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Pèlerins libanais enlevés en Syrie : les familles entre menaces et voyages

Certains proches des onze kidnappés menacent d’une sérieuse escalade, tandis que d’autres se rendent à la frontière syro-turque pour « essayer de comprendre ».

L'un des pèlerins libanais enlevés accueillant l'équipe de la LBC qui s'est rendue en Syrie.

Les familles et les proches des 11 pèlerins chiites enlevés le 22 mai dernier dans la région d’Alep n’ont pas tous la même façon d’appréhender la crise, d’agir et de réagir. Font-ils partie de plusieurs factions opposées ? Sont-ils, pour un nombre certain d’entre eux, en conflit avec le Hezbollah, directement mis en cause par les otages eux-mêmes il y a quelques jours ? Ou est-ce juste une distribution de rôles entre « gentils » et « méchants », ceux qui font montre d’une bonne volonté, aussi désespérée et nerveuse soit-elle, en se rendant grâce à des chaînes de télévision locales dans la zone où se trouvent les otages, et ceux qui menacent désormais on ne peut plus clairement de faire la même chose que les rebelles syriens et de kidnapper à leur tour d’innocents ressortissants étrangers, turcs et qataris notamment, résidant au Liban ?

Mikati dément
Hier, une partie de ces familles a ainsi décidé de recourir à l’escalade, allant donc jusqu’à menacer d’enlever des ressortissants turcs si leurs proches ne sont pas libérés. Le porte-parole de ces familles, Abbas Zougheib, mandaté par le Conseil supérieur chiite pour assurer le suivi de cette affaire, n’a pas hésité à accuser Ankara de protéger les ravisseurs des pèlerins chiites lors d’un sit-in organisé devant l’ambassade de Turquie à Rabieh. Ces Turcs « seront nos invités », a-t-il dit, faisant écho aux propos du chef des ravisseurs, qui avait répété que les 11 pèlerins « ne sont pas nos otages mais nos invités ».
En attendant, le bureau de presse du Premier ministre Nagib Mikati a démenti les propos que lui a attribués cheikh Zougheib, selon lequel M. Mikati aurait affirmé que la Turquie « nous a virés du dossier des pèlerins ». Le communiqué du Sérail assure ainsi que ces termes « sont totalement erronés. Le président Mikati ne les a utilisés ni publiquement ni en privé, notamment au cours des rencontres qu’il a tenues avec les familles des pèlerins. Bien au contraire : le Premier ministre rend hommage au rôle de la Turquie et son aide, et salue notamment les efforts du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères turcs », écrit le texte, assurant que M. Mikati poursuit « toujours » ses contacts et ses efforts loin des caméras et des micros pour garantir le succès des négociations en cours et favoriser la libération des otages.

Voyages rivaux
Les familles ont également menacé de déplacer leur sit-in vers l’ambassade du Qatar et de bloquer à nouveau la route de l’aéroport, comme elles l’ont fait avant-hier dans la nuit, si elles n’obtiennent pas gain de cause. Cheikh Zougheib a également indiqué à la chaîne LBC que cette affaire concernait tous les Libanais, appelant les voyageurs à « soutenir les manifestants car ces derniers défendent la dignité de chaque citoyen libanais ». Et à la chaîne de télévision MTV, il a affirmé que le président Michel Sleiman n’avait pas déployé les efforts nécessaires pour assurer la libération des pèlerins. « Nous espérons aboutir à la solution que tout le monde recherche », a-t-il dit.
D’un autre côté, des équipes des chaînes de télévision LBC et al-Jadeed ont décidé d’accompagner, chacune de son côté, des proches des pèlerins vers la frontière turco-syrienne pour « connaître les véritables raisons qui retardent leur libération ». Al-Jadeed accompagnera Ali Amr, le fils de l’un des pèlerins chiites. « Je rendrai visite aux pèlerins enlevés en Syrie pour connaître les véritables raisons qui retardent leur libération ; je représenterai toutes les familles des otages », a-t-il dit à l’agence Asia News. Parallèlement, la LBC se rendra en Turquie avec Adham Zougheib et Hussein Ibrahim qui, de l’aéroport Rafic Hariri, ont remercié la LBC pour son initiative, appelant le chef des ravisseurs à « immédiatement » libérer leurs proches.

Émir de Aazaz
Rappelons que les onze pèlerins chiites détenus à Alep ont contacté lundi plus d’une chaîne de télévision pour demander aux responsables politiques libanais d’entrer en contact avec leurs ravisseurs, notamment leur chef nommé Abou Brahim, afin d’obtenir leur libération. Ils ont également demandé aux journalistes de se rendre dans la région où ils se trouvent « pour transmettre des messages du peuple syrien au peuple libanais ».
Abou Ibrahim, alias Ammar al-Dadiqhi, est l’émir autoproclamé de la région de Aazaz, dans le rif d’Alep, où sont gardés en otages les onze pèlerins libanais. Les habitants de Aazaz « sont très fiers d’être parmi les premiers à s’être opposés au régime syrien après Deraa », a assuré Abou Ibrahim interrogé par la LBC, précisant que sa ville est « très importante » aux yeux du pouvoir de Damas « puisque c’est là que Bachar el-Assad est en train de mettre en place son plan de sécurité qui prévoit le déploiement d’environ 2 000 de ses chabbiha ».
Les familles et les proches des 11 pèlerins chiites enlevés le 22 mai dernier dans la région d’Alep n’ont pas tous la même façon d’appréhender la crise, d’agir et de réagir. Font-ils partie de plusieurs factions opposées ? Sont-ils, pour un nombre certain d’entre eux, en conflit avec le Hezbollah, directement mis en cause par les otages eux-mêmes il y a quelques jours ? Ou...

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