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À La Une - L'Orient Littéraire

L’État de barbarie persiste et signe

L’histoire se répète en Syrie, avec son funeste cortège de massacres, de rafles, de bombardements aveugles. Telle est la première impression qui se dégage de la lecture de la nouvelle édition du livre de Michel Seurat Syrie, L’État de barbarie.

Éminent sociologue, spécialiste du monde arabe, Michel Seurat a été enlevé en mai 1985 par « l’organisation du Jihad islamique », un prête-nom du Hezbollah, selon Gilles Kepel. Il a été détenu dans la banlieue sud où il est décédé faute de soins.

 

Comme le souligne Kepel dans la préface, il s’agit là d’un ouvrage de référence pour tout chercheur, journaliste, politologue qui voudrait essayer de comprendre les mécanismes de pouvoir qui ont permis au clan Assad de gouverner la Syrie d’une main de fer depuis 1970.

 

L’ouvrage regroupe un ensemble d’articles que Michel Seurat avait publiés sur la Syrie au début des années 80 et qui restent aujourd’hui d’une brûlante actualité. Ils analysent, entre autres, la période du vaste soulèvement populaire de 1979-1982 qui s’était achevé par le massacre de Hama et qui avait été marqué par le même scénario répressif que celui auquel nous assistons actuellement. Avec la différence que les chabbiha de 2012 s’appelaient à l’époque les « chemises noires » ou les « phalanges ». Michel Seurat rapporte moult détails sur les faits d’armes de ces miliciens : assassinats en série ; des dizaines d’habitants fusillés en même temps ; des centaines de prisonniers mitraillés dans leurs cellules en une seule nuit, en mai 1980, à la prison de Palmyre ; sans compter les bombardements des localités rebelles ainsi que les rafles massives. Les récits semblent avoir été écrits aujourd’hui...

 

Mais l’intérêt de l’ouvrage réside surtout dans l’analyse de la stratégie diabolique mise en place par Hafez el-Assad afin d’asseoir son pouvoir tyrannique. Hafez el-Assad ne se souciait nullement de fonder un État-nation, mais son but était plutôt de jouer sur tous les tableaux, sur toutes les contradictions, afin d’obtenir l’adhésion des divers secteurs et pans de la société à son pouvoir. Dans cette optique, son appareil « étatique » avait une fonction de destruction de la société politique, et surtout une fonction hégémonique dans le cadre d’une unification idéologique et culturelle. L’objectif recherché était le « degré zéro de politique ». Cette stratégie est ironiquement illustrée par la formidable réflexion d’un « militant » du Baas qui participait au VIIe congrès du parti (décembre 1979-janvier 1980) : « Au parti, il vaut mieux ne pas faire de politique ! » De fait, le Baas a été réduit à une simple façade civile du régime, sans réelle âme politique.

Quant à l’armée, elle était transformée en un instrument de domination alaouite, dépourvue de toute force susceptible de menacer le pouvoir en place. Quatre décennies plus tard, ce schéma est toujours le même, ce qui explique la cohésion relative des forces régulières dont bénéficie Bachar el-Assad. La troupe n’est donc pas « l’armée d’un État », mais plutôt un instrument aux mains du clan pour écraser la société civile.

 

Dans ce processus de destruction de l’espace politique, la violence constitue le « mode de fonctionnement », le « phénomène moteur » du système. D’où la solution du « tout sécuritaire » adoptée par Bachar el-Assad pour écraser la révolution actuelle. Dans les rapports sociaux, on est ainsi soit « dominant », soit « dominé », aucune nuance n’étant envisageable (Bachir Gemayel avait parfaitement illustré cette logique en relevant qu’avec le régime syrien on est soit « agent », soit « ennemi »).

Dans son effort de conceptualisation de la stratégie de domination alaouite, Michel Seurat se réfère aux travaux d’Ibn Khaldoun qui montrait que pour asseoir un pouvoir tyrannique (le mulk), un clan ou une communauté mise sur la ‘asabiyya (esprit de corps) en exploitant une « prédication » (da’wa). Michel Seurat transpose cette triade au cas syrien en relevant que Hafez el-Assad mobilisait la ‘asabiyya alaouite en récupérant à son propre compte les slogans du nationalisme arabe pour faire main basse sur « l’État ». Dans le cas présent, le schéma reste identique, la da’wa étant « la résistance » et la fameuse moumanaa (attitude « ferme » à l’égard d’Israël). Cette même stratégie appliquée par l’actuel clan Assad peut-elle tenir la route dans le contexte présent ? Pour l’heure, les développements de la révolution syrienne tendent à démontrer que la stratégie du « degré zéro de politique » paraît avoir fait son temps avec l’émergence du Conseil national syrien et d’une opposition qui reste, certes, divisée, mais qui commence à se structurer, et qui bénéficie surtout de solides soutiens arabes et étrangers.

 

L’armée, secondée par les chabbiha, demeure en outre un instrument de domination alaouite, mais elle peine à contenir la révolution. Reste à savoir si les atouts du clan Assad, en l’occurrence les appuis russe, chinois et iranien, finiront par venir à bout de la farouche et héroïque détermination populaire.

 

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Éminent sociologue, spécialiste du monde arabe, Michel Seurat a été enlevé en mai 1985 par « l’organisation du Jihad islamique », un prête-nom du Hezbollah, selon Gilles Kepel. Il a été détenu dans la banlieue sud où il est décédé faute de soins.
 
Comme le souligne Kepel dans la préface, il s’agit là d’un ouvrage de référence pour tout chercheur, journaliste,...

commentaires (2)

Suite à ces Printanières, les Arabes passeront des Ténèbres aux Lumières, n’en déplaisent aux Arabophobes de tous bords de ce même bord ! Et s’extrairont enfin de ce Vide, de ce Néant et de ce Moins que Rien vers ce Mieux que ce même Rien profondément "baassyrien" ! Quel intérêt ?, demanderont les hypocrites, débiles de ne pas profiter de ces Historiques Révolutions ! On regarde ainsi avec des yeux ébahis "cez-ébaubis" qui ne font Rien en vue de cette Liberté, des "Malsains" condamnés à mijoter au fond de leur profonde trouée ! Pourtant, nous Sains étions souvent désenchantés, et on bâfrait en collant pour écouter la télé pour s’assurer de ce qui se tramait ! Mais, cette fois, c’est bien la bonne ! Voilà l’Espérance qui rebondit, et on finira dorénavant ces éblouissantes soirées plus comme les autres passées et dépassées, étant blêmes, vaincus et écrasés ! Même s’il faudra encore faire gaffe quand même à ces "chabbîhas" à moustache en 8 "Persé", Sales guetteurs klaschin en main ou autres d’Ici de la même espèce de cette Fin !… d’époque que l'on croiserait sur leurs sentiers de fond de "sentines" ; crevassés ! On sait qu'on a encore à prendre dans "le faciès" ; et puis ce sera fini : on sera alors de plein pied dans une nouvelle contrée enfin évoluée et tout aura vraiment changé ! Car tous "ces baassdiots" tribord vont déguerpir ; avec sur leur mulet tous les "Collabos" bâbord de ce côté-ci !

Antoine-Serge KARAMAOUN

11 h 29, le 16 juin 2012

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Commentaires (2)

  • Suite à ces Printanières, les Arabes passeront des Ténèbres aux Lumières, n’en déplaisent aux Arabophobes de tous bords de ce même bord ! Et s’extrairont enfin de ce Vide, de ce Néant et de ce Moins que Rien vers ce Mieux que ce même Rien profondément "baassyrien" ! Quel intérêt ?, demanderont les hypocrites, débiles de ne pas profiter de ces Historiques Révolutions ! On regarde ainsi avec des yeux ébahis "cez-ébaubis" qui ne font Rien en vue de cette Liberté, des "Malsains" condamnés à mijoter au fond de leur profonde trouée ! Pourtant, nous Sains étions souvent désenchantés, et on bâfrait en collant pour écouter la télé pour s’assurer de ce qui se tramait ! Mais, cette fois, c’est bien la bonne ! Voilà l’Espérance qui rebondit, et on finira dorénavant ces éblouissantes soirées plus comme les autres passées et dépassées, étant blêmes, vaincus et écrasés ! Même s’il faudra encore faire gaffe quand même à ces "chabbîhas" à moustache en 8 "Persé", Sales guetteurs klaschin en main ou autres d’Ici de la même espèce de cette Fin !… d’époque que l'on croiserait sur leurs sentiers de fond de "sentines" ; crevassés ! On sait qu'on a encore à prendre dans "le faciès" ; et puis ce sera fini : on sera alors de plein pied dans une nouvelle contrée enfin évoluée et tout aura vraiment changé ! Car tous "ces baassdiots" tribord vont déguerpir ; avec sur leur mulet tous les "Collabos" bâbord de ce côté-ci !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    11 h 29, le 16 juin 2012

  • Extraordinaire la vision du "sociologue" Michel Seurat, célèbre victime pratiquement assassinée par le Hezbollah, sur la Syrie de Hafez el-Assad. En décrivant minutieusement "la stratégie diabolique que le président syrien met en place afin d'asseoir son pouvoir tyrannique", comme dit M Touma, on dirait qu'il prévoit les barbaries monstres que ce pouvoir, transmis à son fils, est en train de commettre de nos jours et dont le monde entier est témoin.

    Halim Abou Chacra

    04 h 33, le 16 juin 2012

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