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À La Une - syrie

Un déluge de feu sur Alep

Hollande en appelle à l'ONU pour éviter le "chaos" ; Moscou ne "pense même pas" à accorder l'asile à Assad.

Des scènes de chaos à Alep sur cette photo tirée d'une vidéo Youtube postée samedi 28 juillet par Sham News Network.

Un déluge de feu s'est abattu samedi sur Alep, bombardée et mitraillée par des hélicoptères des forces du régime de Bachar el-Assad qui tentent de déloger les rebelles de la deuxième ville de Syrie, enjeu crucial du conflit.

 

Les bombardements violents ont commencé à l'aube sur le quartier de Salaheddine, au sud-ouest d'Alep, et se poursuivaient avec la même intensité, selon un autre correspondant. Quatre hélicoptères lançaient des roquettes et mitraillaient le quartier où l'artillerie et les chars étaient en action.

 

Une centaine de chars ont été déployés aux abords de Salaheddine, selon des militants et insurgés, qui ont fait état de combats dans plusieurs autres zones d'Alep bombardés et survolés par des hélicoptères.


Samedi soir, les combats entre rebelles et soldats syriens marquaient toutefois une pause, ont rapporté les rebelles et une ONG.

 

"L'assaut contre (le quartier de) Salaheddine s'est arrêté et nous sommes parvenus à repousser l'armée régulière jusqu'au quartier de Hamdaniyé", plus à l'ouest, a affirmé à l'AFP le chef du conseil militaire d'Alep, le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, contacté par téléphone.

 

Salaheddine, qui "compte le plus grand nombre de rebelles" selon Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), était samedi la principale cible de la vaste offensive lancée par l'armée.

"Le fait que les soldats n'avancent plus à Salaheddine ne signifie pas nécessairement un retrait, car la stratégie des forces régulières consiste à bombarder pour provoquer un exode puis à lancer un assaut encore plus féroce", a-t-il estimé en soirée, joint par l'AFP.

 

De son côté, le colonel Oqaidi a précisé que "l'assaut s'est arrêté mais les tirs d'artillerie et d'hélicoptères continuent", soulignant que "douze heures après le début de l'assaut, l'armée régulière n'a rien pu réaliser sur le terrain".

 

"La tactique de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) consiste à se déplacer de quartier en quartier, c'est-à-dire de contrôler un quartier et de le nettoyer des membres des services de sécurité et des chabbihas (milices pro-régime) avant de passer à un autre", a-t-il par ailleurs expliqué.

"Si nous arrivons à saisir un grand nombre d'armes des troupes régulières, nous allons lancer une attaque totale pour la libération d'Alep", a poursuivi le colonel.

 

L'agence officielle Sana a de son côté fait état d'accrochages dans le quartier al-Fourkane (est) avec "un groupe terroriste qui terrorisait les habitants", tuant deux terroristes et arrêtant trois autres.

 

Au moins 29 personnes - dix soldats, huit rebelles et onze civils - ont été tuées depuis le début de l'assaut, d'après l'OSDH, qui a recensé plus de 20.000 morts, dont 14.000 civils, depuis le début de la révolte contre le régime Assad en mars 2011.

"Il y a des milliers de personnes dans les rues fuyant les bombardements, elles sont terrorisées par les hélicoptères volant à basse altitude", selon Amer, porte-parole d'un réseau de militants à Alep joint par Skype.
"Un très grand nombre de civils se sont rassemblés dans les jardins publics dans des secteurs plus sûrs, mais la majorité se réfugient dans des écoles. Ils ne peuvent pas sortir de la ville", a-t-il ajouté.


L'assaut a été donné plus d'une semaine après l'ouverture de ce nouveau front le 20 juillet, l'armée ayant pu reprendre le contrôle de Damas où elle a livré combat pendant plusieurs jours aux rebelles.

 

 

"Ca sera le chaos et la guerre civile"

Plusieurs pays occidentaux et l'ONU avaient exprimé leur préoccupation face à la perspective de cet assaut, Washington évoquant la possibilité d'un nouveau "massacre".

 

Le président français François Hollande a, lui, appelé samedi à une intervention rapide du Conseil de sécurité.

"Je m'adresse une fois encore à la Russie et à la Chine pour qu'elles prennent en considération que ça sera le chaos et la guerre civile si Bachar el-Assad n'est pas à un moment empêché", a déclaré M. Hollande.

"La seule solution qui permettra de réconcilier et de réunir les Syriens, ce serait le départ de Bachar el-Assad et la constitution d'un gouvernement de transition", a-t-il poursuivi.


Cependant la Russie, allié du régime syrien, a estimé qu'il n'était pas "réaliste" d'escompter que le pouvoir reste les bras croisés alors que des rebelles "occupent" Alep, capitale économique du pays qui compte 2,5 millions d'habitants.
"Nous sommes en train de persuader le gouvernement qu'il doit faire les premiers gestes, mais lorsque l'opposition armée occupe des villes comme Alep, où une autre tragédie se prépare, il n'est pas réaliste de compter qu'il (le gouvernement) l'acceptera", a souligné le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, étalant de nouveau les divergences avec l'Occident sur la crise syrienne.

 

Sur un autre plan, Moscou a affirmé n'avoir conclu aucun accord en vue d'accorder l'asile au président syrien.

"Nous avons dit à plusieurs reprises que nous n'y pensons même pas. Il n'y a aucun accord, aucune réflexion en ce sens", a assuré Sergueï Lavrov.

"Nous n'étions pas et ne sommes pas des amis proches du régime syrien. Ses meilleurs amis sont européens, et si quelqu'un veut régler ce conflit de cette façon, c'est à eux d'y réfléchir", a martelé le diplomate russe.

 

Par ailleurs, la Russie a averti qu'elle ne coopérerait pas à la mise en oeuvre d'une nouvelle série de sanctions de l'Union européenne contre la Syrie et qu'elle n'accepterait aucune inspection des ses navires.

 

La Russie avait condamné mercredi les nouvelles sanctions imposées lundi par l'UE à la Syrie, les qualifiant de "blocus".
Ces mesures comprennent notamment de nouveaux gels d'avoirs, ainsi que l'obligation de contrôle des navires et aéronefs soupçonnés de transporter des armes à destination du régime de Damas.

 

Partenaire de longue date du régime syrien auquel elle livre des armes, Mosocu a bloqué la semaine dernière pour la troisième fois une résolution occidentale au Conseil de sécurité de l'ONU menaçant Damas de sanctions.


Ailleurs dans le pays, l'armée tentait de prendre d'assaut la région de Lajjate dans la province de Deraa (sud). Près de Hama (centre), la localité de Karnaz était assiégée et pilonnée par l'armée qui bombardait également des quartiers de Homs (centre), selon l'OSDH.
Avec les 29 morts à Alep, 90 personnes ont été tuées en Syrie samedi, a indiqué l'ONG.



Au Liban voisin, des accrochages ont opposé pendant la nuit des habitants de quartiers alaouites partisans du régime syrien et sunnites hostiles à Bachar el-Assad à Tripoli, la grande ville du nord, faisant neuf blessés. L'armée libanaise a rétabli le calme.

 

 

 

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