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Un patriarche maronite à Antioche, après 1 500 ans d’absence

Le chef de l’Église maronite s’engage à œuvrer pour « un printemps arabe » marqué par les valeurs chrétiennes et musulmanes, ainsi que pour l’unité de l’Église.

Mgr Raï en prière, durant la messe grecque-orthodoxe de la fête Saints-Pierre-et-Paul. Photo Émile Eid

Le patriarche maronite Béchara Raï a célébré hier, 29 juin, la fête Saints-Pierre-et-Paul sur un ancien autel situé dans une église rupestre datant du Ier siècle de l’ère chrétienne, et que certains font remonter à saint Pierre lui-même.
La messe est symbolique à plus d’un titre. C’est la première fois, en effet, depuis 1 500 ans, qu’un patriarche maronite, qui porte le titre de patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, célèbre un office divin dans cette ville qui fut, au temps de sa splendeur, l’une des gloires de l’Empire romain d’Orient.
C’est à Antioche, en effet, que pour la première fois les disciples du Christ ont été appelés « chrétiens ». C’est d’une Antioche éclairée par la philosophie d’Aristote que le message chrétien a gagné le monde romain, encore marqué par le paganisme, après s’être heurté, à Jérusalem, au rigorisme des Pharisiens, qui voulaient imposer à tout baptisé l’observance intégrale de la loi juive.
C’est à Antioche que la doctrine chrétienne s’est articulée, avec saint Paul et saint Ignace d’Antioche, deuxième successeur de saint Pierre, qu’elle s’est déployée dans la vie monastique, avec saint Maron, dans la vie pastorale, avec saint Jean Chrysostome, et dans la vie liturgique, avec saint Ephrem, auteur d’hymnes dont la beauté est demeurée inaltérée jusqu’à nos jours.

Chaleur suffocante
C’est dans une chaleur suffocante, à l’intérieur d’une petite église creusée dans le roc, ne contenant qu’un autel, un trône en pierre et des restes de mosaïque au sol, que le patriarche a célébré la messe. Des détails protocolaires ont dû être réglés pour lui permettre d’officier. L’église, en effet, est classée monument historique, et il a fallu une autorisation des autorités civiles turques pour que la messe puisse être dite.
Une imposante et chaleureuse délégation de la Fondation maronite dans le monde, conduite par Charles Hajje, et comprenant notamment Hyam Boustany et Antonio Andari, a accompagné le patriarche sur le sentier pavé qui conduit à l’église primitive. Faisaient également partie du voyage le mohafez de Beyrouth, Nicolas Saba, et l’abbé Boulos Naaman, ancien supérieur général de l’ordre libanais maronite.
Le mohafez d’Antioche et d’autres officiels turcs ont assisté à l’office, ainsi que l’évêque latin du lieu, Mgr Francescini, et le nonce apostolique Mgr Antonio Lugibello.
Dans l’homélie prononcée à cette occasion, et en contrepoint au « printemps arabe », qui en Syrie s’accompagne d’un déluge de fer et de feu, le patriarche s’est engagé à œuvrer main dans la main avec les musulmans pour « un printemps arabe reposant sur les valeurs chrétiennes et musulmanes spirituelles, morales et humaines, un printemps arabe marqué par le respect de la dignité humaine et des droits essentiels de la personne, le renforcement des libertés publiques et, en premier lieu, de la liberté religieuse de croyance et d’exercice, l’avènement d’un régime démocratique qui respecte la volonté des peuples et leurs aspirations, les droits des peuples à demander des comptes à leurs dirigeants, la séparation entre la religion et l’État, le respect de toutes les croyances religieuses (...) ».
Par ailleurs, le patriarche s’est engagé dans l’homélie à œuvrer pour l’approfondissement, avec les Églises orthodoxes, du « patrimoine antiochien commun ».

Œcuménisme
L’engagement œcuménique est l’un des aspects les plus significatifs de la visite patriarcale. Jeudi, le patriarche et la délégation de la Fondation maronite dans le monde ont assisté à la messe de la fête Saints- Pierre-et-Paul, en l’église grecque-orthodoxe d’Antioche, que certains considèrent comme l’une des plus belles du monde.
« La fête que nous célébrons aujourd’hui est la fête de toutes les Églises qui ont Antioche pour siège. L’icône de cette fête montre les saints Pierre et Paul qui se donnent l’accolade. Ce baiser de paix, c’est la rencontre entre les Églises d’Orient et d’Occident, la rencontre de deux cultures différentes. C’est le baiser que se donnent tous les chrétiens, en dépit de la diversité et parfois même de la différence de leurs appartenances culturelles et théologiques. C’est le baiser que le patriarcat d’Antioche des grecs-orthodoxes donne au patriarcat maronite d’Antioche. C’est l’accolade de paix entre les Églises orthodoxes et les Églises catholiques », a dit le métropolite grec-orthodoxe d’Alep, Mgr Boulos Yazigi, qui a présidé à la liturgie.
Selon le P. Nasser Gemayel, c’est dans la convergence vers l’unité de tous les patriarcats qui se réclament d’Antioche que les Églises puiseront la force de continuer à témoigner de la foi chrétienne en Orient. C’est, en quelque sorte, la condition de leur survie. Le patriarche sera de retour au Liban aujourd’hui, au terme d’une visite pastorale qui l’a conduit également à Tarse, Mersine, Adana et Iskenderun.

Le patriarche maronite Béchara Raï a célébré hier, 29 juin, la fête Saints-Pierre-et-Paul sur un ancien autel situé dans une église rupestre datant du Ier siècle de l’ère chrétienne, et que certains font remonter à saint Pierre lui-même.La messe est symbolique à plus d’un titre. C’est la première fois, en effet, depuis 1 500 ans, qu’un patriarche maronite, qui porte le...

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