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À La Une - Crise

Syrie : L'armée aurait repris les quartiers chrétiens d'Alep

Les civils font face à une "terrible violence" dans la deuxième ville de la Syrie, affirme Amnesty International.

Les combats se poursuivent dans différents quartiers à Alep, le 23 août 2012. REUTERS/Youssef Boudlal

L'armée syrienne a repris jeudi aux rebelles les quartiers chrétiens du centre-ville d'Alep après deux jours d'une dure bataille, mais les combats faisaient rage ailleurs dans la métropole du Nord ainsi qu'à Damas et dans sa proche banlieue.

 

Les insurgés, qui s'étaient emparés d'une partie des quartiers chrétiens d'Alep, ont été chassés de Telal, Jdeidé et Sleimaniyé, très fréquentés avant le début du conflit en mars 2011 par les touristes attirés par les restaurants et les magasins d'artisanat, a raconté un habitant.

L'évêque grec-catholique d'Alep, critiqué pour ses positions favorables au régime, s'était enfui pour ne pas tomber aux mains des rebelles, selon cet habitant, joint par téléphone par l'AFP et qui a refusé d'être identifié.

 

"Les combats de lundi et mardi ont été très violents et ont duré de longues heures avant que l'armée ne parvienne à déloger les rebelles, en arrêtant des dizaines", a-t-il ajouté. "Des centaines d'Alépins des quartiers nettoyés sont descendus dans la rue à Telal jusqu'au quartier de Sleimaniyé pour exprimer leur joie et leur soutien à l'armée", selon lui.

"Nous avons vécu deux jours d'enfer", a dit à l'AFP Sonia, une habitante d'un quartier à majorité chrétienne du vieux centre touristique d'Alep.

 

Mais ailleurs dans Alep, les quartiers de Sakhour, Tariq Al-Bab, Boustane al-Kasr et Chaar ont été pilonnés à l'artillerie lourde, selon des militants. Des combats avaient également lieu à Salaheddine, principal bastion rebelle, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

Armée et rébellion avaient toutes deux affirmé avoir gagné du terrain à Alep. Un responsable de la sécurité y avait prédit "une longue guerre".

"L'armée essaie de constituer des carrés de sécurité", c'est-à-dire de tronçonner les quartiers en plusieurs secteurs en prenant le contrôle avec des hommes et des chars des rues principales et ensuite de "nettoyer chaque parcelle", selon une source de sécurité.

 

A 7 km au sud de Damas, de violents combats opposaient soldats et rebelles près de Daraya où une mère et ses quatre enfants ont été tués, selon l'OSDH.

 

La capitale syrienne est en outre soumise à un violent bombardement aux obus des chars déployés aux alentours de la ville que les troupes tentent de prendre d'assaut, a précisé l'OSDH.

 

Des affrontements avaient également lieu dans le quartier de Hajar al-Asswad à Damas, soumis à des bombardements de l'armée.

"Les soldats et les membres de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) jouent au chat et à la souris. L'armée du régime encercle le quartier et les combattants de l'ASL sont cachés, mais dès que les premiers avancent, les seconds sortent de leurs cachettes et ripostent", a expliqué le militant Omar al-Qabouni, membre des Comités locaux de coordination (LCC). Selon lui, "cette offensive vise à éliminer toute présence de l'ASL de la capitale. Mais cela ne se produira pas".

 

Parallèlement, des responsables irakiens ont indiqué que des avions de l'armée syrienne ont pénétré jeudi l'espace aérien irakien pour bombarder la ville-frontière syrienne de Boukamal tenue par les rebelles.

 

Selon un bilan provisoire de l'OSDH, 39 personnes ont péri jeudi à travers la Syrie (23 civils, 14 soldats et deux rebelles). Dix-neuf cadavres ont par ailleurs été découverts près et dans Damas.

Depuis le début de la contestation qui a pris une tournure violente face à la répression menée par le régime, 24.495 personnes ont péri, dont 17.281 civils, 6.163 soldats et 1.051 déserteurs, selon le dernier bilan fourni par l'OSDH. En quinze jours, plus d'un millier de personnes sont mortes, notamment à Alep.

 

Par ailleurs, Amnesty International a affirmé que les civils faisaient face à une "terrible violence" à Alep, accusant le régime de viser de façon indiscriminée les quartiers résidentiels sous contrôle rebelle et non des objectifs militaires ciblés.

"Le recours à des armes manquant de précision, comme les bombes non guidées, les tirs à l'artillerie et au mortier par les forces gouvernementales ont fortement augmenté le danger pour les civils", a déclaré Donatella Rovera, conseillère d'Amnesty International de retour d'Alep.

 

"Un grand nombre de civils non impliqués dans les hostilités, parmi lesquels beaucoup d'enfants, ont été tués ou blessés", selon elle. Certains ont péri dans les endroits où ils s'étaient réfugiés ou en faisant la queue pour acheter du pain. L'ONG souligne par ailleurs une forte hausse des exécutions sommaires et extrajudiciaires de civils de la part du régime.

 

"Il est honteux que la communauté internationale demeure divisée sur la Syrie, au mépris des preuves sur l'ampleur et la gravité des violations des droits de l'Homme, alors que les civils payent le prix", affirme Amnesty.

 

Les divisions entre le camp russo-irano-chinois qui soutient le régime Assad et celui des Occidentaux et de pays arabes qui veulent sa chute, empêchent un règlement du conflit et même selon l'ONU une meilleure aide humanitaire aux réfugiés.

 

Lors d'un entretien téléphonique mercredi soir, le Premier ministre britannique David Cameron et le président américain Barack Obama ont souligné que "l'utilisation, ou la menace d'utilisation d'armes chimiques" par le régime les obligeraient "à revoir leur approche", après que M. Obama a menacé d'une intervention militaire si ces armes étaient utilisées.

 

(Lire aussi : La panoplie d’agents chimiques de Damas "est assez robuste")

 

M. Cameron a aussi parlé avec M. Obama et le président français François Hollande de la meilleure façon de prolonger le soutien à l'opposition et ils ont jugé nécessaire de travailler "plus étroitement" pour "déterminer comment soutenir l'opposition et aider un possible gouvernement après l'inévitable chute d'Assad", selon Downing Street.

 

Ils ont exprimé leur vive inquiétude face à "la terrible aggravation" de la situation humanitaire en Syrie, où plus de deux millions de personnes ont besoin d'aide selon l'ONU. Le conflit a poussé en outre à la fuite des centaines de milliers de Syriens notamment dans les pays voisins. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a, pour sa part, annoncé aujourd'hui avoir invité les pays de la région concernés par l'affaire syrienne à participer à la réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l'ONU convoquée à New York le 30 août et consacrée à l'aide humanitaire.

 

Parallèlement, des responsables américains et turcs se sont réunis jeudi à Ankara pour jeter les bases d'un "mécanisme opérationnel" visant à préparer l'après Assad en Syrie. Le principe d'un tel mécanisme avait été décidé lors d'une visite à Istanbul, le 11 août, de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, dont le pays a annoncé vouloir accélérer la fin du régime de Damas.

 

Le chef de la diplomatie italienne Giulio Terzi a, par ailleurs, annoncé jeudi dans un journal la tenue "dans les prochains jours" à Rome de pourparlers internationaux sur l'avenir d'une Syrie post-Assad, qui réunira, ont précisé les services du ministre, des "hauts responsables" de pays partageant le même point de vue. 

 

Côté syrien, le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Meqdad a indiqué que Damas coopérera avec le nouvel émissaire international Lakhdar Brahimi afin de mettre en place "un dialogue national" au "plus vite".

 

Analyse

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L'armée syrienne a repris jeudi aux rebelles les quartiers chrétiens du centre-ville d'Alep après deux jours d'une dure bataille, mais les combats faisaient rage ailleurs dans la métropole du Nord ainsi qu'à Damas et dans sa proche banlieue.
 
Les insurgés, qui s'étaient emparés d'une partie des quartiers chrétiens d'Alep, ont été chassés de Telal, Jdeidé et Sleimaniyé, très...

commentaires (1)

La folie meurtrière du régime en place ,ne peut être justifié par aucune victoire militaire,car l'auto-suicide d'un régime finissant , n'est certainement pas une victoire...

M.V.

09 h 23, le 23 août 2012

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Commentaires (1)

  • La folie meurtrière du régime en place ,ne peut être justifié par aucune victoire militaire,car l'auto-suicide d'un régime finissant , n'est certainement pas une victoire...

    M.V.

    09 h 23, le 23 août 2012

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