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À La Une - Syrie

Moscou se passerait d’Assad

Le ballet diplomatique se poursuit ; les combats s’intensifient.

Vladimir Poutine. Mark Ralston/Pool/

La Russie, allié indéfectible de Damas depuis le début de la révolte, s’est montrée hier ouverte à un départ du pouvoir du président Bachar el-Assad. « Nous n’avons jamais dit ou posé comme condition qu’Assad devait nécessairement rester au pouvoir à la fin du processus politique », a ainsi déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov à l’agence ITAR-Tass. Le Conseil national syrien (CNS) avait jugé fin mai que le départ du président Assad était « le seul moyen de sauver le plan » de l’émissaire de la Ligue arabe et de l’ONU Kofi Annan, « faute de quoi la situation risque d’exploser et menacera toute la région ».

Alors que la communauté internationale, divisée, cherche toujours des moyens de faire pression sur le régime Assad, le président russe Vladimir Poutine a entamé une visite de trois jours en Chine, consacrée en partie à la crise en Syrie. M. Poutine a affirmé que la Chine et la Russie allaient renforcer leur alliance cruciale, notamment à l’ONU. La diplomatie chinoise a souligné de son côté que les deux pays étaient unis dans leur ferme opposition à une intervention étrangère et à un changement de régime par la force en Syrie. « La position des deux parties est claire pour tous : il devrait y avoir un arrêt immédiat des violences et le processus de dialogue politique devrait être lancé dès que possible », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Liu Weimin.

 

Moscou hypersollicité

La secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a appelé Moscou et Pékin à « contribuer à une solution » au règlement du conflit, insistant : « Je pense qu’il est assez clair que nous devons tous intensifier nos efforts pour accélérer la transition politique, et cela doit être la principale préoccupation de notre diplomatie. » Un envoyé du département d’État américain, Frederic Hoff, se rendra à Moscou cette semaine pour discuter de la crise.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a lui aussi appelé la Russie à « passer du soutien au régime syrien à une action en faveur de l’arrêt des combats et d’une transition politique pacifique », assurant que ce changement de position lui permettrait « de sauvegarder ses intérêts en Syrie et dans le monde arabe ». Le prince Saoud a aussi appelé les monarchies du Golfe à se mobiliser pour aider les Syriens à se défendre « face à la machine de mort » du gouvernement de Damas.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a déclaré depuis Abou Dhabi que l’objectif de son pays était de stopper la violence et d’éviter une déflagration régionale. « Nous devons accentuer la pression sur le régime Assad car, pour nous, les atrocités sont inacceptables », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse avec son homologue émirati, cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahyane. Cheikh Abdallah a de son côté insisté sur l’importance de soutenir le plan de sortie de crise élaboré par l’émissaire international Kofi Annan : « Le temps n’est pas de notre côté et tout retard dans l’application de ce plan rendrait plus difficile une solution en Syrie. » Le ministre a vu « du positif » dans la déclaration de Guennadi Gatilov.

Côté israélien, le chef d’état-major, le général Benny Gantz, s’est déclaré inquiet de l’instabilité croissante sur le plateau du Golan provoquée par l’affaiblissement du régime. « Il ne s’agit pas encore d’activités terroristes mais cela pourrait être bientôt le cas », a-t-il prévenu, ajoutant que « nous sommes plus que jamais inquiets du trafic d’armes depuis la Syrie au Hezbollah, surtout si le régime syrien s’effondre ». Selon le général, quelle que soit l’issue du conflit, elle sera défavorable à Israël.

 

17 indésirables

Selon diplomates et experts, Kofi Annan, qui doit s’adresser jeudi au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale de l’ONU, commence à entrevoir l’échec de son plan et souhaite que la communauté internationale pèse de tout son poids pour faire respecter ce plan ou qu’elle trouve un « plan B ». Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Meqdad a réaffirmé hier la volonté de Damas de faire réussir le plan Annan et de « protéger la mission des observateurs » déployés pour faire appliquer un cessez-le-feu largement ignoré depuis près de deux mois. Mais les autorités syriennes ont déclaré dans le même temps « persona non grata » dix-sept ambassadeurs de plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis et la France, pour riposter au renvoi des ambassadeurs syriens. La plupart de ces diplomates avaient cependant déjà quitté le sol syrien depuis des mois.

 

Près de 50 tués

Sur le terrain, les opérations de répression mais surtout les combats entre armée et rebelles se sont poursuivis, faisant au total 47 morts, dont deux fillettes, selon un décompte de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Dans la région côtière de Lattaquié, 22 soldats et 9 combattants de l’opposition ont ainsi péri dans des combats dans la zone d’al-Hiffa, selon l’OSDH, qui a aussi évoqué des « dizaines » de militaires blessés. Dans la région d’Idleb, quatre civils ont été tués avant l’aube lors d’une « vaste opération militaire » à Kafroueid. Les forces du régime ont en outre bombardé la ville rebelle de Homs et pris d’assaut plusieurs localités. L’OSDH a aussi évoqué les assassinats de deux officiers à Deir ez-Zor et Damas.

Conséquence des violences qui se poursuivent, plus de 2 000 Syriens se sont réfugiés ces trois derniers jours en Turquie, a annoncé le centre turc de gestion des situations de crise (AFAD), qui dénombre 26 747 réfugiés syriens dans les camps du sud du pays. Face à ce flux, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que le « feu qui brûle en Syrie pourrait enflammer toute la région, et nous avons à plusieurs reprises mis en garde contre cela, après que des milliers et des milliers de syriens eurent été chassés de chez eux de leur pays. Nous ne nous ingérerons jamais dans les affaires internes des autres pays, mais nous sommes concernés par la paix et la stabilité de notre région, puisque le problème d’un État devient désormais celui de la planète ».

Enfin, le groupe islamiste du Front al-Nousra, qui s’est fait connaître en décembre dernier en revendiquant plusieurs attentats dans l’est de la Syrie, a déclaré être responsable de l’exécution de treize hommes dont les corps ont été retrouvés le mois dernier à Der ez-Zor. Les 13 cadavres avaient été découverts le 30 mai, les mains liées derrière le dos, par les observateurs des Nations unies, cinq jours après le massacre de Houla.

La Russie, allié indéfectible de Damas depuis le début de la révolte, s’est montrée hier ouverte à un départ du pouvoir du président Bachar el-Assad. « Nous n’avons jamais dit ou posé comme condition qu’Assad devait nécessairement rester au pouvoir à la fin du processus politique », a ainsi déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov à...

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