Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

"Atmosphère de chaos" dans Beyrouth sur fond de guerre syro-libanaise des otages

Le clan Mokdad enlève des Syriens, un Turc et un Saoudien au Liban et menace de viser des personnalités libanaises ; Riyad, Doha et Abou Dhabi appellent leurs ressortissants à quitter Beyrouth...

Des membres cagoulés de la branche armée du clan Mokdad posant devant des photographes à Beyrouth. STR/

Un puissant clan chiite libanais a revendiqué mercredi le rapt d'au moins 30 Syriens au Liban, présentés comme des membres de l’Armée syrienne libre (ASL, rebelles syriens), pour tenter de les échanger contre un des leurs enlevé cette semaine en Syrie.

 

"Nous avons enlevé, à Beyrouth et dans la plaine de la Bekaa, 33 Syriens, dont un capitaine de l'Armée syrienne libre qui était soigné dans un hôpital, pour obtenir la libération de notre parent Hassan, 40 ans, enlevé avant-hier en Syrie", a déclaré à l'AFP Hathem al-Mokdad, porte-parole du clan.

"Demain, il y en aura peut-être 50 car c'est le seul moyen de préserver la vie de Hassan, et ceux qui ont ordonné ce rapt le paieront cher", a-t-il ajouté, précisant qu'il refusait toute médiation, à l'exception d'une intervention du Comité international de la Croix rouge (CICR) et du chef de l'armée libanaise.

 

Le conseiller politique de l'ASL, Bassam el-Dada, a indiqué, dans un entretien avec la chaîne de télévision al-Jadeed, que "ce sont des réfugiés syriens qui ont été enlevés au Liban et non des membres de l'ASL".

 

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a, pour sa part, exprimé "sa consternation devant l'enlèvement d'un grand nombre de citoyens syriens qui ont fui vers le Liban pour y trouver refuge en raison de l'oppression sanglante qu'ils subissent dans leur pays".

Les militants anti-Assad présents au Liban ont appelé sur Facebook leurs compatriotes à ne pas sortir de chez eux et à éviter les quartiers théâtres d'affrontements communautaires.

 

Dans le même temps, un des Syriens enlevés par "la branche militaire de la famille el-Mokdad" a avoué être financé par le député libanais Khaled el-Daher, membre du bloc du Courant du futur, selon la télévision libanaise al-Mayadine.

L'otage a appelé l'Armée syrienne libre à le libérer et à relâcher les otages qu'elle détient en Syrie. Parallèlement, la famille el-Mokdad a menacé le député Daher. "Vous avez des comptes à nous rendre", ont lancé des représentants de la famille lors d'un entretien télévisé.

 

Il y a quelques jours, un groupe rebelle syrien a revendiqué le rapt de Hassan al-Mokdad, l'accusant d'être un franc-tireur et un membre du Hezbollah, le mouvement chiite libanais qui soutient le régime syrien de Bachar el-Assad.

 

"Ce n'est ni un tireur embusqué, ni un membre du Hezbollah. Sa femme ne porte même pas le voile. Toutes ces accusations sont des mensonges. Notre demande n'est pas politique. Il s'agit d'une question humanitaire", a déclaré Abou Ali al-Mokdad. Le Hezbollah a également démenti que Hassan était l'un de ses membres.

 

Dans une interview avec al-Mayadine, il a par ailleurs menacé d'avoir recours à "des actions supplémentaires si Hassan n'est pas libéré. Tous les Syriens du Liban sont des cibles légitimes", a-t-il averti.

 

Dans une déclaration télévisée, un membre de la "branche armée" du clan Mokdad a également assuré que son groupe détient une "large base de données comportant des noms importants de nouvelles cibles au Liban et dans la région". "Nous avons les noms de toutes les personnes impliquées dans l’enlèvement de Hassan, ainsi que ceux qui hébergent des combattants de l’ASL que ce soit à Aley, à Tripoli ou dans l'Iklim al-Kharroub", a encore dit l’homme dont le visage était dissimulé par une cagoule.

 

 

 

Deux des 30 Syriens enlevés par le clan Mokdad dans la banlieue-sud

de Beyrouth. Abbas Sabbagh/AFP

 

 

Un Turc et un Saoudien

Dans l’après-midi, la "branche armée" de la famille Mokdad a par ailleurs affirmé avoir capturé un ressortissant turc à Beyrouth. "Il était ici pour affaires, il est arrivé aujourd'hui et a été enlevé à proximité de l'aéroport", a précisé un diplomate au Liban à Reuters.

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Adnane Mansour, a appelé les Mokdad à libérer le ressortissant turc, mais ces derniers ont affirmé qu'"aucune force sur Terre ne pourra le libérer tant que Hassan n'est pas rentré au Liban".

 

Hatem al-Mokdad, l'un des frères de l'homme enlevé à Damas a par ailleurs confirmé à Reuters la présence d'un ressortissant saoudien parmi les personnes kidnappées par son clan.

 

Dans ce contexte, les mesures sécuritaires ont été renforcées aux alentours des ambassades de Turquie, du Qatar et d'Arabie saoudite au Liban, a annoncé la chaîne de télévision LBC.

 

En outre, l'ambassadeur saoudien au Liban, Ali al-Assiri, qui se trouve dans son pays, a demandé à tous ses concitoyens de quitter immédiatement le Liban après "des menaces très claires contre eux", selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Les Emirats arabes unis et le Qatar ont également appelé mercredi leurs ressortissants à quitter "immédiatement" le Liban. 

Au cours des derniers mois, ces trois pays du Golfe ont lancé plusieurs avertissements à leurs ressortissants, leur demandant d'éviter de se rendre au Liban, de le quitter quand leur présence n'était pas nécessaire ou du moins d'informer les ambassades de leur lieu de résidence.

 

 

Mikati et Sleiman condamnent

Interrogé par l'AFP, un haut responsable de la sécurité n'a pas voulu commenter. "Nous travaillons sur cette affaire", a-t-il dit.

 

Dans un communiqué, le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a condamné les enlèvements, jugeant qu'ils rappelaient la guerre civile qui a divisé le pays entre 1975 et 1990. "Ce n'est pas la bonne manière de résoudre l'enlèvement d'un ressortissant libanais en Syrie", a-t-il déclaré.

 

"Répandre le chaos dans le pays ne mènera pas à la libération des otages, a déclaré, de son côté, le président Michel Sleiman, après une réunion avec les différents organismes sécuritaires libanais. "Au contraire, le chaos pourrait causer du tort à nos proches (enlevés en Syrie, NDLR) et menace la souveraineté de l'Etat". Il a également affirmé vouloir "interdire les coupures de routes au Liban" et "protéger les bâtiments des ambassades étrangères, notamment celles de l'Arabie saoudite, de la Turquie et du Qatar".

 

 

Pèlerins chiites 

Parallèlement, plusieurs sources médiatiques libanaises ont affirmé mercredi soir que quatre des onze pèlerins chiites libanais enlevés il y a trois mois en Syrie ont été tués dans un bombardement de l'armée de l'air syrienne contre la localité d'Azaz près d'Alep (nord de la Syrie). Certaines chaînes de télévision avaient annoncé la mort des onze pèlerins dans ce bombardement qui a fait plus de 20 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

En réaction à cette annonce erronée, des dizaines de Syriens ont été harcelés ou enlevés et leurs biens vandalisés mercredi soir au sud de Beyrouth, a annoncé l'agence de presse officielle libanaise. "Une atmosphère de chaos règne" à la lisière de Choueifat et Hay Saloum, dans une zone chiite de la banlieue sud de la capitale, a affirmé l'ANI.

"Les parents et les voisins des Libanais enlevés en Syrie sont sortis dans les rues et ont commencé à harceler des Syriens et à vandaliser leurs biens après la diffusion d'informations non confirmées faisant état de la mort de quatre Libanais enlevés", a affirmé l'agence.

L'ANI a précisé que des hommes en armes étaient ensuite sortis dans les rues. "Certains ont vandalisé les magasins et détruit des voitures mises en vente dans des salles d'exposition. La situation était hors de contrôle".

 

 

Avion dérouté

Dans ce contexte, la compagnie Air France a dérouté mercredi soir vers la capitale jordanienne Amman l'un de ses vols à destination de Beyrouth, pour des "raisons de sécurité". Selon une source aéroportuaire à Beyrouth, "la direction d'Air France à Paris a pris cette décision après avoir reçu des informations selon laquelle la route de l'aéroport est bloquée par des manifestations". Des manifestants chiites ont bloqué la route de l'aéroport en brûlant des pneus, a-t-il dit.

 

Vue de la route de l'aéroport, mercredi soir. Khalil Hassan/Reuters 

 

Les onze pèlerins libanais ont été enlevés le 22 mai dernier dans la région d'Alep, alors qu'ils rentraient en bus au Liban après un pèlerinage en Iran. Un groupe jusqu'alors inconnu, les "Révolutionnaires de Syrie-Province d'Alep", a revendiqué fin mai ce rapt.

 

Le 7 août, le porte-parole des familles des pèlerins, cheikh Abbas Zougheib, a accusé Ankara de protéger les ravisseurs des pèlerins chiites en Syrie, et menacé de kidnapper des ressortissants turcs à Beyrouth.

 

 

Un autre Libanais enlevé en Syrie

Par ailleurs, toujours en Syrie, le Libanais Mohammed Mansour est porté disparu depuis la semaine dernière, a rapporté mercredi l'ANI. L’homme, originaire du village de Maaroub, dans le caza de Tyr (Liban-Sud), a été enlevé par des inconnus alors qu’il faisait ses courses dans un quartier de Damas, a affirmé le père de la victime à l’ANI, appelant les responsables libanais à œuvrer pour la libération de son fils.

 

Le conflit en Syrie divise profondément le Liban voisin, pays à l'équilibre confessionnel très fragile, notamment entre des chiites qui expriment leur sympathie pour le régime alaouite - une émanation du chiisme - et des sunnites qui penchent pour les insurgés.

 

 

Lire aussi

Le régime syrien ordonne à ses alliés de faire pression pour libérer Samaha... par tous les moyens

 

Un puissant clan chiite libanais a revendiqué mercredi le rapt d'au moins 30 Syriens au Liban, présentés comme des membres de l’Armée syrienne libre (ASL, rebelles syriens), pour tenter de les échanger contre un des leurs enlevé cette semaine en Syrie.
 
"Nous avons enlevé, à Beyrouth et dans la plaine de la Bekaa, 33 Syriens, dont un capitaine de l'Armée syrienne libre qui était...

commentaires (10)

Tient encore une milice armée qui dicte ses conditions !... on est revenu dans le années 80',c'est tout de même bizarre ...combien de milices armées sont répertoriées? d'ou viennent leurs armes ?

M.V.

23 h 19, le 15 août 2012

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • Tient encore une milice armée qui dicte ses conditions !... on est revenu dans le années 80',c'est tout de même bizarre ...combien de milices armées sont répertoriées? d'ou viennent leurs armes ?

    M.V.

    23 h 19, le 15 août 2012

  • Allons donc ! Même les enfants savent que toutes ces actions et réactions sont impossibles sans la couverture, l'orientation et la supervision directes du Hezbollah. Cherchez le mot de passe et l'aval de Said Jalili, qui visitait l'Etat iranien tenu par le Hezbollah il y a moins d'une semaine.

    Halim Abou Chacra

    21 h 37, le 15 août 2012

  • çà y est,c'est le bordel...encore une tentative de mettre le feu aux poudres...allez Libanais,ne tombez pas dans le piège qu'ils vous tendent...la plus belle des résistances,en l'occurence,est la résistance de l'intelligence contre la connerie primaire et même primitive...lan naïch hamir...remballez vos armes,messieurs...nous ne la ferons pas,cette guerre que vous espérez...

    GEDEON Christian

    13 h 56, le 15 août 2012

  • Ceux qui croient que les enlèvements des uns et des autres affecteraient en leur faveur ce qui se passe en Syrie, sont dans l'erreur. Les comploteurs de tous les côtés ne seraient point affectés par les enlèvements ou même par des executions d'otages. Les complots sont plus grands et s'étendent à toute la région. Qu'ont-ils obtenus ceux qui ont enlevé les 11 pèlerins Libanais et Monsieur Mikdad ? RIEN ! Qu'obtiendraient ceux qui contre-enlèvent aujourd'hui ? RIEN ! Ils jouent, TOUS, sans le savoir, le JEU sioniste et autre qui veut provoquer une guerre Chiite/Sunnite dans le pays, et dans la région, pour donner libres mains aux menaces d'intervention dans la région. La SAGESSE doit régner et non les sentiments. Le gouvernement et tous les responsables Libanais doivent se réunir urgemment et arrêter l'HYSTÉRIE qui sévit. Libanais, tous les Libanais, au Nom de DIEU, ne vous laisser pas prendre dans les filets tendus...

    SAKR LEBNAN

    13 h 40, le 15 août 2012

  • La continuation de la guerre par d'autres moyens, il serait temps que les occidentaux allies des salafo wahabites arretent d'armer les mercenaires islamistes dans la region, la situation risquerait de depasser les limites du supportable. Sont ils aussi naifs pour croire que les choses tourneraient a leur avantage en fin de compte ?? Regardez derriere vous les resultats de ce qui se passe ailleurs. Eh bien le Liban et la Syrie ca sera different.

    Jaber Kamel

    12 h 20, le 15 août 2012

  • je viens d'entendre à la TV: Le ministre de l'intérieur fut interdit d'accès par la tribu MOKDAD dans la région de la banlieue sud !!! Idem pour l'armée...100% absente. Aucun ordre ne lui fut donné pour qu'elle rétablisse l'ordre L'ordre est établi par ces éléments armés L'armée " chaterine yefarjou roujoultone dans les rues de Jounieh, achrafieh et beyrouth? Partout ailleurs...BA777... Pshit et aucune trace P..tain de pays où les "familles" gèrent la sécurité Alors, vous m'excuserez mais je demande par le bials de L'OLJ que chaque "région" assure sa sécurité. Je demande une auto gestion dans les régions chrétiennes. Comme l'armée n'est pas fiable et ne peut pas défendre nos régions, il faudra que nous aussi pensions assurer notre sécurité. Je sais que demain, je serai mon premier contradicteur mais aujourd'hui, suite à ce que nous voyons, tellement dégouté, j'ai ce genre d'idées indépendantistes.

    Viken GARABEDIAN

    12 h 05, le 15 août 2012

  • C'est la République des Shirwalistes... des Collabobistes ... et des Mafiososistes... ( nouveaux pour le Robert...) et TOUS... des E.T. du huitième parallèle du globe de Mars !

    SAKR LEBNAN

    11 h 37, le 15 août 2012

  • L'avez-vous remarqué ? "La branche militaire" (!!) de la famille x et la branche militaire de la famille y et la branche militaire de la famille z etc.. !! Et chaque famille a son Don Corleone qui décide pour elle ce qu'elle doit faire, qui enlever, qui toturer, qui tuer !! Ce pays est entre les mains de maffias à n'en plus finir et avec un gouvernement fantoche comme on n'en a jamais vu et qui ne fiche rien !! Cela vous donne un dégoût mortel.

    Halim Abou Chacra

    07 h 37, le 15 août 2012

  • IL N'EST PAS BEAU LE MOIS SECURITAIRE M LE MINISTRE DE L'INTERIEUR??? Nous découvrons que "les tribus" (3achaer) au liban possèdent leur branche militaire!!!! Pauvre citoyen Lambda qui doit trembler de crainte lorsqu'il ne paie pas son PV ou sa quittance EDL alors que des familles possèdent carrément leurs branches militaires et font ce qu'elles veulent!!! En tout cas, ASSAD qui n'a pas pu "engager" le hezbollah pour perturber la situation sécuritaire; ASSAD qui a perdu l'un de ses hommes de main (Samaha) ..Cet ASSAD trouve le moyen par le biais de la tribu AL MOKDAD (avec qui le hezbollah n'est pas en si bon termes), le moyen d'importer la crise syrienne au Liban. Toute cette affaire serait la suite naturelle des projets concoctés par ASSAD. Samaha est grillé? bof, il en a d'autres...A mon avis, certains du Hezbollah sont de mèche avec les Mokdad et non la direction. Le hezbollah tout comme le CPL passent par une période où les dissensions internes devraient apparaitre bientôt. Les options "stratégiques" et positions à prendre vis à vis d'ASSAD étant la source du conflit.

    Jean-Pierre EL KHOURY

    07 h 22, le 15 août 2012

  • Œil pour oeil dent pour dent, ainsi le Liban s ' enlise dans la guerre civile syrienne sans le vouloir ,faute d'un gouvernement faible . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    07 h 17, le 15 août 2012

Retour en haut