Rechercher
Rechercher

À La Une - Répression

L’opposition syrienne réclame une force de dissuasion arabe

Damas signe le protocole sur l’envoi d’observateurs de la Ligue ; l’Assemblée générale de l’ONU condamne la répression menée par le régime d’Assad

 

Les manifestations antirégime se poursuivaient hier en Syrie, alors que la répression a fait plus de cent morts, dont au moins 70 militaires dissidents exécutés par le pouvoir. Photo Reuters

La Syrie a formellement accepté hier, après une valse-hésitation de plusieurs semaines, la venue d’observateurs arabes dans le pays, jugée immédiatement par l’opposition comme une « manœuvre » pour gagner du temps.
Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal el-Maqdad a en effet signé au Caire un document autorisant la venue d’observateurs, dans le cadre d’un plan de sortie de crise mis au point par la Ligue arabe, que Damas avait déjà accepté « sans réserves » sans jamais pour autant l’appliquer.


Lors d’une conférence de presse à Damas, le chef de la diplomatie Walid Moallem a assuré que les observateurs arabes étaient « les bienvenus » en Syrie, ajoutant que « cet accord sera renouvelé dans un mois si les deux parties en sont d’accord ». De même, les observateurs pourront « accéder aux points chauds mais pas aux points militaires sensibles ». M. Moallem a affirmé que son pays n’avait accepté de signer ce protocole que parce qu’il respectait sa « souveraineté ». La répression dans le pays a fait depuis la mi-mars plus de 5 000 morts, selon l’ONU, mais Damas attribue les violences à des groupes terroristes armés. « De nombreux pays dans le monde ne veulent pas reconnaître la présence de groupes terroristes armés en Syrie. Ils vont venir et ils vont voir qu’ils sont présents. Nous ne devons absolument pas avoir peur », a réagi M. Moallem.


Le secrétaire général de la Ligue Nabil el-Arabi a annoncé pour sa part qu’une première délégation se rendrait en éclaireur à Damas sous trois jours. Dirigée par Samir Seif el-Yazal, assistant du secrétaire général, elle sera « composée d’observateurs de la sécurité, du droit et de l’administration », a déclaré M. Arabi, précisant que des équipes incluant des experts des droits de l’homme suivraient.


La France a aussitôt réclamé que les observateurs arabes puissent remplir leur mission « le plus rapidement possible sur le terrain » en Syrie, où le régime réprime depuis plus de neuf mois un mouvement de révolte sans précédent. L’Iran, alliée de la Syrie, a annoncé de son côté soutenir la décision de Damas. Cependant, les démarches des pays arabes sur le dossier syrien relèvent de la « blague » a estimé le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. « Certains pays de la région se livrent à des actes que l’Iran considère comme des blagues » envers la Syrie, a déclaré M. Ahmadinejad selon des propos rapportés par l’agence de presse publique IRNA. « Certains pays de la région, qui n’ont jamais organisé d’élections, se sont rassemblés pour voter des résolutions visant un autre pays, lui demandant “pourquoi ne faites-vous pas d’élection ?” », a-t-il ironisé. Ces critiques sont intervenues à peine quelques heures avant que la Syrie n’accepte l’envoi d’observateurs arabes.


Toujours sur le plan diplomatique, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté hier à New York une résolution condamnant la situation des droits de l’homme en Syrie. La résolution a été adoptée par une majorité de 133 pays pour, onze contre et 43 abstentions. L’ambassadeur syrien à l’ONU Bachar Jaafari a qualifié la résolution de complot « démoniaque » contre son pays.


À Tunis, Burhan Ghalioun, chef du Conseil national syrien (CNS) qui regroupe la majorité des courants de l’opposition syrienne, a estimé que les déclarations de M. Moallem étaient une « manœuvre pour couvrir l’échec du régime syrien » : « Le régime syrien manœuvre pour empêcher que le dossier syrien soit soumis devant le Conseil de sécurité des Nations unies (...). Ils n’ont aucune intention d’appliquer une quelconque initiative », a déclaré M. Ghalioun au cours d’une conférence de presse.
Le chef du CNS a aussi souhaité le déploiement de forces arabes si Damas poursuit la répression violente. « Si le régime syrien poursuit sa répression violente, le CNS fera appel à des forces de dissuasion arabes. Nous avons besoin d’un usage de la force d’une manière limitée et dans des zones précises », a-t-il expliqué à la presse. Après une série de réunions à huis clos pendant trois jours dans la banlieue nord de Tunis, le CNS a annoncé dans une déclaration finale avoir « une vision pour la période transitoire visant à forger un consensus national pour unir davantage les Syriens autour de la révolution ».
Sur le terrain, une trentaine de civils auraient été tués hier par les forces de sécurité dans le pays, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). À Damas, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants dans le quartier historique de Midane, tuant un jeune homme et blessant un enfant, selon l’OSDH et les comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent les manifestations sur le terrain. Par ailleurs, des sources au sein des LCC ont fait état hier à la chaine al-Jazira de la mort de 72 militaires insoumis à Edleb alors qu’ils tentaient de fuir leur caserne, et trois soldats de l’armée régulière syrienne auraient aussi été tués lors d’affrontements avec des militaires dissidents à Kansafra.
Parallèlement, des milliers de partisans du président Bachar el-Assad se sont rassemblés hier sur une grande place de Damas pour dénoncer les sanctions imposées à la Syrie par la Ligue arabe, selon des témoins. De grands drapeaux russes, chinois, iraniens, ainsi que ceux du Brésil et d’Afrique du Sud, alliés de Damas, étaient suspendus sur les immeubles. Un immense drapeau syrien a été brandi par les jeunes qui criaient leur soutien au président Assad.
(Sources : agences et rédaction)

La Syrie a formellement accepté hier, après une valse-hésitation de plusieurs semaines, la venue d’observateurs arabes dans le pays, jugée immédiatement par l’opposition comme une « manœuvre » pour gagner du temps.Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal el-Maqdad a en effet signé au Caire un document autorisant la venue d’observateurs, dans le cadre d’un plan...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut