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À La Une - révolte

Syrie : violents combats à Homs, Alep et Damas

Paris et Londres d'accord pour "accélérer la transition" en Syrie.

Un sniper de l'ASL prêt à tirer contre les forces de Bachar el-Assad, le 2 septembre à Aelp. Youssef Boudlal/

De violents combats ont opposé jeudi des soldats et miliciens pro-régime à des rebelles qui ont attaqué des barrages dans la région de Homs, dans le centre de la Syrie, théâtre également d'affrontements meurtriers à Damas et Alep (nord).

A travers le pays, les violences ont fait jeudi au moins 78 morts - 33 civils, 29 soldats et 16 rebelles - selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un réseau de militants et de témoins.


Dans la province de Homs, au moins neuf soldats et quatre membres de "comités populaires" armés ont été tués et des dizaines de combattants pro-régime blessés dans des combats dans la région du Krak des Chevaliers, qui abrite le célèbre fort croisé, ainsi que dans Wadi al-Nassara (la Vallée des chrétiens), qui regroupe des villages chrétiens, a indiqué l'OSDH.


Les "comités populaires" sont des groupes de civils qui déclarent prendre les armes pour défendre leurs quartiers et leurs villages contre les rebelles.
"Quand vous avez des combats entre civils armés anti et pro-régime, c'est une guerre civile", a déclaré à l'AFP le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, en prévenant que ce phénomène était en augmentation.


Dans la banlieue sud-est de Damas, de "violents combats" opposaient les forces syriennes aux rebelles à un barrage de l'armée près de l'une des entrées du tombeau de Sayyida Zeinab, un important lieu de pèlerinage chiite, selon l'OSDH.
Des affrontements ont aussi eu lieu dans le quartier sud de Qadam, où deux civils, frères d'un chef rebelle, ont été découverts morts jeudi après avoir été enlevés mercredi soir à un barrage tenu par l'armée.
Une vidéo amateur postée sur YouTube par des militants montre les cadavres ensanglantés de deux hommes, dont l'un a la tête en partie explosée.

Dans le nord du pays, l'armée a repris mercredi le pont Barkoum, à 20 km au sud d'Alep, dont les rebelles s'étaient emparés il y a trois semaines, selon une source militaire. Situé sur l'autoroute Alep-Damas, ce pont contrôle l'accès à la région rurale du sud d'Alep. Trois tentatives des rebelles pour le reprendre ont depuis échoué.


Dans la ville même d'Alep, théâtre d'une bataille cruciale depuis la mi-juillet, l'armée cherche à asphyxier les insurgés en bombardant chaque jour leurs lignes d'approvisionnement.
Un général a affirmé à l'AFP ne pas douter de la victoire prochaine des forces gouvernementales. Pour lui, le plus dur a été accompli avec la prise le 9 août du quartier de Salaheddine et la conquête samedi des hauteurs de Seif al-Dawla, deux quartiers stratégiques de l'ouest.


Outre Alep et Damas, les bombardements par les forces du régime touchaient les provinces de Deraa (sud), Deir Ezzor, Idleb (nord-ouest) et Hama.

 

 

 

Poutine inflexible

 

Sur le plan diplomatique, le président russe Vladimir Poutine a appelé les pays qui participent avec la Russie à la recherche d'une solution au conflit en Syrie à "modifier leur position", dans une interview diffusée jeudi par la télévision Russia Today.

"Pourquoi la Russie seule devrait-elle réexaminer sa position ? Peut-être que nos partenaires dans le processus de négociation devraient eux aussi changer leur position", a estimé M. Poutine.

L'allié de Damas a souligné que "les événements des dernières années montrent que toutes les initiatives de nos partenaires ne se sont pas terminées comme ils l'avaient souhaité", en prenant notamment l'exemple de l'Afghanistan.

"Les Etats-Unis (puis leurs alliés) sont entrés en Afghanistan. Maintenant tous ne pensent qu'à une seule chose: comment en partir. Et que se passe-t-il dans les pays arabes, en Egypte, en Libye, en Tunisie, au Yémen. L'ordre et le bien-être y règnent ? Et quelle est la situation en Irak ?", a poursuivi M. Poutine.

 

Réagissant aux propos de M. Poutine, les Etats-Unis ont pour leur part assuré que leur relation avec la Russie était "forte", malgré des "désaccords" sur le conflit syrien, selon le porte-parole adjoint du département d'Etat, Patrick Ventrell.

 

Mercredi, les Etats-Unis, qui réclament avec les pays occidentaux un départ du président Assad, ont demandé à leur allié irakien qu'il fasse atterrir et fouiller les avions iraniens survolant l'Irak à destination de la Syrie, des sénateurs américains redoutant que ces appareils ne transportent des armes pour le régime de Damas.

 

Pour sa part, le président français François Hollande s'est dit jeudi à Londres en "plein accord" avec le Premier ministre britannique David Cameron pour "accélérer la transition politique" en Syrie. "Nous devons hâter, accélérer la transition politique" et aider l'opposition à se fédérer dans un gouvernement", a-t-il déclaré aux côtés de son hôte britannique.

 

Hier, ce sont les pays de la Ligue arabe, qui étudiaient de nouveau le dossier syrien. Dénonçant des "crimes contre l'Humanité" en Syrie, ils ont appelé le régime de Bachar el-Assad à cesser "immédiatement" les violences.

Face à une guerre civile chaque jour plus sanglante, la Ligue arabe, dont la Syrie a été suspendue de ses travaux, a dénoncé mercredi "la poursuite des violences, meurtres et crimes odieux que commettent les autorités syriennes et leurs milices alliées, les +chabbiha+, à l'encontre des civils syriens".

 

Le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé, en les qualifiant d'"ingérence flagrante dans les affaires intérieures du pays", les propos du président égyptien Mohamed Morsi, qui a appelé de nouveau, lors de la réunion de la Ligue, à un départ du régime actuel à Damas.

 

(Lire aussi : Morsi appelle Assad à "tirer les leçons de l’histoire récente" et Présidant la conférence ministérielle de la Ligue arabe, Mansour veut "accélérer" le dénouement de la crise syrienne)

 

L'organisation panarabe a par ailleurs exprimé sa "profonde inquiétude à propos de la situation humanitaire dramatique, alors que pour le seul mois d'août plus de 100.000 Syriens ont quitté le pays portant à 235.000 le nombre de réfugiés enregistrés dans les pays voisins depuis le début de la révolte en mars 2011, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

 

En Jordanie, qui a déjà accueilli 185.000 Syriens, le Premier ministre Fayez Tarawaneh, a déclaré jeudi que le flux croissant de réfugiés commençait à dépasser les capacités d'accueil, évoquant "un énorme poids" pour son pays.

 

 

L'UE s'active

 

C'est notamment pour évoquer le dossier humanitaire que l'Union européenne, qui cherche à affirmer son rôle dans la région et à préparer l'après-Assad, tiendra une réunion de ses ministres des Affaires étrangères vendredi et samedi à Chypre.

 

Les 27 doivent réfléchir aux moyens de soutenir les efforts du nouvel émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi. Ils veulent aussi "mieux structurer" leurs travaux avec l'opposition syrienne et "augmenter leur aide au peuple syrien et aux réfugiés tout en contribuant à la préparation d'une transition politique", selon la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

 

M. Brahimi doit se rendre "dans les prochains jours" au Caire pour sonder la Ligue arabe et à Damas pour connaître les intentions des autorités syriennes et jeter les bases de sa mission, après bientôt un an et demi d'une révolte qui s'est militarisée en raison de la répression, les violences faisant plus de 26.000 morts.

 


Enfin, dans un entretien avec  l'AFP, Mgr Béchara Raï, le patriarche maronite libanais, chef d'une des plus influentes Eglises catholiques orientales, a souligné que les chrétiens de Syrie n'étaient pas en faveur du régime mais attachés avant tout à la stabilité de leur pays.

 

 

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commentaires (2)

Un tueur de Tchétchènes protégeant encore ce tueur de Sains Syriens.

Antoine-Serge KARAMAOUN

12 h 31, le 06 septembre 2012

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Commentaires (2)

  • Un tueur de Tchétchènes protégeant encore ce tueur de Sains Syriens.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    12 h 31, le 06 septembre 2012

  • Il manque quelque chose dans cet article sur les déclarations de Poutine. Suivez les nouvelles ce soir. C'est qu'il a dit à la fin de ses déclarations aux Occidentaux de devoir protéger les responsables du régime dans tout changement qui surviendrait. Cela est LOURD de SENS ! Qu'on l'analyse...

    SAKR LEBNAN

    09 h 28, le 06 septembre 2012

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