Rechercher
Rechercher

À La Une - Le clic

« Bad Girls », ou si la révolution des Saoudiennes était un clip...

M.I.A. et ses « Bad Girls ».

Des images de femmes voilées, kalachnikovs à la main, effectuant des cascades spectaculaires en voiture, en plein désert... on n’en voit pas tous les jours. Dans la culture populaire occidentale, lorsqu’il s’agit de représenter des Arabes, c’est souvent le même genre de stéréotypes qui revient : les hommes sont des terroristes bien barbus ou bien des milliardaires bien barbares, alors que les femmes, elles, ne sont que des objets sexuels, des créatures soumises, effacées et opprimées. Des victimes, quoi !

Tout le contraire des Bad Girls de M.I.A., la chanteuse britannique d’origine sri lankaise qui, dans le clip de son nouveau single, apparaît entourée de femmes « rebelles » (« fatayat moutamarridat », comme précisé dans le générique écrit en arabe en forme de graffiti)... Des femmes portant un voile aux motifs félins, lunettes d’aviateur et ornements en or, qui dansent de manière suggestive, mitrailleuse à la main, autour d’une BMW dorée, sous le regard curieux d’un groupe d’hommes en habit traditionnel saoudien.


Hommes et femmes effectuent ensuite une série de cascades en voiture, identiques à celles qu’on voit sur YouTube de jeunes Saoudiens qui driftent, roulent sur uniquement deux roues latérales, ou font du « sandal skating » (de véritables « hit » sur le Net !)... Le tout est filmé au milieu d’un désert, entouré de collines, de maisons délabrées et des puits de pétrole en feu.

 

 

Bien que les paroles de Bad Girls ne font référence à aucun moment à la culture arabe (Live fast, die young, bad girls do it well/My chain hits my chest when I’m banging on the dashboard), beaucoup ont vu dans ce clip un hommage aux Saoudiennes qui n’ont pas le droit de conduire dans leur pays. « C’est un gros doigt d’honneur qu’envoie M.I.A. aux autorités saoudiennes qui imposent des lois inhumaines contre les femmes », estime la critique musicale du Télégraph, Lucy Jones.

 

En décembre 2011, des érudits musulmans avaient rédigé un rapport « scientifique » dans lequel ils affirment que permettre aux femmes de conduire entraînerait « une vague de prostitution, de pornographie, d’homosexualité et de divorce dans le pays »... Cela n’a pourtant pas empêché plusieurs Saoudiennes de défier les autorités et braver l’interdiction de conduire. Début février, les militantes Samar Badaoui et Manal el-Chérif – qui avait été arrêtée en mai 2011 après avoir diffusé sur YouTube une vidéo dans laquelle on la voyait derrière le volant d’une voiture – ont déposé des plaintes devant la justice saoudienne contre le refus des autorités de leur délivrer un permis de conduire. Aucune loi, selon elles, ne stipule que les femmes n’ont pas le droit de conduire une voiture.

Il faut dire que M.I.A., de son vrai nom Mathangi « Maya » Arulpragasam, est habituée à la controverse. Dans son tout premier album, la chanteuse de 36 ans avait fait l’apologie des Tamouls sri lankais (dont elle est issue), ainsi que de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Plus récemment, le 10 février, elle avait suscité l’indignation aux États-Unis pour avoir fait un doigt d’honneur en direct à la télévision, en pleine performance (aux côtés de Madonna) lors de la mi-temps de la finale du championnat de football américain (Super Bowl).
Le réalisateur du clip de Bad Girls n’est nul autre que le Français d’origine grecque Romain Gavras, le fils de Costa Gavras, connu pour ses vidéoclips controversés et extrêmement violents.

 


Le clip en question, qui a été visionné plus de 6 millions de fois en moins d’une semaine, n’a évidemment pas laissé les Saoudiens indifférents. Les commentaires étaient très divisés, certains y voyant une insulte aux lois de leur pays, alors que d’autres y ont vu une reconnaissance de la culture « underground » saoudienne.
« Qui l’aurait dit ? Notre culture influence maintenant les Occidentaux. Tout le monde sait que le drift est la spécialité des Saoudiens », écrit un internaute sous la vidéo sur YouTube. « Il faut interdire cette vidéo avant que les filles chez nous ne se mettent à les imiter. On a déjà assez de difficultés à les empêcher de conduire », plaisante un autre. « Ils essaient de nous imiter, mais les images ne sont pas crédibles, réagit un troisième. On ne s’habille pas de cette manière et on ne conduit pas ce type de voitures. Ils pensent encore qu’on vit dans le désert ou quoi ? » « Et puis, il est où son gardien légal ? : -D »

Des images de femmes voilées, kalachnikovs à la main, effectuant des cascades spectaculaires en voiture, en plein désert... on n’en voit pas tous les jours. Dans la culture populaire occidentale, lorsqu’il s’agit de représenter des Arabes, c’est souvent le même genre de stéréotypes qui revient : les hommes sont des terroristes bien barbus ou bien des milliardaires bien barbares,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut