L’indignation dans les rangs de la société civile suscitée par la destruction, mardi, à grands coups de pelleteuse du port phénicien de Beyrouth ne cesse de croître. L’Association pour la protection du patrimoine libanais (APLH) appelle ainsi à un sit-in qui se tiendra aujourd’hui, à midi, devant le ministère de la Culture à Beyrouth, à proximité de l’hôtel Le Bristol. L’objectif ? Non moins que de dénoncer ce « génocide culturel » et appeler « d’une manière civilisée à la démission immédiate du ministre de la Culture, Gaby Layoun », expliquent les organisateurs.
Au niveau officiel, les anciens ministres de la Culture Tarek Mitri, Tammam Salam et Salim Wardy tiendront une conférence de presse demain pour s’exprimer à ce sujet, confie à L’Orient-Le Jour M. Mitri.
« Des archéologues, et non des moindres, affirment que les cales sèches du port de Vénus indiquent la présence d’un port phénicien, explique-t-il. Un rapport de la DGA (Direction générale des antiquités) ainsi que plusieurs autres rapports vont dans ce sens. Comme l’archéologie n’est pas une science aussi exacte que les mathématiques, il y a une place au doute. Le comité formé par le ministre actuel de la Culture, Gaby Layoun, et qui est mené par un historien épigraphiste a ainsi jugé que ces vestiges n’avaient pas beaucoup d’importance et le feu vert a été donné. »
« Je pense qu’il aurait fallu prendre le temps pour discuter entre archéologues et inviter des missions de l’Unesco et de l’Icomos (Conseil international des monuments et des sites), ces deux institutions spécialisées qui avaient manifesté l’intérêt d’envoyer des experts, poursuit M. Mitri. En ce qui concerne le droit du promoteur immobilier à construire sur le terrain, il n’était pas contesté. Ce dernier aurait pu revoir la configuration de son projet. Il aurait pu déplacer une tour pour permettre une vraie fouille et la sauvegarde des vestiges. La destruction du port n’était pas indispensable pour la construction de ses belles tours. Mais il était pressé et ne voulait pas changer ses plans d’un iota. »
Et M. Mitri de conclure : « Je ne suis pas archéologue, mais je pense que l’enjeu est de taille. Il aurait fallu consulter et discuter. Toutefois, la décision a été prise à la hâte. Nous avons des doutes et nous nous posons des questions sur les motivations du ministre. »
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