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À La Une - Syrie

La communauté internationale craint un "massacre" à Alep

Les forces syriennes "quasiment au complet" en vue d'une contre-offensive vendredi ou samedi ; les rebelles affirment avoir capturé 150 militaires.

Sur cette photo tirée d'une vidéo Youtube le 27 juillet, des militaires pro-Assad détenus par l'opposition à Alep.

La communauté internationale s'est dite très inquiète vendredi d'un nouveau "massacre" à Alep, deuxième ville de Syrie qui se prépare à un assaut d'envergure des forces du régime de Bachar el-Assad.


Une semaine après l'ouverture d'un nouveau front dans la grande métropole du nord, les forces du régime qui se rassemblent depuis jeudi aux abords de la ville "sont quasiment au complet" en vue d'une contre-offensive vendredi ou samedi, a affirmé à l'AFP une source des services de sécurité.

 

Alors que les troupes de Bachar el-Assad se sont massées autour d'Alep, les rebelles se sont installés dans de petites ruelles, "ce qui rendra difficile la bataille", a précisé la source de sécurité.


Plusieurs quartiers dont Salaheddine (sud-ouest) ont été mitraillés vendredi par les hélicoptères, alors que des centaines de rebelles se préparent à l'offensive de l'armée, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Les civils ont quitté le quartier", a précisé à l'AFP un combattant à Salaheddine joint au téléphone.

Selon le correspondant de l'AFP, les habitants ont désormais de grandes difficultés à se ravitailler en pain.


Les rebelles ont fait par ailleurs état de la capture d'une centaine de soldats et de miliciens pro-régime durant les combats à Alep, dans une vidéo diffusée vendredi sur Internet.

Sur cette vidéo, on peut voir une centaine d'hommes en civil, assis à même le sol dans ce que semble être la cour d'un bâtiment, filmés par un homme se présentant comme un membre de l'Armée syrienne libre (ASL, dissidents et civils ayant pris les armes) et qui leur demande tour à tour de s'identifier.
Ailleurs dans le pays, 50 militaires de l'armée régulière, dont 14 officiers, ont été également capturés par les insurgés après 12 heures d'affrontements à Maaret al-Noomane, dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon l'OSDH.

 

La vidéo postée par l'opposition sur Youtube montrant des militaires pro-Assad en détention.

 

"En accumulant les moyens militaires lourds autour d'Alep, Bachar s'apprête à commettre de nouvelles tueries contre son peuple", a dénoncé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Bernard Valero.


Les Etats-Unis, qui avaient déclaré jeudi redouter un massacre, se sont dits vendredi "très inquiets" de la situation, condamnant "l'agression haïssable et répréhensible des forces (du président Bachar el-) Assad contre ce centre de population civile". Ils ont néanmoins écarté de nouveau une intervention militaire.


Londres a de son côté mis en garde contre "un désastre humanitaire" tandis que Rome appelle "tout le monde" à faire "monter la pression au maximum sur Assad pour éviter un nouveau massacre" à Alep.


Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit pour sa part "vivement préoccupé par l'intensification des violences à Alep" et a exhorté "le gouvernement syrien à arrêter l'offensive".

 

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui estimé vendredi qu'il n'était pas possible de "continuer à assister en spectateur ou en observateur" à ce qui se passait en Syrie, préconisant des actions conjointes de l'ONU, de l'OCI et de la Ligue Arabe.


Enfin, le chef druze libanais Walid Joumblatt a appelé sur la radio France-Info à "appuyer ce peuple (de Syrie, NDLR) avec armes et équipements pour qu'il puisse résister et abattre les hélicoptères et les Mig 23 que Bachar utilise contre les villes et la population".

La bataille d'Alep est "extrêmement importante pour les deux parties", a souligné Ignace Leverrier, ancien diplomate français ayant été en poste en Syrie.
"Pour le régime, c'est une ville commerciale dans laquelle il a beaucoup d'alliés, notamment parmi les hommes d'affaires sur lesquels il compte pour financer une partie de son effort de guerre", a-t-il dit.
"Pour les rebelles, la ville est la clé de la Syrie du Nord", a ajouté l'expert. "En la prenant, ils rééditeront en quelque sorte le schéma de la Libye avec Benghazi et pourront assurer enfin la zone protégée réclamée depuis des mois par la révolution syrienne pour pouvoir soigner ses blessés et donner refuge aux déserteurs et à leurs familles".

 

En dépit des violences, plusieurs manifestations se sont déroulées à Alep. Les manifestants scandaient "Le peuple veut que Tu nous viennes en aide, O Dieu", ou "Pourquoi avez-vous peur, Dieu est avec nous" selon des vidéos mises en ligne par des militants. Des manifestants ont défilé également dans la province d'Alep, à Deraa (sud) et Hama (centre).

A travers la Syrie, la répression et les combats ont fait 59 morts vendredi, selon un bilan provisoire de l'OSDH, qui avait fait état de la mort de 164 personnes jeudi. Les violences dans ce pays ont fait plus de 19.000 morts depuis le début du soulèvement en mars 2011.

 

Sur un autre plan, l'ex-chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le général norvégien Robert Mood, dont le mandat à la tête de 300 observateurs a pris fin la semaine dernière sur fond de recrudescence de violences, a affirmé vendredi que la chute de Bachar el-Assad n'était qu'une question de temps tout en estimant qu'elle ne suffirait pas nécessairement à mettre à fin la guerre civile dans ce pays.

 

 

Les défections se multiplient

 

Par ailleurs, un général syrien qui a fait défection et cherche à provoquer la chute du régime syrien depuis un camp de réfugiés en Turquie a appelé à la formation d'un gouvernement provisoire d'union pour surmonter les divisions de l'opposition.

"L'issue à la crise passe par la formation d'un gouvernement intérimaire comprenant tous les groupes ethniques de Syrie et qui coopérerait avec le conseil militaire", a dit à l'AFP le général Fayez Amr.

 

Le général Amr n'est pas le seul militaire ayant fait défection à s'exprimer sur l'après-Assad. Le général dissident syrien Manaf Tlass, dont les déclarations aux médias se font de plus en plus fréquentes depuis sa défection début juillet, semble lui aussi se préparer à jouer un rôle central dans la période de transition en Syrie, ce avec la caution des puissances occidentales et des pays arabes.

 

Parallèlement, les défections se multiplient. Vendredi, une députée d'Alep a fait défection, la quatrième d'un parlementaire depuis le début de la révolte. Ikhlas Badaoui est arrivée en Turquie avec ses six enfants: "Je suis partie parce qu'il ne me restait plus de force pour endurer l'oppression", a-t-elle déclaré à l'agence de presse turque Anatolie, dénonçant "un drame humain" dans son pays.

 

Jeudi, le ministère des Affaires étrangères syrien a confirmé les défections de trois diplomates: la chargée d'affaires à Chypre, Lamia Hariri, son mari, l'ambassadeur aux Emirats arabes unis Abdel Latif al-Dabbagh, et l'attaché de sécurité à l'ambassade de Syrie dans le sultanat d'Oman, Mohammad Tahsine al-Faqir. Il a minimisé leur importance et a accusé implicitement le Qatar de les encourager.

Le 12 juillet, l'ambassadeur de Syrie à Bagdad, Nawaf Farès, avait déjà abandonné le régime


Dans le contexte des violences qui débordent dans les pays voisins, un enfant syrien de trois ans a été tué par des tirs des troupes du régime alors qu'il tentait de passer avec sa famille en Jordanie, selon Amman.


Enfin, de façon symbolique, un drapeau géant de la rébellion syrienne a été déployé vendredi au pied de la Tour Eiffel, haut lieu du tourisme à Paris, pour "attirer l'attention du monde sur la situation en Syrie".

 

 

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