Sans surprise, Damas a "catégoriquement" rejeté mardi les accusations de "crimes contre l'humanité" lancées la veille à l'ONU. "La Syrie rejette catégoriquement le communiqué du Haut commissariat de l'ONU qui contient de nouvelles allégations concernant la Syrie", a indiqué le ministère syrien dans une lettre aux Nations Unies.
Damas a accusé le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme d'être "manipulé par certains pays qui veulent nuire à la Syrie et qui ignorent les crimes terroristes commis par les groupes armés".
Lundi, la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, avait estimé que "la nature et l'étendue des exactions perpétrées par les forces syriennes indiquent que des crimes contre l'humanité ont vraisemblablement été commis".
Elle a dénoncé "une campagne large et systématique d'agression contre les civils" avec "l'aval ou la complicité des autorités au plus haut niveau", devant l'Assemblée générale de l'ONU.
Des déclarations qui interviennent au moment où la répression s'intensifiait sur le terrain. Mardi, au total 23 personnes, dont 18 civils et cinq soldats de l'armée régulière, ont été tuées par les forces du régime ou lors de combats entre déserteurs et militaires, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Dans la ville rebelle de Homs, le temps presse et la crise humanitaire est de plus en plus intenable. Le régime a lancé son assaut le plus violent sur la "capitale de la révolution", pilonnée sans répit depuis des jours, faisant six morts, selon l'OSDH.
"La situation est tragique", a affirmé à l'AFP Hadi Abdallah, militant du "Conseil de la révolution de Homs", indiquant que les gens sont "entassés dans les abris" et "les morts enterrés depuis une semaine dans les jardins car même les cimetières et les tombes sont visés".
Devant le Parlement européen, un jeune opposant syrien a appelé les Occidentaux à "cesser de parler et à agir" pour Homs, où, selon lui, les troupes du régime "tiennent en joue n'importe qui" dans les quartiers insurgés.
"Les soldats kidnappent femmes et enfants, violent des femmes et les tuent. Il s'agit de crimes contre l'humanité (...) Il n'y a que cinq médecins pour soigner les blessés", a déclaré Danny Abdul Dayem, surnommé "la voix de Homs" pour ses vidéos et ses témoignages télévisés en direct.
Face à l'aggravation de la crise, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a annoncé mardi que Paris allait créer un fonds d'urgence humanitaire pour la Syrie doté d'un montant d'un million d'euros, après une rencontre avec des ONG impliquées dans ce pays.
Les condamnations se succèdent sans qu'une véritable issue ne pointe à l'horizon après onze mois de contestation populaire réprimée dans le sang, au prix de plus de 6.000 morts, selon des militants.
La chancelière allemande Angela Merkel a évoqué de nouvelles sanctions européennes contre Damas, affirmant que l'Union européenne soutenait la "position ferme" de la Ligue arabe.
Profondément divisée sur la Syrie, la communauté internationale étudie la proposition d'une force de paix avancée dimanche par la Ligue arabe.
Après avoir mis en garde contre toute action "à caractère militaire", la France a annoncé vouloir étudier avec ses partenaires de l'ONU "toutes les options mises sur la table par la Ligue arabe", y compris celle d'envoyer des Casques bleus en Syrie, selon la diplomatie française.
Moscou a exigé un cessez-le-feu et Washington souligné qu'en l'absence de paix, une telle initiative était compliquée.
La Russie et la Chine bloquent au Conseil de sécurité de l'ONU toute résolution condamnant la répression en Syrie.
Un émissaire chinois, Li Huaxin, a rencontré mardi le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a annoncé Pékin assurant ne protéger "aucune partie, y compris le gouvernement" à Damas.
Burhan Ghalioun, chef du Conseil national syrien (CNS), principale instance de l'opposition, a vu dans les récentes décisions de la Ligue arabe "les premiers pas" vers la chute du régime. Le CNS doit se réunir mercredi à Doha pour désigner un nouveau président ou prolonger dans ses fonctions M. Ghalioun, a indiqué à l'AFP la porte-parole Basma Kodmani.
La Ligue arabe avait annoncé, outre l'idée d'une force conjointe avec l'ONU, son soutien politique et matériel à l'opposition. Une formulation qui laisse la porte ouverte à l'envoi d'armes.
"Nous commencerons au début par soutenir l'opposition financièrement et diplomatiquement, mais, si les tueries du régime continuent, il faudra aider les civils à se protéger. La résolution ouvre aux États arabes toutes les options pour protéger le peuple syrien", a expliqué un ambassadeur arabe à Reuters.
Plus explicites, deux autres diplomates ont souligné que la résolution rendait possibles des livraisons d'armes. Un ambassadeur représentant un pays arabe hors du Golfe a rapporté que le Qatar et l'Arabie saoudite avaient insisté pour que le terme "soutien matériel" recouvre "toutes sortes de soutien, y compris à l'avenir des armes". "Nous voyons cela comme une dangereuse escalade", a-t-il ajouté.
Des armes de contrebande entrent déjà en Syrie mais on ignore précisément dans quelle mesure ce trafic se fait avec le soutien de gouvernements arabes ou autres. Ces équipements ne peuvent toutefois prétendre rivaliser avec les armes lourdes dont disposent les forces syriennes. Cette situation pourrait changer si les pays de la Ligue arabe lancent officiellement une campagne d'équipement des opposants.
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commentaires (6)
Ce qui est un vrai crime contre l'humanité'arabe en l'occurence,c'est la façon dont les dirigeants arabes ont géré leurs pays respectifs depuis les années cinquante...le bilan humain est désatreux,à tous points de vue.Decoup s d'état en massacres,de répression en compromissions,les chefs d'état arabes ont littéralement saigné leurs pays...on est passé des nationalismes de triste mémoire aux islamismes divers et variés...les peuples dans leur ensemble ont souffert plus que de raison,et on a vu la présence chrétienne se réduire comme peau de chagrin...Un président comme Camille Chamoun,qui faisait pourtant partie du camp des arabistes a du baisser les bras devant la "rue" pseudo- nationaliste...et que dire de la démolition,je ne trouve pas d'autre terme,d'un pays comme l'Egypte,qui aurait dû et surtout pu être un phare dans la nuit....on parle de crimes contre l'humanité?C'est bien,très bien...que n'en a -t-on parlé pour nous,Libanais?Où étaient les "instances" qui pèsent aujpurd'hui si lourd sur l'avenir du MO?Se souvient-on seulement de l'appui dont le régime syrien avait bénéficié au cours de son occupation du Liban?Et des dizaines de milliers de morts passés en pertes et profits au nom de la realpolitik ?Ce qui se passe aujourd'hui en Syrie n'est que la conséquence des lâchetés successives des dirigeants arabes...tous criminels contre l'humanité,car tous collectivement responsables des massacres passés,présents et à venir...
GEDEON Christian
04 h 28, le 15 février 2012