Y aura-t-il de nouveau la guerre ? Vieille, très vieille question que refoule en permanence l’enfant au fond de nous. Y aura-t-il de nouveau la guerre et la prochaine fois, d’où viendra-t-elle ? Du sud, du nord, de l’est, de la mer ? La réponse est simple, la guerre ne revient pas, elle est là, tout le temps, virale, fébrile, convulsive, prête à éclater. On l’a faite, nos parents l’ont faite, nos grands-parents l’ont faite, on la refera, il n’y a pas de raison. Il suffit de peu, de l’argent, des armes, et cette question qui nous épuise et nous pousse insidieusement à passer à l’acte. Fous ? Stupides ? On n’en sait rien, c’est juste parfois irrépressible. Quand ce ne sont pas les autres, Israël ou le diable vert qui viennent se dérouiller chez nous, nous savons faire tout seuls. Brûler des pneus par exemple. Ça devient une manie. Des pèlerins enlevés à Alep ? On brûle des pneus. Un attentat à Bagdad ? On brûle des pneus. Le problème avec les pneus, c’est qu’ils font beaucoup de fumée, pas mal de feu, mais il n’y a pas le son. Pour que la jouissance soit complète, et que nul n’en ignore, il faut vider quelques chargeurs de mitraillettes. Toutes ces armes aux mains d’au moins la moitié de la population, c’est clair qu’elles ne servent ni à donner l’heure ni à prévoir la météo. En revanche, elles permettent de présager l’avenir.
De guerres nous aurons toujours notre lot et il y en aura pour tout le monde tant qu’abonderont sur nos terres, dans nos foyers, sous nos oreillers, dans nos placards, nos boîtes à gants, nos greniers, nos pupitres, les joujoux qui rendent fort, les joujoux qui rendent fou. À la longue, on n’est même plus impressionné. On attend que ça passe. Le lendemain, on revient à sa tâche comme si de rien n’était. On produit, on consomme, on se détend, on va à la plage, on voit des films, on fait la fête. On appelle ça le « miracle libanais ». C’est juste l’habitude.
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