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À La Une - Violences

L'Onu s'inquiète des retombées du conflit syrien au Liban

Calme précaire à Tripoli, le cessez-le-feu tient à un fil.

Des combattants sunnites dans le quartier de Bab el-Tebbaneh à Tripoli (Liban-nord) le 22 août 2012. Photo AFP

Un calme précaire régnait mercredi soir à Tripoli (Liban-nord) après l'annonce d'un cessez-le-feu et du déploiement de l'armée dans les deux quartiers historiquement rivaux de Bab el-Tebbaneh (à majorité sunnite et antirégime syrien) et Jabal Mohsen (majoritairement alaouite et pro-Assad) et dans la rue de Syrie qui les sépare, selon l'Agence nationale d'information (ANI).

 

Le porte-parole du Parti arabe démocratique, Abdel Latif Saleh a confirmé à l'ANI la présence de l'armée à Jabal Mohsen et a assuré qu'il "n'y avait plus d'hommes armés dans les rues". 

 

En fin d'après-midi, le député Mohammad Kabbara a annoncé l'entrée en vigueur d'un "cessez-le-feu à partir de 17h30", au terme d’une réunion entre les différents responsables sécuritaires impliqués dans le conflit à Tripoli (Liban-nord).

 

Il a précisé que les discussions ont porté sur la mise en œuvre de ce cessez-le-feu et le redéploiement des troupes de l’armée libanaise dans les zones du conflit.

Selon l’Agence nationale de l’Information (ANI), le député a précisé que le Premier ministre libanais Nagib Mikati était en contact avec les participants à la réunion et a exprimé son soutien aux décisions prises.

 

Le député a indiqué que l’armée et les forces de sécurité sont responsables du maintien du cessez-le-feu et devraient riposter immédiatement dans le cas de nouveaux tirs. "L’armée libanaise et les forces de sécurité sont les seuls garants" de la stabilité du Liban a-t-il martelé.

 

Une première réunion s’était tenue mardi soir au domicile du député Kabbara pour tenter de mettre fin aux violences, mais elle n’avait pu imposer l'arrêt des combats.

 

Initiés lundi soir, les combats entre les hommes armés de ces deux quartiers pauvres, se sont poursuivis ce matin. Après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, l'on entendait encore des coups de feu et des explosions dans la ville.

 

Les affrontements à l'arme automatique et au lance-roquettes ont fait, en trois jours, au moins dix morts, selon des sources médicales citées par Reuters. Un garçon de 13 ans, Ali Ahmad Mahmoud, figure parmi les tués, a indiqué une source sécuritaire à l’AFP. Une femme, Mana Sayyed, a été atteinte à la tête par la balle d’un franc-tireur, dans son domicile à Bab el-Tebbaneh. Mardi soir, l'ANI a rapporté que le vice-président de la municipalité de Ghzayleh (Liban-Nord), Imad Ismaïl, a été tué par les tirs d’un sniper alors qu’il effectuait une visite chez ses proches, dans le quartier de Bab el-Tebbaneh, à l’occasion de la fête du Fitr.

 

L'AFP rapportait également que plus de 80 personnes ont été blessées.

Selon les sources hospitalières, 42 habitants du quartier sunnite ont été blessés. Parmi eux, un enfant de six ans, paralysé par une balle. 18 personnes ont été blessées à Jabal Mohsen. L'armée, censée séparer les protagonistes, compte 15 blessés dans ses rangs, selon une source militaire.

L'armée qui, mardi, a annoncé, dans un communiqué, être parvenue "à saisir une quantité de fusils, d'obus et de munitions".

L'AFP a précisé que neuf personnes ont été blessées par des tirs sporadiques qui se poursuivaient dans la soirée, selon des sources des services de sécurité.

 

 

Responsabilité nationale

Après l'annonce, par le député Kabbara, du cessez-le-feu, l'armée libanaise a appelé, dans un communiqué, les différents partis politiques du pays à ne pas se mêler du conflit. Les leaders politiques portent une "responsabilité nationale en ces temps difficiles", souligne le communiqué.

L'armée met également en garde contre toute tentation "de mettre de l'huile sur le feu et de profiter des tensions régionales pour régler ses comptes au niveau libanais".

 

"L'armée libanaise tient à préciser qu'elle ne s'est pas retirée, même pour un instant, des zones de conflit et continue à mettre en œuvre un plan militaire afin d'arrêter les violences", indique encore le texte. L'institution militaire a également précisé qu'elle étudiait ses prochains mouvements et actions afin d'empêcher que Tripoli ne se transforme en théâtre d'une guerre régionale. 

 

L'institution militaire a enfin indiqué avoir ouvert des canaux de discussion directs avec les responsables sécuritaires des parties impliquées dans le conflit tripolitain, à commencer par les responsables de Bab el-TEbbaneh et Jabal Mohsen.

 

 

Déclenchement des hostilités

Comme à l’accoutumée, les deux parties belligérantes se sont rejeté la responsabilité du déclenchement des hostilités. Selon la LBC, les accrochages ont débuté à la suite d’une rixe entre les enfants des deux quartiers, qui jouaient à la guerre avec des fusils en plastique. L’affaire a aussitôt dégénéré en combats entre adultes qui sont passés aux armes réelles.

 

Selon une seconde version relatée à L’Orient-Le Jour par un habitant de Tripoli, les combats ont débuté lorsque des enfants, qui jouaient dans un jardin public mixte se trouvant aux confins des deux quartiers alaouite et sunnite, ont été blessés par les tirs d’un homme armé qui venait d’entendre une information sur la mort de Maher el-Assad, le frère de Bachar.

 

Interrogé par l'AFP, Abou Mahmoud, 45, de Bab al-Tebbaneh, affirme que "le Parti arabe démocratique de Jabal Mohsen est un affidé du régime syrien et il fait ce que ce dernier lui demande".

 

Pour un autre combattant sunnite, qui ne veut pas donner son nom, "les gens d'en face agissent pour couvrir leur crime en Syrie et pour se venger de l'arrestation de Michel Samaha", un politicien libanais proche de la Syrie accusé d'avoir fait entrer des explosifs au Liban pour commettre des attentats.

 

"Il y a des différences de vues (avec nos adversaires) et nous ne cherchons pas à imposer nos idées à quiconque mais nous sommes prêts à nous défendre si nous y sommes contraints", répond, sur l'autre colline, un responsable alaouite, Ali Fidda.

 

Des incendies se sont déclarés dans plusieurs maisons et des voitures ont été endommagées dans les deux quartiers, selon les services de sécurité. Selon un correspondant de l'AFP, plusieurs immeubles dans cette zone ont été totalement abandonnés par les civils.

 

Réaction en chaîne

Parallèlement, les Nations unies ont appelé la communauté internationale à soutenir davantage le Liban face aux risques de déstabilisation liés aux retombées du conflit syrien.
"Des affrontements armés entre partisans et opposants du président syrien Bachar el-Assad au Liban ont mis en avant la nécessité d'une action internationale", a déclaré au Conseil de sécurité le responsable des affaires politiques à l'ONU Jeffrey Feltman.
"Alors que la crise en Syrie empire, la situation au Liban devient précaire et la nécessité d'un soutien international au gouvernement et aux forces armées libanaises est de plus en plus importante", a déclaré M. Feltman lors d'une réunion sur le Moyen-Orient.
"Les tensions internes et liées à la sécurité restent fortes et peuvent être facilement exacerbées par les événements syriens", a-t-il ajouté.

 

De son côté, la France s'est dite préoccupée par ces accrochages meurtriers entre sunnites et alaouites et a mis en garde contre toute importation du conflit syrien sur le territoire libanais. "Nous suivons avec attention l'évolution de la situation au Liban et souhaitons marquer notre préoccupation devant le nombre croissant d'incidents", a déclaré le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères Vincent Floreani.

 

Les Etats-Unis ont, eux aussi, exprimé leurs inquiétudes face aux violences au Liban. Le département d'Etat américain a dit craindre une "réaction en chaîne à partir de la Syrie".

 

Sur la scène locale, le Premier ministre Nagib Mikati s'est dit "inquiet des tentatives d'entraîner le Liban de plus en plus dans le conflit en Syrie, alors que ce qui est demandé à tous les responsables c'est de coopérer pour (...) protéger le pays". "Les autorités ont demandé à l'armée et aux forces de sécurité de prendre la situation en main, d'interdire toute présence armée et d'arrêter ceux qui sont impliqués dans les événements de Tripoli", peut-on lire dans le communiqué du Premier ministre.

"Aucun parti politique ne peut nier sa responsabilité face à ces incidents et leurs conséquences sur le pays. Nous allons continuer à assumer nos responsabilités en tant que gouvernement (…)", affirme-t-il encore.

 

 

Préserver la stabilité

Mardi, Najib Mikati avait déjà appelé l'armée et les forces de sécurité "à faire leur possible pour arrêter cette bataille absurde". "Nous avons à plusieurs reprises averti qu'il ne fallait pas se laisser entraîner" dans la crise en Syrie "mais il est clair que de nombreuses parties veulent précipiter le Liban dans ce conflit", avait également déclaré le Premier ministre, originaire de Tripoli.

S'adressant aux habitants, il les avait exhortés à ne "permettre à personne de (les) transformer en munitions dans la guerre des autres et à ne pas se laisser entraîner dans des combats dont les résultats ne sont que mort et destruction".

 

Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani a, de son côté, dénoncé, aujourd'hui, les violences à Tripoli, estimant que ce genre d’incidents pose un danger pour tout le Liban-Nord. "Nous appelons l’armée libanaise à faire son devoir en empêchant que la situation ne se dégrade dans cette région et afin de préserver la sécurité des habitants de Tripoli", a déclaré cheikh Kabbani.

 

Déjà vives, les tensions entre Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen se sont intensifiées depuis l'année dernière et le début du soulèvement populaire, majoritairement sunnite, en Syrie contre le président syrien Bachar el-Assad, issu de la minorité alaouite.

 

En mai et juin derniers, Tripoli avait déjà été le théâtre d'affrontements meurtriers entre les deux quartiers.

La révolte en Syrie exacerbe les tensions au Liban, qui a connu 30 ans d'hégémonie syrienne et reste profondément divisé entre adversaires et partisans du régime syrien.

 

Un calme précaire régnait mercredi soir à Tripoli (Liban-nord) après l'annonce d'un cessez-le-feu et du déploiement de l'armée dans les deux quartiers historiquement rivaux de Bab el-Tebbaneh (à majorité sunnite et antirégime syrien) et Jabal Mohsen (majoritairement alaouite et pro-Assad) et dans la rue de Syrie qui les sépare, selon l'Agence nationale d'information (ANI).
 
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commentaires (3)

Remercions l'onu pour sa gentillesse de s'inquiéter pour nous. Si l'on juge l'onu pour ce qu'il a fait pour les palestinien et de ce qu'il a fait de la Palestine, pour l'Irak et à tous les non occidentaux, vous savez ce qu'on a envie de dire à l'onu? Je ne le dirai point par respect du lecteur...

Ali Farhat

17 h 54, le 22 août 2012

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Commentaires (3)

  • Remercions l'onu pour sa gentillesse de s'inquiéter pour nous. Si l'on juge l'onu pour ce qu'il a fait pour les palestinien et de ce qu'il a fait de la Palestine, pour l'Irak et à tous les non occidentaux, vous savez ce qu'on a envie de dire à l'onu? Je ne le dirai point par respect du lecteur...

    Ali Farhat

    17 h 54, le 22 août 2012

  • Ce que les 24 charges explosives confiées à Samaha n'ont pu occasionner, les SBIRES perchés au dessus de Tripoli ont reçu l'ordre de l'accomplir. Que l'Armée sévisse sur ce nid de scoprions !

    SAKR LEBNAN

    14 h 34, le 22 août 2012

  • ouf... à quand la fin de oeil pour oeil, dent pour dent...

    Zacharie

    10 h 04, le 22 août 2012

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