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À La Une - Economie

Un groupe libanais au cœur d’un conflit social en France

En toile de fond, 600.000 ha de forêt au Gabon.

Un représentant syndical, assis sur une palette de contreplaqué, dans un hangar de Plysorol, à Fontenay-le-Comte (France), le 26 juillet 2012. Les salariés de Plysorol sont engagés dans un bras-de-fer avec le groupe Bitar, propriétaire de l'entreprise, qui veut fermer deux sites sur trois. AFP/JEAN-SEBASTIEN EVRARD

Le groupe libanais Bitar and Co., propriétaire du fabricant de contreplaqué Plysorol en redressement judiciaire, se trouve au cœur d’un conflit social en France après sa décision de fermer deux sites sur trois de l’entreprise.

 

Le 26 juillet, le tribunal de commerce de Lisieux (Calvados) a ordonné la prolongation de la période d'observation pour Plysorol. Le tribunal doit à nouveau se réunir pour examiner l'avancement du dossier le 6 septembre prochain.

 

Durant ce laps de temps, l'actionnaire doit finaliser son plan de continuation qui prévoit la fermeture des sites de Lisieux (70 salariés) et de Fontenay-le-Comte en Vendée (112) et le regroupement de l'activité sur l'usine d'Epernay dans la Marne (95).

 

A l'audience figurait Michel maire, le "manager de crise", chargé de gérer au quotidien l'entreprise durant la période d'observation. Michel maire qui avait été "retenu", dans la nuit précédent la décision du tribunal, avec le directeur des ressources humaines, dans les locaux de l'usine de Fontenay-le-Comte par les salariés de Plysorol.

 

Dans les années 1960, Plysorol, à l'époque leader européen du contreplaqué, employait un millier de personnes. L'entreprise a été placée en redressement judiciaire le 7 juin dernier, un an et demi après sa reprise par Bitar.

 

Le projet de fermeture de deux sites français sur trois du fabricant de contreplaqué Plysorol rappelle aux salariés et aux élus un scénario amer déjà vécu : la reprise de l'entreprise avec, en ligne de mire, les 600.000 ha de forêt qu'elle exploite au Gabon.

 

"Il nous laisse à l'abandon, y a que les forêts qui l'intéressent... Il nous a volé nos forêts. Maintenant, il nous vole notre usine", s'emportait le 23 juillet dernier Philippe Jouaille, délégué CGT, devant l'usine vendéenne.

 

Plysorol est assis sur une mine d'or : les droits d'exploitation de 600.000 hectares de forêt riche en okoumé -composant clé du contreplaqué- au Gabon. Ce sont ces terres qui font la richesse potentielle de la société et attisent l'intérêt des actionnaires successifs.

 

En mars 2009, la société en redressement judiciaire est rachetée par le Chinois Guohua Zhang, avec sa société Honest Timber ("bois honnête"), qui promet de maintenir les emplois. En échange, il met la main sur l'immense patrimoine forestier de Plysorol au Gabon.

 

"Je me rappelle d'une photo où on voyait des ouvriers et des ouvrières de Plysorol le remercier, la larme à l'oeil. C'était une arnaque, il s'est bien moqué d'eux", se rappelle Jacky Bonnemains, porte-parole de l'association écologiste Robin des Bois. "Il ne recherchait que la concession en Afrique. On était sûr qu'il n'avait rien à faire des usines en France, vu qu'il voulait exporter le bois vers la Chine", ajoute-t-il pour l'AFP.

 

M. Zhang n'investit pas en France alors que le site de Lisieux, vétuste, a besoin d'être modernisé. Plysorol accumule les impayés et dépose le bilan un an plus tard. L'industriel chinois fait désormais l'objet d'une enquête préliminaire à Lisieux pour abus de biens sociaux.

 

Plysorol est repris en octobre 2010 par Ghassan Bitar, actionnaire majoritaire du groupe basé au Ghana. Une expertise du ministère de l'Industrie souligne alors le sérieux du groupe.

Cent cinquante et un emplois sont supprimés à Lisieux, mais Bitar s'engage à investir trois millions d'euros sur le site pour le moderniser.

 

Aujourd'hui, le projet de fermeture de deux sites annoncés par la direction provoque le désarroi des élus locaux, qui dénoncent des promesses non tenues.

Le maire de Lisieux, Bernard Aubril (UMP), pense que ni le groupe Bitar ni l'investisseur chinois avant lui n'envisageaient d'investir dans les sites français. "On voit bien qu'il n'y a aucune action de modernisation d'un côté comme de l'autre. Les deux voulaient surtout avoir l'autorisation d'exploiter les hectares en Afrique", regrette-t-il auprès de l'AFP.

 

En Vendée, le conseil général remet en cause le transfert des droits d'exploitation de Plysorol au groupe Bitar. Les salariés "sont en droit de considérer que M. Bitar, qui s'était engagé à la barre du tribunal de commerce à sauvegarder l'activité de l'entreprise, en opère désormais le démantèlement tout en ayant pris soin auparavant d'organiser le transfert des forêts gabonaises", écrit le président du département de Vendée, Bruno Retailleau, dans une lettre à la ministre de la Justice.

L'élu demande à l'Etat de "prendre toutes les initiatives nécessaires pour que le droit de propriété légitime du groupe Plysorol sur ces concessions soit reconnu".

Le groupe libanais Bitar and Co., propriétaire du fabricant de contreplaqué Plysorol en redressement judiciaire, se trouve au cœur d’un conflit social en France après sa décision de fermer deux sites sur trois de l’entreprise.
 
Le 26 juillet, le tribunal de commerce de Lisieux (Calvados) a ordonné la prolongation de la période d'observation pour Plysorol. Le tribunal doit à...

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