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À La Une - Crise

Des Libanais découvrent à la télé le corps de leur mère en Syrie

"C'était une vision cauchemardesque, voir votre maman jetée dans la rue comme ça..."

Manal Chirri, une Libanaise du Liban-Sud, montre la photo de sa mère, Siham Salloum, 49 ans. Manal a découvert que sa mère était morte en regardant les images à la télévision du massacre perpétré à Daraya, en Syrie. Siham, qui résidait en Syrie depuis 2006, faisait partie des victimes.  AFP/MAHMOUD ZAYYAT

"On l'a enterrée dans un charnier sans que je puisse lui dire au revoir, pauvre maman chérie", s'écrie Manal, qui vit dans le sud du Liban. En regardant la télévision syrienne, elle a eu la stupeur de reconnaître sa mère parmi les victimes du massacre de Daraya, près de Damas.

 

Le week-end du 25-26 août, les corps de plus de 330 personnes ont été découverts dans cette banlieue de la capitale syrienne, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Régime et opposition se sont rejeté la responsabilité du massacre.

 

Siham Salloum, 49 ans, avait quitté son mari, Hassan Chirri, dont elle a eu trois enfants, pour se remarier avec un Palestinien. En 2006, alors que la guerre entre Israël et le Hezbollah faisait rage, elle a quitté le Liban pour s'installer avec son nouvel époux à Daraya.

 

"Elle nous a dit: +La vie est insupportable au Liban à cause de la guerre, en Syrie, c'est plus sûr+", affirme à l'AFP Katia, belle-fille de Siham, dans la maison familiale à Khirbet Selem, une localité chiite du sud libanais.

"Quelle ironie du sort, c'est la Syrie qui est en guerre aujourd'hui", ajoute-t-elle.

 

Le 26 août, Manal, la benjamine de 23 ans qui travaille comme interprète auprès du contingent français de la force de l'ONU (Finul), voit des jeunes s'émouvoir devant les images de cadavres diffusées par la télévision pro-régime ad-Dounia.

"En me joignant à eux, je vois soudain le gros plan sur le visage de ma mère puis sur son corps inerte. Je l'ai reconnue à son visage, son foulard, ses vêtements et j'ai crié +Maman ! c'est ma maman !+", se souvient cette femme mince vêtue de noir, le visage encore ravagé par la douleur.

"C'était une vision cauchemardesque, voir votre mère jetée dans la rue comme ça... J'ai piqué une crise de nerfs, je tremblais, puis je me suis effondrée par terre", ajoute-t-elle.

Son frère Mohammad, 26 ans, a ensuite vu sur YouTube le reportage, et le corps de sa mère.

 

Assise par terre, Manal porte sur son cœur un portrait de sa mère. "Je parlais avec elle chaque jour au téléphone, la priant de revenir au Liban en raison de la situation en Syrie", dit-elle.

Le 25 août, "j'ai appelé chez elle, mon demi-frère Wafik m'a dit qu'elle était sortie depuis le matin pour acheter des produits pour son épicerie", explique la jeune femme. "Je l'ai appelée sur son portable, elle n'a pas répondu".

 

A Daraya, localité qui jouxte des quartiers rebelles de Damas, l'armée syrienne a mené une offensive de plusieurs jours contre des rebelles. Les victimes ont été découvertes après cette offensive, mais les circonstances de leur mort restent floues et impossible à vérifier.

 

Selon l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de témoins, les victimes ont péri dans "des bombardements, des combats et des exécutions sommaires".

 

Citant des "connaissances à Daraya", Mohammad affirme que sa mère a été enlevée samedi avec son époux et d'autres habitants par des rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL), qui ont promis de les libérer le lendemain.

"Les rebelles s'apprêtaient à effectuer un échange de prisonniers avec l'armée du régime, mais l'opération a mal tourné", dit-il. "Il y a eu des bombardements et des combats, et les rebelles ont tué leurs otages", poursuit-il.

 

Les militants de l'opposition syrienne contestent cette version, assurant que les rebelles de l'ASL avaient enlevé trois officiers de l'armée mais aucun civil. "C'est un mensonge propagé par le régime pour justifier ce qu'il a fait à Daraya", affirme via Skype à l'AFP Abou Ahmad, un militant à Daraya.

"Beaucoup de gens étaient déjà morts dans les bombardements de l'armée avant même qu'elle ne lance l'assaut sur la ville", explique-t-il.

 

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