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À La Une - Eclairage

"Les chrétiens commettraient une erreur historique en restant associés au régime syrien"

Le quotidien français La Croix publie deux lettres des frères mariste à Alep.

Les chrétiens de Syrie, une minorité, se sentent menacés par le conflit sanglant qui déchire le pays depuis 16 mois. Louai Beshara/AFP

Les chrétiens de Syrie se sentent de plus en plus menacés par le conflit sanglant qui déchire le pays depuis 16 mois. Connus pour leur soutien au régime, leur position devient moins confortable à mesure que la crise s'enlise et que l'opposition gagne du terrain.

 

"Les chrétiens restent cachés derrière la hiérarchie de l’église qui soutient le régime", affirme à lorientlejour.com un politologue sous couvert de l’anonymat.

 

Le primat de l'Église syriaque orthodoxe, Ignace Zakka Ier Iwas, a déclaré en février dernier à l'agence russe RIA Novosti, que la révolte était fomentée "par des forces extérieures et non par les membres de la société syrienne", rappelle Le Figaro.

 

Une position dénoncée par le père Nebras Chehayed dans un appel lancé au début de l'été 2011 et publié le 12 juillet par Les carnets de l’Ifop, Dans cet appel, le père Chehayed dénonçait le soutient aveugle de l'Eglise au régime syrien et avertissait déjà que la crise prenait "plus que jamais des intonations confessionnelles".

 

"L’Église a toujours prôné le droit de chacun à la liberté et à la dignité. Elle a toujours incité les laïcs à lutter sans relâche pour ce noble objectif. Elle a demandé aux hommes de religion de faire leur cette obligation, sans toutefois s’impliquer directement en politique pour qu’ils restent capables de jouer leur rôle de référence collective", rappelait le père Chehayed.

 

"En Syrie, où en sommes-nous de cet engagement ? Parmi nos prêtres, il y en a qui sont membres du Baas, parmi nos évêques il y en a qui n’hésitent pas à accepter de ne voir que des traîtres dans tout opposant, et parmi nos patriarches il y en a qui ne cessent de chanter les louanges du régime. Et pas un de nos prêtres n’ose laver les blessures de notre passé ; et pas un évêque n’ose se dresser face aux services de sécurité pour redire les paroles de l’Immortel : "Cessez de tuer !", accusait-il.

 

 

"Toutefois des personnalités chrétiennes en exil ont rallié l’opposition, et l’insertion des chrétiens se fait d’abord dans l’incertitude puis dans l’action", note aujourd'hui le politologue interrogé par Lorientlejour.com. "Les combats à Alep, où la minorité chrétienne est importante, devraient accélérer la dynamique d’un revirement des chrétiens", estime-t-il.

 

Le contexte reste néanmoins très tendu, et certains en viennent à appeler à l’aide la communauté internationale.

 

Le quotidien français La Croix reproduit ainsi en exclusivité deux lettres de la communauté mariste de la ville d’Alep, théâtre de combats violents entre l’opposition et les troupes régulières depuis le 20 juillet.

 

La première lettre est datée du 26 juillet 2012, elle met en relief l’urgence de la situation.

 

"Alep, notre ville, deuxième ville du pays, capitale économique, est en train de mourir. Elle est asphyxiée depuis plus d’une semaine. La guerre est en train de s’étendre dans les quartiers. Les gens fuient, se réfugient, errent, s’installent dans la rue, dans les jardins publics, dans les écoles, partout. Les habitants reçoivent leurs parents, les maisons sont ouvertes", écrit la communauté mariste.

 

"Le pain manque, l’électricité manque, l’essence manque, le lait manque, les médicaments manquent, le seul qui ne manque pas, c’est le fantôme de la guerre. Il rôde, il est partout. Une odeur nauséabonde monte des rues… La ville est encerclée de tous côtés. On risque d’être enlevé et tué. Les gens ont peur… Une peur qui déprime, qui paralyse, qui tue", poursuit la lettre.

 

La deuxième lettre est datée du 2 août 2012, elle souligne l'enlisement de la violence.

 

"Depuis notre lettre du 26 juillet, la situation sur le terrain n’a guère évolué dans un sens ou dans l’autre ; les combats se poursuivent dans les mêmes quartiers périphériques d’Alep. Dans les autres quartiers de la ville, le son intermittent des bombes qui explosent au loin, le bruit des rafales de balles sous nos fenêtres et le danger de kidnapping ou d’assassinat mettent les nerfs à bout. Entre la pénurie d’essence et la situation sécuritaire, les rues sont vides, les boulangeries n’ont plus de farine, les ordures ne sont pas ramassées, le courant et l’eau sont rationnés et chacun reste chez soi. Sauf les déplacés, qui ont quitté leurs logements souvent très modestes, abandonnant leurs maigres possessions, fuyant les zones de combat et errant dans les rues à la recherche d’un abri. Les jardins publics et les écoles sont leurs refuges. Les autorités ont ouvert une trentaine d’écoles pour loger les déplacés, mais en leur fournissant seulement le toit et laissant le reste pour des ONG", écrit la communauté mariste.

 

Le 1er août, des combats ont éclaté à Damas aux abords des quartiers chrétiens de Bab Touma et Bab Charqi, réputés comme étant pro-régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Une première depuis le début de la crise.

 

Figure de la communauté chrétienne en Syrie qui a été contraint de quitter le pays, le père jésuite Paolo Dall'Oglio décrit, pour sa part, la situation des chrétiens et leurs relations avec leur environnement, dans un entretien accordée à Radio Canada le 27 juillet dernier.

 

"Les relations entre les communautés changent d’un endroit à l’autre, les chrétiens sont restés d’une manière générale dans une relation de bon voisinage avec les sunnites", dit-il. "Le problème existe là où les répressions sont sauvages comme à Homs, où les chrétiens ont été contraints à l’exode", indique le père Dall’Oglio, qui craint un déplacement de population et un changement démographique en Syrie.

 

 

Les chrétiens s'inquiètent toutefois de la tournure que prendra l'après-Bachar, et notamment de la place qu'y occuperont les Frères musulmans, et ce même si la confrérie professe, depuis un bon moment, l'égalité de toutes les confessions.

 

Selon le politologue, "les chrétiens commettraient une erreur historique en restant associés au régime, il ne faudrait en aucun cas qu’ils restent un bloc monolithique mais devraient être représentés dans les deux camps à l'instar des autres communautés".

 

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commentaires (8)

Le Généralissime " 7AFAZAHOU ALLAH LANA " en fin de compte, il a du sang qui coule dans ses veines et non pas de l'eau. Il saura choisir, j'en suis sûr, en temps voulu et s'aligner au LOGIQUE et au JUSTE ! La brebie égarée, pour un certain temps, gagnera le troupeau, FOI DE LAFONTAINE !

SAKR LEBNAN

02 h 53, le 04 août 2012

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Commentaires (8)

  • Le Généralissime " 7AFAZAHOU ALLAH LANA " en fin de compte, il a du sang qui coule dans ses veines et non pas de l'eau. Il saura choisir, j'en suis sûr, en temps voulu et s'aligner au LOGIQUE et au JUSTE ! La brebie égarée, pour un certain temps, gagnera le troupeau, FOI DE LAFONTAINE !

    SAKR LEBNAN

    02 h 53, le 04 août 2012

  • On pousse trop loin le bouchon! Pesrsonne n'a le droit de parler au nom des Chrétiennissime de la Syrie qui savent EUX qui et où ils sont. Ils n'ont pas besoin de l'avis de ceux qui pactisent avec le daible chaque fois qu'ils sont en difficulté. L'erreur chers messieurs et chers mesdames c'est que la presse Anti Assad commence ou plutot continue à demander leur défection comme ils font à coups de millions de petro dollars avec l'armée et la diplomatie. Foutez-la paix aux très chers et potes Chrétiens de Syrie qui ont déjà choisi qui de geagea(...) ou de notre Watani générallissime (allah yi7fazo) Aoun, écouter.

    Ali Farhat

    12 h 02, le 03 août 2012

  • On se croirait en Europe au temps des pogroms anti-juifs perpétrés par ces soi-disant chrétiens européens, catos ou protestants !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    10 h 20, le 03 août 2012

  • Il ne manquera plus que la "visite" de Benoit.... pour raviver tout ça.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    09 h 56, le 03 août 2012

  • çà suffit toute cette hypocrisie...çà suffit tous ces mensonges...et que ces "poliitologues polichinelles" arrêtent de donner leçons et conseils aux chrétiens du MO...quelle que soit la position des chrétiens,et ce depyuis des lustres,de toute façon ils ont été soit maltraités soit réduits à rien...qu'on arrête de mentir...qu'on arrête de faire du politiquement correct...partout où les musulmans en ont eu la possibilté physique,ils se sont attaqués aux chrétiens ...ils les ont quasi éliminés d'Irak...réduit leur communauté de manière drastique en Syrie...en levé quasiment tout droit civil et politique en Egypte....etc...que chacun en tire la conclusion qu'il voudra...mais qu'on arrête de faure semblant!

    GEDEON Christian

    09 h 08, le 03 août 2012

  • Les Chrétiens de Syrie, comme ceux d'Egypte, et comme furent avant eux ceux d'Iraq, le peu d'Iran, et bien avant ceux de Turquie, sont trapés entre le marteau et l'enclume ! Au Liban, les dissenssions dans la même communauté pourrait avoir les mêmes néfastes résultats, si le RÉVEIL... tarde encore...

    SAKR LEBNAN

    08 h 29, le 03 août 2012

  • La Croix n ’est -elle pas convaincue qu’ avec ou sans l’ appui des chrétiens aux Assad le sort des minorités est planifié d’avance pour les déloger de toute la région .Regardez que sont devenus les chrétiens de l Irak , de l ’Egypte avec touts ces maudits printemps arabes . Nazira.A.Sabagha

    Sabbagha A. Nazira

    07 h 12, le 03 août 2012

  • C'était déjà une erreur historique! de croire exister équitablement ,dans la vassalité de la dynastie sanguinaire des Assad...Avant cette dynastie les chrétiens n' avaient pas de problème existentiel aussi grave...

    M.V.

    05 h 37, le 03 août 2012

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