant l'ambassade des Etats-Unis. Une manifestation au cours de laquelle le drapeau américain avait été remplacé par un étendard islamiste.

 

Et des heurts opposaient de nouveau jeudi matin devant l'ambassade des Etats-Unis au Caire des manifestants égyptiens protestant contre le film à la police qui a fait usage de gaz lacrymogène. D'après le ministère de la Santé, 13 personnes ont été blessées dans ces violences sporadiques qui ont commencé dans la nuit.

 

Le président Mohamed Morsi a souhaité de son côté que "toutes les mesures légales contre les producteurs" du film soient prises, a indiqué l'agence officielle Mena. Le gouvernement a parallèlement demandé au "grand peuple d'Egypte de faire preuve de retenue dans l'expression de sa colère", au lendemain

 

Mercredi, l'Union des jeunes de Maspéro, qui regroupe de jeunes chrétiens d'Egypte, avait appelé à manifester en signe de solidarité avec les musulmans, mais en fait ce sont quelque 200 à 300 islamistes qui se sont retrouvés devant l’ambassade, scandant "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand). Certains brandissaient une chaussure avec une croix peinte sur la semelle en signe d'hostilité aux chrétiens. Un important dispositif policier était déployé devant la mission diplomatique.

 

L'Union des jeunes de Maspéro a souligné que "les Coptes qui ont pris part à la production du film incriminé ne sont pas représentatifs de la grande majorité des Coptes. Ils ne représentent ni le christianisme ni l'église, ni les Coptes de la diaspora".

 

Les chrétiens d'Egypte représentent quelque 6 à 10% des 82 millions d'habitants, et dénoncent régulièrement des discriminations et des violences parfois meurtrières à leur encontre.

 

L'élection en juin dernier d'un président islamiste, Mohamed Morsi, a aggravé les craintes de cette communauté, malgré les assurances du nouveau chef d'Etat d'être "le président de tous les Egyptiens".

"Nous sommes nerveux en ce moment. En fait, nous le sommes depuis que les islamistes sont au pouvoir", a affirmé à l'AFP Hani Ramses, un membre de l'Union des Jeunes de Maspéro. "Le président (Morsi) doit rassurer toutes les minorités et tous les Egyptiens (et leur dire) qu'ils seront respectés, que leurs biens et leurs lieux de culte seront respectés", a-t-il ajouté.

 

Les chrétiens veulent aussi "que l'on trouve les Coptes qui sont derrière cela et que l'on cesse d'accuser les Coptes en général", qui dans leur immense majorité "sont contre toute offense contre quelque religion que ce soit", a-t-il poursuivi.

 

Le mouvement des Frères musulmans, première force politique du pays, dont vient M. Morsi, appelle quant à lui à des manifestations pacifiques devant les mosquées partout dans le pays vendredi, jour de la traditionnelle prière des musulmans. La confrérie, qui pourrait chercher à récupérer l'émotion populaire mais aussi à la canaliser pour éviter qu'elle ne dégénère, invite "toutes les forces du pays" à se joindre à ces rassemblements "pacifiques" destinés à dénoncer "les insultes contre la religion et le prophète".

 

Morris Sadek, un Égyptien copte réfugié aux États-Unis ayant soutenu le film à l'origine de violences anti-américaines dans le monde arabe, s’est dit désolé après la mort de l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, tué dans l'attaque du consulat américain à Benghazi par des islamistes.
 
"L'expression d'une idée devrait être la seule réponse à une idée exprimée", a-t-il...

commentaires (6)

Elie copte taire la vérité ...c'est parfois dangereux...

M.V.

12 h 50, le 13 septembre 2012

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Commentaires (6)

  • Elie copte taire la vérité ...c'est parfois dangereux...

    M.V.

    12 h 50, le 13 septembre 2012

  • "Sacré" copte !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    09 h 31, le 13 septembre 2012

  • Un côté uniquement manipule. Mais... lorsque au lieu de sa tête on pense avec son derrière, on se laisse être manipulés tout bêtement !

    SAKR LEBNAN

    08 h 22, le 13 septembre 2012

  • Un subversif sioniste, producteur et seul responsable du film en question, réussit à provoquer la violence de musulmans non éclairés. Tel était son son but. Il ne faut pas tomber dans le piège que ce criminel a tendu. Autorités civiles et religieuses ont le devoir d'en avertir.

    Halim Abou Chacra

    05 h 55, le 13 septembre 2012

  • Trop c'est trop! Là c'est la goute d'eau qui a fait déborder le vase... et qui sème le vent récolte la tempête, comme dit le vieil adage. Oui les réactions sont injustes mais quand on perd son calme, il arrive souvent que cela arrive. Y en a plus que marre des américains de ce qu'ils font dans et contre notre région et de ceux qui les acceptent et les suivent. Ceci dit, ne perdons pas de vue la raison pour laquelle ce film a été fait et si est-ce qu'il y a connivence des organisme de l'état américain avec ces faits ou pas... Qui cherche à pousser aux heurts entre musulmans et chrétiens, entre orientaux et occidentaux et surtout entre musulmans dits modérés et non modérés? En tout état de cause, la responsabilité est celle du gouvernement us qui doit mettre des limites aux agressions contre le sens du sacré religieux des autres, qui ne sont pas (encore peut-être) à même d'accepter ce genre critiques ou de "liberté d'expression" qui sont condamné par toutes les autorités religieuses et morales du monde. Pas touche aux coptes à cause d'un imbécile de copte sionisés et soudoyés qui vit aux usa... ce serait la plus grosse erreur commise.

    Ali Farhat

    05 h 52, le 13 septembre 2012

  • Nul ne pourrait légitimer des représailles sanguinaires et aveugles en tant que réponse à l'expression d'une opinion. Ce devrait être la priorité des priorités pour les chefs spirituels de toutes les religions de s'employer à éradiquer cette a-culture des esprits de leurs ouailles.

    Paul-René Safa

    04 h 24, le 13 septembre 2012

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