Boycottée par la classe politique israélienne, Marine Le Pen courtise les Franco-Israéliens et, au-delà, la communauté juive française – des efforts qui semblent rencontrer un certain écho parmi les binationaux.
Le fait qu’un des ultimes parrainages nécessaires à Marine Le Pen pour se présenter soit venu d’un élu franco-israélien indique l’érosion d’un tabou, par rapport à la réputation sulfureuse de son père, coutumier de déclarations à connotation antisémite et condamné pour ses propos sur les chambres à gaz, qualifiées de « détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ». « Ce parrainage n’implique pas que je vais voter pour elle », a néanmoins précisé Sylvain Semhoun, membre de l’Assemblée des Français de l’étranger et ancien délégué en Israël de l’UMP, estimant « avoir accompli (son) devoir civique ».
En 2007, Nicolas Sarkozy avait obtenu plus de 84 % des voix en Israël au premier tour, alors que Jean-Marie Le Pen n’en avait recueilli que 1 %.
« Je vais voter pour Marine Le Pen pour pousser un cri d’alarme », affirme David Choukroun, 64 ans, un retraité qui vit en Israël depuis un an. « Je n’adhère pas à 100 % à ses idées, mais le vrai danger en France pour la communauté juive ne vient pas de l’extrême droite mais de l’islam radical, qu’elle est la seule à combattre ». « Le dernier exemple, la tragédie de Toulouse, a démontré que son discours est juste », estime-t-il, ajoutant qu’au second tour, il votera pour Nicolas Sarkozy, comme il y a cinq ans.
« La découverte du tueur ne fait que confirmer ce que je dénonce depuis des années, à savoir le développement d’un fondamentalisme islamique dans notre pays qui est sous-estimé par les pouvoirs publics », avait déclaré Mme Le Pen en mars à une radio privée israélienne. Selon le journaliste qui l’a interviewée, Stéphane Calvo, « le fait qu’elle ait accepté de s’exprimer sur notre radio prouve qu’elle sait qu’elle peut toucher un public potentiel en Israël ». « Son discours est destiné à convaincre les Franco-Israéliens inquiets pour leurs familles restées en France victimes d’actes antisémites plus que d’apporter son soutien à la politique israélienne, qu’elle critique comme le faisait son père », analyse-t-il.
« Bien sûr qu’il y a de l’antisémitisme en France, qui est bien souvent la conséquence du fondamentalisme islamique. Il n’y a pas d’antisémitisme au Front national », avait assuré Marine Le Pen en février dans une interview à la deuxième chaîne de télévision israélienne. « Il y a une grande partie des Français juifs qui s’apprêtent à voter pour moi à l’élection présidentielle », avait-elle indiqué.
La majorité des électeurs potentiels de Mme Le Pen adopte néanmoins un profil bas. Comme nombre d’entre eux, un avocat confie sous le couvert de l’anonymat hésiter encore à voter pour elle mais « l’envisager sérieusement ».
Plus de 62 000 personnes sont inscrites sur les listes électorales françaises en Israël, selon l’ambassade de France.
Le fait qu’un des ultimes parrainages nécessaires à Marine Le Pen pour se présenter soit venu d’un élu franco-israélien indique l’érosion d’un tabou, par rapport à...
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