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À La Une - société

Polémique violente et xénophobe en Israël autour de la question des immigrés africains

Les clandestins risquent désormais 3 ans de prison sans jugement aux termes d'une nouvelle loi entrée en vigueur dimanche.

Le 24 mai, des centaines d'Israéliens se sont retrouvés dans le quartier d'Hatikva, au sud de Tel-Aviv, pour manifester contre les immigrants illégaux africains. RONI SCHUTZER/

Les immigrants illégaux en Israël, la plupart des Soudanais et des Erythréens entrés par le Sinaï égyptien, risquent désormais d'être emprisonnés pendant trois ans sans jugement s'ils sont arrêtés par les autorités israéliennes, a annoncé dimanche une porte-parole du ministère de l'Intérieur.

 

Le ministre israélien de l'Intérieur Elie Yishaï a décidé d'appliquer une loi votée par la Knesset (parlement) au début de l'année, a précisé Sabine Haddad.

 

Après leur passage de la frontière israélo-égyptienne, particulièrement poreuse car passant en plein désert, les clandestins sont la plupart du temps arrêtés par les autorités israéliennes. Jusque-là, ils étaient détenus pendant dix jours avant d'être relâchés. La plupart d'entre eux cherchaient ensuite du travail, en particulier à Tel-Aviv.

 

"Il faut mettre ces illégaux derrière les barreaux dans des centres de détention et de rétention, puis les renvoyer chez eux, car ils viennent prendre le travail des Israéliens et il faut protéger la caractère juif de l'Etat d'Israël", avait martelé le ministre israélien de l'Intérieur Elie Yishaï, le 24 mai dernier. Si le gouvernement n'agit pas, "ils seront bientôt un demi-million voire un million, on ne pas accepter de perdre ainsi notre pays", avait-il ajouté.

 

La loi que le ministère de l'Intérieur veut mettre en vigueur est toutefois jugée "illégale, irréaliste et inhumaine" par des activistes des droits de l'Homme cités lundi par le site du Yediot Aharonot. Des activistes qui soulignent notamment le manque d'espace dans les prisons israéliennes.

"Au lieu de gérer la réalité de la situation et donc le fait que la majorité des infiltrés sont des demandeurs d'asile venant d'Erythrée et du Soudan, le ministère de l'Intérieur choisit de les incarcérer pour rien", s'est également insurgé le procureur Oded Feller, de l'association pour les droits civils en Israël.

 

Selon le ministère de l'Intérieur, 62.000 immigrés clandestins se sont "infiltrés" depuis 2006 en Israël en provenance surtout du Soudan, du Soudan du Sud et d'Erythrée. Pour le seul mois de mai, 2.031 Africains clandestins sont entrés dans le pays, a indiqué Mme Haddad.

 

Leur forte concentration dans certains quartiers défavorisés de Tel-Aviv a récemment provoqué des violences racistes et une virulente polémique politique sur leur présence en Israël.

 

Lundi, des inconnus ont mis le feu lundi à un appartement habité par des immigrants érythréens dont deux ont été légèrement blessés dans le centre de Jérusalem, a annoncé une porte-parole de la police, Luba Samri.

Selon les médias israéliens, l'inscription "Dégagez du quartier" a été retrouvée sur un des murs de l'appartement, laissant supposer qu'il s'agit d'une attaque raciste.

 

Il ne s'agit pas là du premier acte raciste, mais jusqu'à présent, les incidents -attaques de boutiques tenues par des Africains, agressions physiques et verbales- s'étaient produits essentiellement dans les quartiers du sud de Tel-Aviv, où les immigrants sont particulièrement nombreux.

 

Le 23 mai, une manifestation avait ainsi dégénéré en violences racistes à Tel-Aviv. Ce jour-là, slogans xénophobes et violences étaient au rendez-vous. Un millier d'Israéliens avaient défilé dans le quartier défavorisé de HaTikva, situé dans le sud de Tel-Aviv, aux cris de "Les nègres, dehors!" et "Les Soudanais au Soudan". Certains des manifestants ont même attaqué et pillé des magasins tenus par des Africains et endommagé plusieurs voitures transportant des immigrés. 

 

Selon un Israélien de 24 ans cité par l'AFP, et qui a préféré rester anonyme, l'affluence d'Africains provoque un sentiment d'insécurité chez les habitants les plus âgés. "Ma grand-mère a quitté le quartier après qu'un Africain soit rentré chez elle. Même moi j'ai peur", a-t-il témoigné. "La seule solution est de les renvoyer chez eux", insistait une Israélienne du quartier. "Nous avons peur de sortir de chez nous. Leur situation pousse ces clandestins à faire des choses terribles".

 

Une députée du Likoud, le parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Miri Regev, qui a participé à la manifestation du 23 mai, est allée jusqu'à assimiler les clandestins à "un cancer qui prolifère". Des propos qui ont poussé Yariv Oppenheimer, le dirigeant de l'association anti-discrimination La Paix Maintenant, à demander au procureur général d'engager des poursuites pour "incitation à la haine raciale" à l'encontre de Mme Regev et d'autres députés du Likoud présents à la manifestation.

 

 

Face à ces propos, certains Israéliens rappellent le sort subi par les Juifs d'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, et jugent que l'Etat hébreu se doit d'accueillir les étrangers. Des Israéliens qui ont manifesté le 24 mai, à Tel Aviv et à Jérusalem, près de la résidence du Premier ministre, en criant que "le racisme est un cancer" et "Nous sommes tous des réfugiés".


Conscience morale du pays, le président Shimon Pérès a également jugé que la haine des étrangers était "contraire aux enseignements du judaïsme" et que la violence n'était "pas la solution" face aux difficultés des habitants des zones sud de Tel Aviv.

 

Même son de cloche pour le président du Parlement, Reuven Rivlin, membre du Likoud, qui assure qu'Israël a "l'obligation sacrée" d'aider les personnes déplacées au nom du fondement même de l'Etat hébreu, terre de refuge pour les Juifs après des années de persécution.

 

Oscar Olivier, un immigré congolais installé depuis 18 ans en Israël et interrogé par la radio de l'armée au lendemain de la manifestation du 23 mai, notait que l'atmosphère actuelle dans l'Etat hébreu lui rappelle celle qui régnait lors de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin par un extrémiste juif, en 1995. "C'est comme un ancien alcoolique qui retombe dans son vice. La question aujourd'hui n'est plus de savoir si un Africain sera tué simplement parce qu'il est noir, mais quand..."

 

Le débat fait également les gros titres des médias israéliens. "Colère, violence et xénophobie à Tel-Aviv", pouvait-on lire en Une du quotidien Maariv après les manifestations de la fin mai, alors qu'un commentateur de la radio militaire évoquait un "pogrome". 

 

Benjamin Netanyahu a condamné les violences, affirmant qu'elles n'avaient "aucune place" en Israël, tout en s'engageant à "résoudre de façon responsable" le problème de l'immigration clandestine.

"Nous achèverons la construction du mur d'ici quelques mois et nous commencerons bientôt à renvoyer les immigrés dans leurs pays d'origine", a promis M. Netanyahu, en référence à la clôture de 250 km qu'Israël est en train de construire le long de sa frontière avec l'Egypte, très poreuse car passant en plein désert du Sinaï.

 

Mais pour Aryeh Eldad, un député de l'Union nationale, barrières ou prisons ne suffisent pas. "Il faut tirer sur quiconque pénétrera en territoire israélien", a-t-il proposé lors d'une tournée à la frontière avec l'Egypte, selon le Haaretz.

Les immigrants illégaux en Israël, la plupart des Soudanais et des Erythréens entrés par le Sinaï égyptien, risquent désormais d'être emprisonnés pendant trois ans sans jugement s'ils sont arrêtés par les autorités israéliennes, a annoncé dimanche une porte-parole du ministère de l'Intérieur.
 
Le ministre israélien de l'Intérieur Elie Yishaï a décidé d'appliquer une loi...

commentaires (7)

Entierement d'accord avec ce que vous suggerez Mr safa.Deux fois.

Jaber Kamel

09 h 34, le 05 juin 2012

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Commentaires (7)

  • Entierement d'accord avec ce que vous suggerez Mr safa.Deux fois.

    Jaber Kamel

    09 h 34, le 05 juin 2012

  • Bien sûr que c'est très compliqué, M Jaber, mais il faut bien commencer par quelque chose ... par exemple par mieux choisir les dirigeants qu'on veut avoir.

    Paul-René Safa

    05 h 16, le 05 juin 2012

  • Madame Sursock, ça s'appelle du ramassage. Et ces ramassages veulent s'approprier la terre des autres.

    SAKR LEBNAN

    13 h 16, le 04 juin 2012

  • Tout ce que vous dites Mr safa est correct, mais la zizanie aussi , ils savent faire, je trouve que vous etes durs avec les arabes en leur demandant d'etre uni, les africains , le sont ils ? les sud americains le sont ils? les asiatiques le sont ils et meme les europeens, peuvent ils decider comme bon leur semble quand il s'agit d'israel ? Vous avez raison de dire qu'avec la puissance financiere qu'ont les arabes , on devrait connaitre le contraire de ce qui nous arrive, mais vous voyez aussi les dirigeants qu'on a ! et a qui profite leur incurie. Je pense que c'est beaucoup plus complique que ca en somme.

    Jaber Kamel

    12 h 54, le 04 juin 2012

  • La situation est encore plus complexe que cela car il y a du racisme entre Juifs... Les mieux vus sont originaires des pays de l'Est (Russie, Pologne) ou d'Allemagne et d'Autriche qui ont un passé relié à la Shoah. Puis viennent les Occidentaux. Enfin viennent les Juifs issus des pays arabes qui sont très méprisés par les autres, qui subissent une véritable ségrégation pour obtenir un logement, un travail etc... Les Yéménites sont moins bien considérés que les Marocains, Irakiens... Ajoutez à ceux-là tous ceux venus de l'ex-URSS, qui ne veulent pas apprendre l'hébreu, qui sont souvent orthodoxes et un petit peu Juifs par leur grand-mère. Ils vivent dans des sortes de ghettos avec médias et livres en cyrillique. Certains de leurs rejetons ont même commis des actes antisémites. Le peuple d'Israël n'est pas homogène et la crise économique attire en Israël des Juifs athées qui n'ont pas de travail en France ou ailleurs. On leur offre le voyage, un logement etc...

    Nayla Sursock

    12 h 10, le 04 juin 2012

  • Bien vu,M. Safa...rien à ajouter,rien à retrancher(en quelque sorte!)

    GEDEON Christian

    07 h 02, le 04 juin 2012

  • Une grande partie de la population Israélienne est radicalement raciste lorsqu'il s'agit de non-Juifs et radicalement anti-raciste lorsqu'il s'agit de Juifs. Ce sont les champions des deux poids et deux mesures, et ils continuent d'être chouchoutés par tous les "grands" de ce monde ayant réussi à constituer les lobbys les plus puissants du monde. Quant à nous (les Pays Arabes) plutôt que de profiter de nos ressources colossales pour en faire autant, construire nos sociétés et développer nos connaissances, nous continuons depuis soixante quinze ans, soit à nous tirer dessus soit à baiser sévère. Lorsque les puits de pétrole seront taris en même temps que nos burnes, nous retournerons fissa à nos chameaux, notre occupation favorite d'antan.

    Paul-René Safa

    05 h 51, le 04 juin 2012

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