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À La Une - Turquie

Génocide arménien : Erdogan dénonce mais n'annonce pas de riposte

La loi française sera promulguée dans les 15 jours ; plusieurs députés UMP veulent saisir le Conseil constitutionnel.

Sur cette photo d'archives datant de 1915, des soldats ottomans posent devant des Arméniens pendus sur la grande place d'Alep. Photo AFP

Les réactions outrées se multipliaient mardi en Turquie après le vote la veille par le Sénat français d'une proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien sous l'Empire ottoman.

 

Le texte de loi voté par le Sénat français est "discriminatoire" et "raciste", a déclaré mardi le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan au Parlement devant ses députés du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste). Le Premier ministre, qui a évoqué un "massacre de la liberté de pensée", a également promis de mettre en oeuvre "étape par étape" des mesures de représailles contre la France. 

"Nous allons annoncer notre plan d'action en fonction des développements", a-t-il prévenu, affirmant que la "Turquie est encore dans une période de patience".
M. Erdogan a utilisé un ton plus modéré que prévu et a émis l'espoir que la France "réparera son erreur", s'en prenant surtout aux ambitions de Nicolas Sarkozy à l'orée des présidentielles de mai pour séduire l'électorat d'origine arménienne et non à la France en général, alliée d'Ankara au sein de l'Otan et partenaire stratégique commercial et politique.

 

De son côté, la France a annoncé que la loi sera promulguée dans les 15 jours. "Le président de la République va promulguer la loi punissant la négation des génocides dans un délai normal" après son adoption mardi par le Parlement, c'est-à-dire "15 jours", a-t-on appris auprès de la présidence.

Toutefois, l'Elysée met en exergue le fait que les intérêts supérieurs des deux pays devraient l'emporter. "Là où nous avons des convergences, ces convergences demeureront, là où nous avons des divergences, elles demeureront aussi", affirme-t-on.
"Il y aura des réactions vocales bruyantes de la part des Turcs mais les Turcs ont besoin des investisseurs français", ajoute-t-on.

Parallèllement, dans le cadre des efforts du gouvernement turc en faveur de l'annulation du texte de loi, plusieurs députés UMP, opposés à la loi, ont annoncé mardi leur intention de rassembler 60 signatures de députés pour saisir le Conseil constitutionnel sur ce texte.

 

Après le vote du texte par les députés français, M. Erdogan avait très vivement réagi, gelant la coopération politique et militaire avec la France, et dénonçant un "génocide" commis par les colonisateurs français en Algérie.

 

Plus tôt, le ministre turc de la Justice, Sadullah Ergin, avait dénoncé "un manque total de respect pour la Turquie", alors que le ministère des Affaires étrangères a "condamné fermement" un "acte irresponsable" de la part de la France. "Sarkozy, passera dans l'Histoire comme l'homme qui a massacré l'Histoire", s'est également emporté le ministre du Travail, Faruk Celik, cité par l'agence de presse Anatolie.

 

Le Sénat français a ratifié lundi soir une proposition de loi déjà adoptée par l'Assemblée nationale le 22 décembre, qui sanctionne d'un an de prison et 45.000 euros d'amende la négation de tous les génocides reconnus par la France, dont celui des Arméniens en 1915. La Turquie réfute le terme de génocide, même si elle reconnaît que des massacres ont été commis et que quelque 500.000 Arméniens ont péri en Anatolie entre 1915 et 1917, les Arméniens évoquant 1,5 million de morts. Elle accuse le président français de tenter de séduire l'électorat d'origine arménienne avant l'élection présidentielle, prévue au printemps.

 

La presse turque était quant à elle unanime mardi à dénoncer un coup porté par la France à la liberté d'opinion. "Honte à toi, France", titrait en une le quotidien populaire Vatan. "La France où est né l'idéal de liberté a porté le coup le plus dur à la liberté d'expression. En votant la loi sur la négation du génocide, elle a renié son propre passé." "Le président français Sarkozy a tourné le dos à la liberté et à la Turquie pour quelques votes", clamait, de son côté, le journal populaire Posta.

Le journal à grand tirage Hürriyet barrait sa une d'un grand "Il a massacré la démocratie", à côté d'une photo du président français. Habituellement opposés, le très laïque Cumhuriyet et l'islamo-conservateur Zaman unissaient leurs voix mardi pour dénoncer respectivement "la justice à la française" et "une honte historique".

 

Face à ces réactions, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a appelé la Turquie au "sang-froid". "Je voudrais appeler nos amis turcs au sang-froid" et tendre "la main" à ce "grand pays, cette grande puissance économique, politique", a déclaré le ministre à la chaîne de télévision française Canal +.

Les réactions outrées se multipliaient mardi en Turquie après le vote la veille par le Sénat français d'une proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien sous l'Empire ottoman.
 
Le texte de loi voté par le Sénat français est "discriminatoire" et "raciste", a déclaré mardi le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan au Parlement devant ses députés du Parti de...

commentaires (3)

Au nom de mes ancêtres, parents et grands parents: Merci la France. Les générations turques actuelles n'ont pas à payer le prix des actes leurs ancêtres mais la justice "morale" doit être faite in fine. Une reconnaissance internationale pour que nos grands parents reposent vraiment en paix.

Viken GARABEDIAN

08 h 31, le 24 janvier 2012

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Commentaires (3)

  • Au nom de mes ancêtres, parents et grands parents: Merci la France. Les générations turques actuelles n'ont pas à payer le prix des actes leurs ancêtres mais la justice "morale" doit être faite in fine. Une reconnaissance internationale pour que nos grands parents reposent vraiment en paix.

    Viken GARABEDIAN

    08 h 31, le 24 janvier 2012

  • La Constitution Turque considere la mention ou la reconnaissance du Genocide Armenien comme une trahison punie par pendaison. Merci la France.

    Gerard Avedissian

    06 h 23, le 24 janvier 2012

  • - - Les chiens aboient la caravane passe . Vive la France et vive Sarkozy .

    JABBOUR André

    06 h 15, le 24 janvier 2012

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