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À La Une - Révolte

Aux quatre coins de la Syrie, la même détermination...

Les offensives sur les villes rebelles sont de plus en plus menaçantes ; Annan à Moscou et Pékin ce week-end.

 

À Binech, la population n’a peur de rien, manifestant contre Bachar el-Assad, représenté en canard. Photo Sham News Network / Reuters

À l’appel des militants prodémocratie, des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté hier, notamment à Damas, sous le slogan « Damas nous arrivons », réclamant entre autres le jugement de dirigeants du régime. Des militants ont fait état de rassemblements d’une « ampleur sans précédent » ainsi que d’un déploiement militaire « inédit ».

Des rassemblements qui ont également eu lieu à Alep, al-Damir, Homs, Qamishli, Hasaka, Hama, Jassem, Kfar Chams, Enkhel, Chiyah, Arbine, Bebela, Yabroud, Deir ez-Zor, Talbissé, Hayyan, Andan, Houla, Deraa, Douma, Amouda et au Midane dans la capitale. Les forces de sécurité n’ont pas hésité à tirer sur les manifestants pour les disperser, faisant de nombreux blessés et au moins 34 morts, selon les chaînes satellitaires al-Jazira et al-Arabiya. Elles ont ainsi blessé plusieurs personnes dans le quartier Qadam à Damas et procédé à une vaste campagne d’arrestations, selon al-Jazira qui précise que la même méthode a été employée à Deraa. Les forces de sécurité et les chabbiha ont par ailleurs encerclé toutes les mosquées à Banias, ainsi qu’à Idleb, où ils ont détruit plusieurs maisons.

  

Parallèlement, un millier de Syriens ont manifesté à Amman contre le régime Assad, clamant qu’ils ne fléchiraient pas.

 

Violents combats

Au même moment, de violents combats ont opposé les troupes gouvernementales et l’Armée syrienne libre (ASL) à Aazaz, une ville proche de la frontière turque par laquelle transitent de nombreux blessés et des civils fuyant les violences. Les combats durent depuis jeudi dans cette localité de 75 000 habitants dans la province d’Alep, « bombardée par les troupes et survolée par des hélicoptères de l’armée », a affirmé Mohammad el-Halabi, un militant. À Homs, autre place forte des rebelles, cinq civils ont été tués lors de tirs de roquettes par l’armée sur le quartier de Bab Sbaa, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), assurant que « 24 obus de mortier sont tombés sur Bab Dreib, Safsafa et Ouarché », d’autres quartiers de la ville. Plus au nord, l’armée pilonnait le bastion rebelle de Bineche, à l’est d’Idleb. « Nous avons placé des mines antichars et antipersonnel tout autour de Bineche. Chaque avenue, chaque rue et ruelle de cette ville recèle des mines et des explosifs. Nous n’allons pas nous rendre sans nous battre et vendre cher notre peau », a martelé le général Abou Abdel Kader, qui commande les forces rebelles dans cette localité. À Sarmine, toujours dans la province d’Idleb, les autorités ont tué « plusieurs terroristes armés », a rapporté l’agence officielle SANA, tandis que l’ASL affirme défendre cette ville bombardée et assaillie par les forces du régime. Les violences ont également gagné ces derniers jours Damas et sa région, théâtre chaque nuit d’affrontements entre soldats et rebelles.

 

Annan à Moscou et Pékin

Sur le plan diplomatique, Kofi Annan, émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, se rend ce week-end en Russie et en Chine, fidèles alliées de Damas, qui ont voté mercredi une déclaration à l’ONU appelant à la fin des violences, après avoir opposé leur veto à deux résolutions condamnant la répression. Par cette déclaration, le Conseil de sécurité exhorte le président Assad et ses opposants à « appliquer immédiatement » le plan Annan, prévoyant « un arrêt des violences par toutes les parties », « l’acheminement de l’aide humanitaire » et « la libération des détenus ». L’émissaire international rencontrera ainsi demain à Moscou le président russe Dmitri Medvedev et le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov. Le journal gouvernemental syrien Techrine s’est félicité de cette déclaration, sans dire si le régime comptait la respecter. L’opposition l’avait dénoncée, la jugeant en-deçà des attentes du peuple syrien.

Notons qu’une mission envoyée par M. Annan en Syrie a quitté le pays jeudi « après trois jours d’entretiens intensifs ». « Les autorités syriennes nous ont donné des réponses, et nous allons à présent les étudier soigneusement », selon le porte-parole de M. Annan.

Par ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé participera à la conférence des « Amis de la Syrie » qui se tiendra le 1er avril à Istanbul en Turquie, a indiqué à la presse le porte-parole du ministère, Bernard Valero. Interrogé sur les critiques du président du Conseil national syrien, Burhan Ghalioun, à l’encontre de la déclaration du Conseil de sécurité, M. Valero ne les a pas commentées directement, se bornant à souligner que Paris attendait que le CNS « participe activement » à la mobilisation internationale et continue à chercher « l’unification » de l’opposition syrienne.

 

Témoins drogués ?

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a de son côté prolongé le mandat de sa commission d’enquête en Syrie, lui demandant de dresser un « relevé des violations flagrantes des droits de l’homme » commises depuis mars 2011, y compris une évaluation du nombre de victimes. Cette commission a dressé une liste confidentielle de hauts responsables soupçonnés d’être impliqués dans des « crimes contre l’humanité ». Les enquêteurs accusent les forces d’opposition d’avoir « également commis des abus, bien que non comparables en termes d’échelle et d’organisation à ceux commis par l’État ».

« De nouveaux témoignages révèlent que des médecins ont reçu pour instructions de rendre des patients inconscients pendant des visites (d’observateurs) de la Ligue arabe » dans des hôpitaux à Alep, a par ailleurs indiqué à la presse Yakin Ertürk, membre de la commission, expliquant que « certains médecins ont été eux-mêmes la cible de mauvais traitements, de tortures, parce qu’ils refusaient d’obéir, et il y en a certains qui ont obéi ». Il s’agit cependant « d’informations préliminaires » que la commission devra examiner de plus près, a-t-elle précisé.

Signalons enfin que face aux flots de civils fuyant les violences, l’ONU a lancé un appel de fonds à la communauté internationale de 84 millions de dollars pour aider 100 000 réfugiés syriens en Jordanie, au Liban, en Turquie et en Irak.

(Sources : agences et rédaction)

 

À l’appel des militants prodémocratie, des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté hier, notamment à Damas, sous le slogan « Damas nous arrivons », réclamant entre autres le jugement de dirigeants du régime. Des militants ont fait état de rassemblements d’une « ampleur sans précédent » ainsi que d’un déploiement militaire « inédit ».
Des rassemblements qui ont...

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