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À La Une - France

Pour se relancer, Sarkozy lâche sa bombe européenne

Entre réforme de Schengen et un « Buy European Act », le chef de l’État risque d’indisposer ses partenaires de l’UE.

Éric Feferberg/AFP

Nicolas Sarkozy a lâché hier une bombe européenne dans la campagne présidentielle française pour tenter de relancer sa quête d’un second mandat à 42 jours du premier tour, au risque d’indisposer ses partenaires européens.

Lors d’un meeting géant à Villepinte, près de Paris, le président sortant a promis d’exiger une réforme du traité de Schengen sur la circulation des personnes, et l’instauration d’une préférence communautaire pour les marchés publics, une sorte de « Buy European Act ».

 

« L’Europe doit reprendre son destin en main, sinon elle risque la dislocation », a-t-il averti devant plusieurs dizaines de milliers de partisans survoltés, près de 70 000, selon l’UMP. Si aucun « progrès sérieux » n’est effectué au niveau européen en matière de contrôle de l’immigration d’ici à un an, la France suspendra sa participation aux accords de Schengen, a menacé M. Sarkozy. Et si l’Union européenne ne s’aligne pas sur la législation des États-Unis, qui réservent leurs marchés publics à leurs PME et aux produits fabriqués sur leur territoire, la France appliquera unilatéralement ces règles. « Si la France n’agit pas, il ne se passera rien », a ajouté M. Sarkozy dans une tradition très gaullienne. Il a dit vouloir se donner la tâche « absolument immense », s’il est réélu, de « changer l’Europe » et de réconcilier l’Europe et la France du « non » avec l’Europe et la France du « oui ».

 

En réalité, la réforme sur l’immigrationest menée sans bruit au niveau européen après avoir été engagée à la demande de plusieurs pays, notamment la France, l’Italie et l’Allemagne, au printemps 2011 en raison de l’afflux de clandestins à l’occasion du Printemps arabe, en particulier des Tunisiens qui venaient en France via l’Italie. « Ce dont parle M. Sarkozy est en fait ce que nous négocions depuis plusieurs mois », a estimé un diplomate européen interrogé par l’AFP.

 

« Bouc émissaire »

Engagé dans une bataille de la crédibilité contre le candidat socialiste François Hollande, favori des sondages, le président sortant a ainsi choisi un terrain sur lequel son expérience des cinq dernières années lui permet d’espérer reprendre le dessus dans l’opinion. En affichant sa volonté de porter au niveau européen la défense de l’industrie et la maîtrise de l’immigration – deux de ses thèmes de prédilection – il fait d’une pierre deux coups : cajoler un électorat pointilleux sur ces deux questions tout en donnant des gages aux eurosceptiques, dont les électeurs du Front national qui réclame l’abrogation des accords de Schengen. Mais M. Sarkozy, qui n’a de cesse de fustiger la volonté affichée par M. Hollande de renégocier le dernier traité européen instaurant un nouveau pacte budgétaire, a pris lui-même le risque de se mettre en porte-à-faux, en menaçant de placer la France dans l’illégalité européenne.

 

François Hollande était hier soir plein d’ironie : « Il a occulté son bilan, je peux le comprendre, il n’est pas en sa faveur. On n’a eu ni l’expression de sa fierté de ce qu’il avait fait, ni la présentation de ce qu’il nous proposait », a-t-il dit sur M6.

 

À propos des menaces à l’Europe, François Hollande a déclaré : « Il m’a accusé pendant des mois de vouloir renégocier le traité européen sur les disciplines budgétaires (...) et voilà que Nicolas Sarkozy (...) se met à traiter l’Europe comme un bouc émissaire et demande à ce que soient renégociés pas un traité, trois traités ! C’est un candidat qui est aujourd’hui dans une fuite en avant, mais tout ça va s’arrêter prochainement parce que les Français vont avoir la décision », a-t-il asséné.

 

M. Sarkozy avait auparavant multiplié les attaques contre la gauche et M. Hollande. « Je n’ai aucune leçon à recevoir d’une gauche qui a laissé les banlieues dans un état lamentable à la fin des années 1990 », a-t-il notamment déclaré.

 

Syrie et P-O

Concernant sa politique étrangère, M. Sarkozy a martelé des credo acquis puis prouvés le long de son premier mandat : « La France est la France quand elle se bat pour ses valeurs. Elle doit être du côté des peuples. Quand les avions français ont survolé la ville martyre de Benghazi, j’étais sûr que la France était alors à la hauteur de son histoire. Aujourd’hui, la France doit être aux côtés du peuple syrien. C’est son devoir, c’est sa responsabilité, c’est son rôle. Nous voulons que les massacres cessent. Nous voulons la création de couloirs humanitaires. Je le dis comme je le pense, les assassins devront rendre des comptes (...). La France sera intransigeante pour défendre la sécurité d’Israël, ce miracle de la volonté et de la démocratie. La France exigera avec la même force un État pour le peuple palestinien parce que partout où la paix est en jeu, la France a un rôle à jouer (...). La France défendra partout le droit des femmes car l’égalité des sexes est un principe universel. La France défendra le droit des chrétiens d’Orient à vivre en paix. »

Enfin, notons que Dominique de Villepin a démenti hier les informations de médias sur son éventuel retrait de l’élection présidentielle et son ralliement à la candidature de M. Sarkozy. « Le ralliement ne fait pas plus partie de mon programme aujourd’hui qu’hier. La bataille des parrainages continue », a-t-il écrit sur son compte twitter.

 

 

Nicolas Sarkozy a lâché hier une bombe européenne dans la campagne présidentielle française pour tenter de relancer sa quête d’un second mandat à 42 jours du premier tour, au risque d’indisposer ses partenaires européens.
Lors d’un meeting géant à Villepinte, près de Paris, le président sortant a promis d’exiger une réforme du traité de Schengen sur la circulation des...

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