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À La Une - Billet

La bourse ou la vie

« Y a-t-il un pilote dans l’avion? » Certains des passagers du vol d’Air France Paris-Beyrouth de mercredi soir ont peut-être eu présent à l’esprit ce titre du film américain loufoque de 1980. Non pas que la compétence du pilote soit mise en doute. Loin de là. Mais compte tenu de l’inqualifiable mésaventure qu’ont subie les voyageurs de ce vol, et qui ne s’est achevée qu’hier en fin de journée, il est permis de se demander si le commandant de bord ne débarque pas d’une autre planète... Réflexion qui s’applique d’ailleurs tout aussi bien à la direction générale d’Air France, à Paris...


Car estimer, dans le contexte explosif actuel en Syrie, que Damas est plus sûre que Beyrouth ne peut s’expliquer que par le (triste) fait que ceux qui ont pris la décision du déroutage en direction de la capitale syrienne sont totalement déconnectés des réalités (terrestres) du moment. Est-il concevable qu’ils ignorent que les dirigeants français ne cessent de stigmatiser haut et fort – à juste titre – les crimes perpétrés par le régime syrien ? Est-il envisageable qu’ils ignorent à ce point que plus de la moitié des Libanais sont en conflit ouvert depuis plusieurs années avec le pouvoir à Damas ? Est-il possible que le commandant ignorait que l’ambassadeur de France à Beyrouth était à bord ? Ou peut-être ceux qui ont pris cette décision d’atterrir à Damas ignoraient-ils que l’avion en question était un apparei... d’Air « France » ! Comment, de ce fait, la direction de la compagnie peut-elle faire preuve d’autant de légèreté en mettant en danger la sécurité non seulement de l’ambassadeur de France, mais aussi celle de nombre de Libanais présents dans l’avion? Sauf si cette direction ne prend pas la peine de suivre l’actualité, ou même d’écouter seulement les déclarations publiques des dirigeants français – Laurent Fabius en tête – pour réaliser que le pouvoir à Damas se comporte d’une manière bestiale et ne s’encombre d’absolument aucun scrupule lorsqu’il parvient à mettre la main sur toute personne qui se montre critique à son égard.


Le communiqué publié hier par la compagnie précise, certes, que l’objectif fixé était d’atterrir à Amman et qu’en route, le pilote a découvert qu’il n’avait pas suffisamment de kérosène et qu’il a donc été contraint d’opter pour Damas! En clair, ce que la direction nous dit là c’est qu’il n’existe pas à bord de l’avion un système de jaugeage qui permet de déterminer la quantité de kérosène restant dans l’appareil ... Ou encore que le commandant est novice et qu’il ne pouvait pas évaluer la distance entre Beyrouth et Amman ...


Mais indépendamment de ces considérations, l’histoire ne dit pas pourquoi, au départ, l’avion n’a pas atterri à Beyrouth, comme d’autres l’ont fait d’ailleurs, alors que les dérapages sécuritaires survenus mercredi n’étaient pas plus dramatiques que d’autres incidents similaires qui se sont malheureusement multipliés ces derniers temps sur la route de l’aéroport. En quoi les gesticulations miliciennes auxquelles les Libanais sont devenus accoutumés sont-elles pour la direction d’Air France plus dangereuses que la situation de guerre et la déraison meurtrière qui sévit à Damas ? Et nul n’a encore expliqué pour quelle raison l’avion n’a pas été dérouté vers Larnaca plutôt que Amman et Damas...


Quant à la trouvaille de faire payer aux passagers le prix du kérosène pour que l’avion puisse continuer sa route (sic ! ), elle constitue rien moins qu’une initiative surréaliste, digne des films de Louis de Funès les plus loufoques ... Elle est sans conteste un précédent vaudevillesque à inscrire au registre de la direction de la compagnie, une première dans toute l’histoire de l’aviation internationale. Au prochain déroutage, les passagers seront sans doute priés de payer les heures supplémentaires des membres de l’équipage... Il suffit de faire preuve d’un peu d’imagination...

« Y a-t-il un pilote dans l’avion? » Certains des passagers du vol d’Air France Paris-Beyrouth de mercredi soir ont peut-être eu présent à l’esprit ce titre du film américain loufoque de 1980. Non pas que la compétence du pilote soit mise en doute. Loin de là. Mais compte tenu de l’inqualifiable mésaventure qu’ont subie les voyageurs de ce vol, et qui ne s’est achevée...

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