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À La Une - Conférence

Identité et marginalisation au cœur des débats des jeunes Palestiniens

Travailleurs humanitaires et réfugiés ont posé plusieurs problématiques, lors de discussions initiées par l’Unrwa.

L’un des panels.

BRUXELLES, Karine JAMMAL

Le palais d’Egmont à Bruxelles a accueilli pour le deuxième jour consécutif des panels de discussions initiés par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Cette journée a été placée sous le thème « La réponse de la jeunesse ». Lors des différentes discussions, les personnes qui travaillent et sont en contact avec les jeunes réfugiés palestiniens ont fait part de leur expérience, et les jeunes ont pu prendre la parole pour exprimer leur point de vue.
D’emblée, concernant le financement de l’organisation onusienne, Ronan Farrow, conseiller spécial de la secrétaire d’État Hillary Clinton pour les questions internationales relatives à la jeunesse, a annoncé la donation de 10 millions de dollars supplémentaires à l’Unrwa, suscitant l’indignation d’un jeune Palestinien mettant en doute cette générosité alors que les États-Unis ont mis fin à leur participation financière à l’Unesco lorsque cette dernière a reconnu un État palestinien à part entière.
Parallèlement, les panels étaient composés de jeunes très déterminés. « On ne veut pas seulement recevoir mais également donner. Nous sommes capables d’être en charge, nous avons juste besoin que vous nous guidiez », a ainsi martelé Sarah, réfugiée palestinienne en Jordanie. D’autres jeunes ont fait part d’un problème commun entre eux : grâce à l’Unrwa, ils vont à l’école, décrochant même des bourses scolaires pour faire des études universitaires. Mais faute de moyens et parfois de papiers d’identité, ils ne peuvent pas réaliser leurs rêves. Ce qui a pour conséquence un taux très élevé de chômage.

La vie publique
Rami Khouri, directeur de l’Institut Issam Farès à Beyrouth, a en outre relevé une autre problématique : le manque de droit civique et de citoyenneté. Quel serait le meilleur moyen de faire participer les jeunes à la vie publique ? Pour le secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne, Mustafa Barghouti, la meilleure approche est de leur proposer une plateforme qui développerait leurs capacités d’auto-organisation. « Les jeunes se rendront alors compte de leur leadership. » Depuis Oslo, on est en présence d’une marginalisation systématique des réfugiés dans la prise de décision. Les jeunes sont incapables de participer à la vie politique du fait d’un manque total de démocratie. « Ils ne peuvent pas voter pour leurs représentants, ils sont donc empêchés de résister à l’occupation », selon M. Barghouti.
Nisreen Haj Ahmad, cofondatrice de « Middle East Community Organizing Initiative », préfère utiliser la méthodologie. Cela consiste à créer une communauté basée sur les mêmes valeurs. « Il faut écouter les histoires de ces jeunes. Qu’est-ce qu’on a en commun ? C’est grâce à cela qu’on a développé notre identité. »
Parallèlement, Mohammad al-Mbaid, « country director de Youth Foundation », précise que les Palestiniens ont été habitués à être ceux qui reçoivent. « Cela est autodestructeur » pour l’identité palestinienne, souligne-t-il, rappelant que les solutions sont différentes en fonction de chaque camp. Une autre partie du problème est le leadership. « Qui est en charge des réfugiés ? Les autorités ? L’Unrwa ? À qui doit-on demander des comptes ? » s’interroge en outre M. al-Mbaid, ajoutant que « la plupart des gens qui vivent dans les camps n’en sortent pas parce qu’ils ne savent pas quoi faire de leur vie à l’extérieur ».
Quant à Salvatore Lombardo, directeur de l’Unrwa à Beyrouth, son principal défi est que le problème des réfugiés au Liban ne soit plus négligé.
Ammar Dahrane, un jeune réfugié qui travaille avec l’Unrwa sur le terrain, a pour sa part souligné un point très important, affirmant que « nous n’avons plus de place pour exprimer nos voix. Nous vivons la question de l’identité tous les jours, il faut qu’on s’implique davantage ».

Marginalisation
« On ne peut pas attendre plus d’argent, on ne peut pas attendre que le budget soit voté, on ne peut pas attendre le bon moment, c’est maintenant que nous devons travailler pour aider ces jeunes », a martelé de son côté Martha Myers, directrice des services sociaux de l’Unrwa. D’après elle, il faut éradiquer la pauvreté et, pour servir les réfugiés au mieux, il faudrait définir au préalable leurs besoins. Mme Myers a en outre demandé à l’assistance de ne pas oublier que les réfugiés ne sont pas des « éléments passifs, mais des acteurs de leur destin ».
Par ailleurs, Rola Badran, réfugiée palestinienne au Liban et directrice de l’Organisation des droits de l’homme palestinien, a expliqué de son côté que son travail consiste à préserver la dignité des réfugiés, en leur donnant une éducation qui leur permette de reconnaître et de savoir défendre leurs droits. Selon elle, l’un des points les plus importants est de les faire sortir de leur marginalisation. « Il y a quatre types de marginalisation : économique, politique, identitaire et émotionnelle », a-t-elle souligné. Concernant l’identité, les réfugiés doivent tous les jours donner des preuves qu’ils sont palestiniens. Et souvent les gens s’étonnent en disant : « Ah, on ne dirait pas, tu ne ressembles pas à un Palestinien. » Mme Badran a en outre donné un exemple de marginalisation émotionnelle. « On vit au Liban, on aime ce pays, lors de la guerre de juillet 2006, à cause des bombardements, on a accepté des Libanais dans les camps, or cela n’a été ni apprécié ni reconnu. »
Tous les jeunes présents sont unanimes, ils veulent avancer et participer à la vie publique. Néanmoins, une jeune fille s’interroge. Comment réaliser cela alors que nulle part l’identité « réfugié palestinien » n’existe. À petite échelle, elle a évoqué son inscription sur Facebook : pour remplir la case nationalité, elle n’avait aucun choix...
BRUXELLES, Karine JAMMALLe palais d’Egmont à Bruxelles a accueilli pour le deuxième jour consécutif des panels de discussions initiés par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Cette journée a été placée sous le thème « La réponse de la jeunesse ». Lors des différentes discussions, les personnes qui travaillent et sont en...

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