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À La Une - Révolte

Syrie : le plan Annan vidé de son sens

Le régime annonce ne pas vouloir se retirer des villes comme prévu ; au moins 130 morts hier.

Une photo prise de YouTube montrant des chars de l’armée gouvernementale en action dans la région de Homs.

L’armée syrienne a lancé hier plusieurs attaques qui ont fait plus de 130 morts à travers le pays, ainsi qu’en Turquie et au Liban (voir par ailleurs et en page 4), à la veille de la date butoir fixée par l’ONU, en vue d’un cessez-le-feu qui paraît de plus en plus compromis.

Ainsi, l’armée a bombardé des localités des provinces de Deir ez-Zor et d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Lors de ces heurts, les rebelles ont tué au moins six membres des forces de sécurité et des douanes syriennes, selon l’ONG, qui a précisé que huit rebelles ont été blessés. Dans le même temps, les forces loyalistes bombardaient la ville de Tall Rifaat, à une quinzaine de km plus au sud, d’après l’OSDH, et qui auraient fait des dizaines de morts et de blessés.

 

De même, au moins 35 civils, en majorité des femmes et des enfants, ont péri hier dans des bombardements de l’armée syrienne sur la ville de Latamna dans la province de Hama, a rapporté Rami Abdel Rahmane, président de l’OSDH. Dans la même province, des combats ont éclaté entre soldats et déserteurs à Kafarzita après que les forces gouvernementales ont procédé à des arrestations de blessés dans l’hôpital de la ville, toujours selon l’OSDH, qui a également dénoncé des bombardements aériens à partir d’hélicoptères de l’armée syrienne. Et à Damas, une femme a été arrêtée pour avoir brandi devant le Parlement une pancarte dénonçant les « tueries » en Syrie, selon l’avocat des droits de l’homme Anouar Bounni.

 

Parallèlement, la presse syrienne a annoncé que le ministre des Affaires étrangères, Walid Moallem, se rendait à Moscou pour des entretiens avec son homologue Sergueï Lavrov au sujet de la mission Annan. Le vice-ministre de Lavrov a d’ailleurs déclaré hier que son pays « (travaillait) sur la fin des violences (en Syrie) ».

 

Déjà, les espoirs s’étaient considérablement réduits après que le régime syrien eut affirmé dimanche qu’il ne retirerait pas ses troupes aujourd’hui comme prévu par le plan de l’ONU à moins de disposer de « garanties écrites » des combattants rebelles, exigences alors jugées « inacceptables » par Paris. Les insurgés avaient alors renvoyé la balle au régime, se disant prêts à respecter le cessez-feu si Damas faisait de même, selon les déclarations du colonel Kassem Saadeddine, porte-parole de l’Armée syrienne libre (ASL), et celles du colonel Riad el-Assaad, chef de l’ASL. Pékin, allié de Damas, avait de son côté exhorté chacun à respecter ses « engagements ». Mais selon les militants, les exigences de garanties écrites formulées par le régime ne sont qu’une énième tactique dilatoire. « Le régime pensait que (d’ici au 10 avril), il reprendrait le contrôle des villes (rebelles). Comme ce n’est pas le cas, il essaie de gagner du temps », estime ainsi M. Abdel Rahmane. « Si le plan Annan ne marche pas, rien ne va marcher et la Syrie va plonger dans une longue guerre civile », a-t-il prévenu.

 

L’offensive syrienne a fait capoter le plan Annan, a affirmé pour sa part le vice-ministre turc des Affaires étrangères, Naci Koru. « Il semble évident que le plan Annan ne sera pas appliqué », a-t-il dit, cité par Anatolie.

Toujours sur le plan diplomatique, le Conseil des ministres saoudien et le roi Abdallah ont dit hier « profondément regretter l’escalade dans les actes de violences provoquée par le régime », estimant que « le non-respect du plan Annan démontre le degré d’entêtement du régime ». Kofi Annan, pour sa part, s’est dit « choqué par (la) montée de la violence et des atrocités dans plusieurs villes et villages de Syrie ». Également, la Maison-Blanche a estimé hier qu’il n’existait « aucun signe jusqu’ici » prouvant que le régime syrien respecte ses engagements.

 

Au niveau humanitaire, le chef de la diplomatie belge Didier Reynders a estimé qu’une intervention humanitaire avec une protection militaire sur le terrain serait nécessaire en Syrie si le régime syrien continue sur « le chemin de la barbarie ».

 

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