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À La Une - Génocide arménien

La crise franco-turque fait grincer des dents au sein du gouvernement de Paris

La réaction de Juppé jette une ombre sur l'entente parfaite censée régner avec Sarkozy.

"Le génocide est un mensonge", peut-on lire sur cette pancarte brandie par un manifestant turc à Paris. Bulent Kilic/

La crise diplomatique franco-turque provoquée par le vote d'un texte de loi réprimant la négation du génocide arménien a entraîné ses premières crispations publiques au sein du gouvernement en France, notamment de la part du chef de la diplomatie Alain Juppé.

 

Le malaise couvait au moins depuis une semaine, il a éclaté vendredi au lendemain du vote. Quasiment au même moment, le président français et son ministre des Affaires étrangères et numéro 2 du gouvernement ont exprimé au grand jour des opinions clairement divergentes sur l'opportunité du vote des députés.

 

Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Prague, à l'occasion des obsèques de Vaclav Havel, a rompu le silence qu'il respectait sur ce dossier depuis sa visite en Arménie il y a deux mois et justifié fermement son soutien à la proposition de loi présentée par une députée du parti présidentiel de droite UMP.

"La France ne donne de leçons à personne, mais la France n'entend pas en recevoir", a-t-il déclaré à la presse française, "la France définit souverainement sa politique (...) la France a des convictions: les droits de l'Homme, le respect de la mémoire".

 

Prenant le contre-pied du chef de l'Etat, Alain Juppé a exprimé son désaveu de la démarche parlementaire. "Je pense que cette initiative n'était pas opportune mais le Parlement a voté", a-t-il lâché, "essayons maintenant de reprendre des relations apaisées".

 

Le texte réprime d'un an de prison et d'une amende toute négation publique d'un génocide, dont celui des Arméniens en 1915-17. Son adoption a provoqué la colère d'Ankara qui réfute le caractère génocidaire des massacres survenus dans les dernières années de l'Empire ottoman et qui, en représailles, a rappelé son ambassadeur et gelé sa coopération militaire et politique avec Paris.

 

Depuis l'inscription de la proposition de loi à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale, avec le soutien du gouvernement, le chef de la diplomatie a multiplié les mises garde sur les conséquences néfastes de l'escalade verbale avec Ankara.

Geste rare, il les avait même ouvertement exprimées lors du Conseil des ministres du 14 décembre, a confirmé un de ses collègues.

 

Preuve de l'émoi suscité par ce texte, d'autres voix de la majorité ont exprimé leurs réserves sur ce projet de loi "mémoriel", notamment le président de l'Assemblée Bernard Accoyer et l'ex-président du Sénat Gérard Larcher.

Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a reconnu qu'il n'était "pas très chaud sur les lois mémorielles" tandis que son collègue de la Défense a concédé que les députés n'étaient "pas nécessairement les meilleurs historiens".

 

Beaucoup le pensent en coulisses mais peu ont osé l'exprimer publiquement comme le centriste Hervé de Charette, ancien ministre des Affaires étrangères, qui a dénoncé la "démagogie électoraliste" entretenue, via ce texte, par l'Elysée.

 

En 2007, le candidat Sarkozy avait promis à la communauté arménienne de France, forte d'un demi-million de personnes, de faire adopter une telle loi. Mais, une fois élu, il avait mis sa promesse entre parenthèses et ce texte avait été enterré faute d'une majorité au Sénat, suscitant l'amertume des Arméniens de France.

 

Sur un plan strictement politique, la sortie d'Alain Juppé a jeté une ombre sur l'entente parfaite censée régner avec Nicolas Sarkozy.

Le ministre avait pris ombrage du rôle joué auprès du président par l'écrivain Bernard-Henri Lévy dans le dossier libyen mais avait tu publiquement ses réticences.

Depuis le mois de mars, les responsables de l'UMP ont vendu à longueur de confidences le "grand amour" des deux hommes et le "rôle éminent" que Nicolas Sarkozy s'apprêtait à lui confier en cas de réélection à la présidentielle du printemps 2012.

 

"Juppé est sorti du bois par conviction, parce qu'il refuse d'endosser les conséquences de ce texte idiot, mais aussi par tactique, pour faire comprendre aux Turcs que tout le gouvernement n'est pas sur la même ligne que Sarkozy", analyse un cadre de la majorité.

 

La crise diplomatique franco-turque provoquée par le vote d'un texte de loi réprimant la négation du génocide arménien a entraîné ses premières crispations publiques au sein du gouvernement en France, notamment de la part du chef de la diplomatie Alain Juppé.
 
Le malaise couvait au moins depuis une semaine, il a éclaté vendredi au lendemain du vote. Quasiment au même moment, le...

commentaires (1)

Si les Français fléchiraient devant les fanfaronnades et les chantages de la Turquie, adieu à la démocratie en France. Qu'on parle dorénavant de l'Intérocratie, ou plutôt de la Craintocratie ! Même si le gouvernement Français a choisi le mauvais moment, dans le contexte actuel des choses au Moyen Orent où l'on veut que la Turquie joue un rôle, pour faire revivre cette historique réalité du génocide Arménien, faire en arrière ou même fléchir devant les chantages, c'est perdre complètement la face. Rien n'arrêterait plus les chantages et les menaces de qui que ce soit sur le gouvernement Français. On ouvre grande la porte aux interventions... Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

03 h 33, le 26 décembre 2011

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Commentaires (1)

  • Si les Français fléchiraient devant les fanfaronnades et les chantages de la Turquie, adieu à la démocratie en France. Qu'on parle dorénavant de l'Intérocratie, ou plutôt de la Craintocratie ! Même si le gouvernement Français a choisi le mauvais moment, dans le contexte actuel des choses au Moyen Orent où l'on veut que la Turquie joue un rôle, pour faire revivre cette historique réalité du génocide Arménien, faire en arrière ou même fléchir devant les chantages, c'est perdre complètement la face. Rien n'arrêterait plus les chantages et les menaces de qui que ce soit sur le gouvernement Français. On ouvre grande la porte aux interventions... Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    03 h 33, le 26 décembre 2011

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