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À La Une - Trois questions au

Pierre Haski : la campagne présidentielle française de 2012 a été marquée par le fact checking en temps réel

... journaliste et cofondateur du site Rue 89.

Pierre Haski, cofondateur du site d'informations Rue 89, lors de la conférence "Couverture médiatique des élections : nouveaux défis, nouvelles tendances" à Beit Mery, le 13 juillet 2012. Firas Talhouk / Skeyes

Trois jours durant, des journalistes, des experts en blogs et médias ainsi que des militants venus d’un peu partout ont débattu à Beit Mery (est de Beyrouth) autour du thème "Couverture médiatique des élections : nouveaux défis, nouvelles tendances". Dans le cadre de cette conférence organisée par le centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture à l'hôtel Bustan du 13 au 15 juillet dernier, Lorientlejour.com a interrogé Pierre Haski, journaliste français et cofondateur du site Rue 89, sur le journalisme web lors de la présidentielle 2012 en France.

 

 

Q - Comment a évolué le rôle du journalisme web dans la couverture de la présidentielle de 2012 en France par rapport aux scrutins précédents ?

R – "Tout le monde pensait qu'Internet allait être le lieu où les élections allaient se jouer, mais les principaux événements ont eu lieu à la télévision.

 

Cependant, et à la différence des scrutins précédents, une grande partie des électeurs ont abordé la couverture du scrutin sur deux niveaux :

- Ils regardaient les événements concernant la présidentielle à la télévision.

- Ils commentaient ces événements sur le web.

 

Premier point notable : Les campagnes électorales étaient, cette fois, extrêmement bien contrôlées par les candidats et leurs équipes en ce qui concerne les apparitions télévisées. Par exemple, chaque détail dans le débat entre Nicolas Sarkozy et François Hollande était étudié. Le cadrage, la position du candidat sur sa chaise, etc.

 

Au niveau du journalisme web, la grande différence, pour ce scrutin, tient en l’émergence du "fact checking" (vérification des faits, ndlr) en temps réel. C'est-à-dire, la possibilité de vérifier toutes les informations et les chiffres avancés par les candidats lors du débat ou lors de leurs campagnes. (Taux de chômage, augmentation du déficit, dette publique...)

Lors de la campagne électorale de 2007, le "fact checking" était différent : lors du débat entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, les deux candidats n'étaient pas d'accord sur la part du nucléaire dans la consommation d'électricité en France, chaque candidat était certain de sa réponse. Dans la nuit, leurs équipes respectives se sont mises à changer ce pourcentage sur Wikipédia (encyclopédie collaborative online) plus de 50 fois. Aujourd'hui, et grâce aux journalistes web, on peut obtenir cette réponse en temps réel".

 

 

Q - Comment Rue89.com a-t-il couvert la présidentielle de 2012 ?

R – "Tout d'abord, nous avons mobilisé toute l'équipe, et en plus du direct et du fact checking, nous avons cherché à montrer la face cachée des grands meetings. Chacun de nos journalistes sur place montrait aux internautes, grâce à des images filmées avec son téléphone portable, +ce qu’ils n’avaient pas vu+ à la télévision.

Nous avons également travaillé sur l'information en provenance des communautés d’internautes. (crowdsourcing, à savoir quand les éditeurs d’un site utilisent les internautes pour créer du contenus, voire même participer à la conception du site)".

 

 

Q - Quelle est la différence, selon vous, entre la couverture de la présidentielle aux États-Unis et en France ?

R – "Il y a une énorme différence pour plusieurs raisons. D'abord, aux États-Unis, il n'y a pas de limites en terme d’argent dépensé lors des campagnes électorales, alors qu'en France, la limite est claire. Donc le poids de l'argent est différent.

 

Deuxièmement, la société française est plus politisée que la société américaine. Aux États-Unis, les événements politiques sont plus focalisés au niveau local qu'au niveau national. En France, c’est l’inverse. Aux États-Unis, les détails sur la vie personnelle d'un candidat sont plus pertinents pour les électeurs qu'en France. A mon avis, un tweet comme celui de Valérie Trierweiler (la compagne de François Hollande, ndlr) aurait eu un impact plus fort s'il avait eu lieu aux États-Unis".

Trois jours durant, des journalistes, des experts en blogs et médias ainsi que des militants venus d’un peu partout ont débattu à Beit Mery (est de Beyrouth) autour du thème "Couverture médiatique des élections : nouveaux défis, nouvelles tendances". Dans le cadre de cette conférence organisée par le centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture à l'hôtel Bustan du 13...

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