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À La Une - Diplomatie

Les déclarations de Sarkozy sur la Syrie suscitent une polémique en France

Fabius affirme "attendre autre chose de la part d'un ancien président".

Les critiques implicites exprimées le 8 août 2012 par l'ancien président Nicolas Sarkozy contre l'immobilisme supposé de François Hollande, suscitent la polémique sur la scène politique en France.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a affirmé "attendre autre chose de la part d'un ancien président" après les critiques implicites de Nicolas Sarkozy contre l'immobilisme supposé de François Hollande sur le dossier syrien, dans un entretien paru jeudi dans le Parisien/Aujourd'hui.

 

"Je suis étonné que M. Sarkozy souhaite susciter une polémique sur un sujet aussi grave, alors qu'on attendrait autre chose de la part d'un ancien président", déclare M. Fabius.

 

Nicolas Sarkozy a surpris tout le monde en sortant de son silence mercredi pour évoquer la crise syrienne. Dans un très court communiqué commun publié mardi soir, l'ancien président français et Abdel Basset Sayda, président du Conseil national syrien - la principale coalition de l'opposition au régime de Bachar el-Assad - appellent à "une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres". Surtout, ils évoquent "de grandes similitudes avec la crise libyenne", dans laquelle la France avait été le fer de lance de l'opération internationale conduisant à la chute de Kadhafi.

 

Alors que l'ex-président a aussi rapproché les crises syrienne et libyenne, le chef de la diplomatie française estime que "sur le fond, la situation de la Syrie est très différente de celle de la Libye".

 

"D'abord, d'un point de vue géostratégique puisque la Syrie est entourée, comme chacun devrait le savoir, de l'Irak, du Liban (avec les conséquences sur Israël), de la Turquie et de la Jordanie", explique M. Fabius.

 

D'autre part, "les situations militaires ne sont pas du tout les mêmes : la Syrie dispose de stocks d'armes importants, notamment chimiques". "Les différences sont si manifestes qu'aucun pays n'a demandé ni souhaité une intervention militaire, ce qui n'était pas le cas pour la Libye. Tout ceci fait que je suis en effet surpris qu'on puisse avoir exercé d'importantes responsabilités et livrer une analyse aussi rapide...", ajoute-t-il.

 

Le ministre des Affaires étrangères s'interroge sur les raisons de l'intervention de Nicolas Sarkozy dans le débat : "est-ce que c'est (...) pour ne pas se faire oublier ? Est-ce que c'est parce qu'il n'a pas que des bons souvenirs avec Bachar el-Assad qu'il avait, avec un sens de l'anticipation particulier, invité en France pour présider les cérémonies du 14 juillet 2008 ?"

 

Pour Laurent Fabius, "dans des circonstances aussi graves, il vaut mieux faire bloc avec la politique de son pays".

 

L'UMP, qui ne cesse de critiquer le manque d'envergure de l'action diplomatique française, a aussitôt repris la balle au bond. "Hollande ne peut pas faire moins que Sarkozy : la France doit intervenir militairement pour faire cesser les massacres en Syrie", écrit le secrétaire national Philippe Juvin, dénonçant un "attentisme criminel" du chef de l'Etat.

"On nous dit qu'il faut un mandat du Conseil de sécurité. Mais la France, qui préside le Conseil, n'a jamais été aussi bien placée pour l'obtenir", argumente-t-il.

 

L'ex-ministre sarkozyste Nadine Morano a renchéri dans un tweet : "Hollande est en vacances Sarkozy aussi, mais comme toujours actif à s'intéresser au dossier syrien, comme en 2008 pour la Géorgie", un dossier diplomatique brûlant qui avait également surgi au mois d'août.

 

"La diplomatie française semble en vacances aujourd'hui, perdue dans cette espèce de torpeur estivale, et je me réjouis que Nicolas Sarkozy ait pris le temps d'écouter cet homme", s'est également réjoui sur France Inter l'écrivain-philosophe Bernard-Henri Levy, qui s'était engagé auprès des rebelles libyens.

 

Fin juillet, des propos attribués à l'ancien président - mais démentis par son entourage - demandant "beaucoup plus fermeté" dans la crise syrienne, avaient déjà suscité une réponse courroucée du ministre des Affaires étrangères. "Le seul souvenir que j'ai de l'action de M. Sarkozy avec M. Bachar el-Assad, c'est de l'avoir invité à présider les cérémonies du 14 juillet" en 2008, avait lâché Laurent Fabius.

 

La patronne du Parti socialiste (PS) Martine Aubry a qualifié d'"irresponsables" les déclarations de Sarkozy et de l'UMP, estimant que "notre pays devrait être uni pour soutenir l'action" des dirigeants français.

 

Le député PS Jean-Christophe Cambadélis a jugé "inopportune et inélégante" la sortie de Sarkozy, alors qu'à ses yeux la France est "à l'avant-garde du soutien à la révolution syrienne".

 

"Ce sont des sujets difficiles, sur lesquels il faut que l'on parle d'une seule voix, pour ne pas affaiblir la France, et sur lesquels on ne doit pas chercher la polémique", a aussi déclaré Marielle de Sarnez (MoDem).

"Cela démontre s'il en était nécessaire que Nicolas Sarkozy voulait rester actif et présent dans la succession de l'UMP", pense encore M. Cambadélis.

 

Car cette première sortie de l'ancien chef de l'Etat sur le terrain diplomatique, la première depuis sa défaite le 6 mai - si l'on excepte une rencontre avec Aung San Suu Kyi fin juin - pose à nouveau la question de son retour sur la scène politique.

 

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a affirmé "attendre autre chose de la part d'un ancien président" après les critiques implicites de Nicolas Sarkozy contre l'immobilisme supposé de François Hollande sur le dossier syrien, dans un entretien paru jeudi dans le Parisien/Aujourd'hui.
 
"Je suis étonné que M. Sarkozy souhaite susciter une polémique sur un sujet...

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