Rechercher
Rechercher

À La Une - Le Clic

Un mariage à Gaza... comme si vous y étiez

C'est l'histoire improbable d’une jeune blogueuse de Gaza et d’un journaliste sud-africain d’origine palestinienne qui vit à Doha. Une rencontre placée sous le signe du destin qui a commencé par un tweet et s’est soldée par un « oui ».

Elle, c’est Lina al-Sharif, auteure du blog « Live from Gaza ». Lui, c’est Mohammad Haddad, journaliste travaillant pour la chaîne panarabe al-Jazira, en langue anglaise. Ils se sont mariés le dimanche 27 novembre, à Gaza, et ont partagé l’heureux événement avec le monde entier, via Twitter, sous le hashtag #GazaWedding.
« Je sors de la maison ! Je me dirige chez mon oncle avant d’aller chercher ma future épouse », écrit Mohammad sur son compte (@Haddadme), une heure avant la cérémonie. « Je suis presque prête, je n’arrive pas à respirer, cette robe m’étouffe, lol. J’ai hâte de voir @Haddadme, tweetait pendant ce temps @livefromgaza. Le bouquet n’est pas comme je le voulais, mais je n’ai pas le temps de le changer (...) » « Il est là ! Oh mon Dieu ! » lance-t-elle quelques minutes plus tard.

 


Au cours de la cérémonie, ce sont les amies de Lina – très mordues de nouvelles technologies – qui prennent la relève, rapportant les moindres détails de la soirée... photos à l’appui : « La robe de Lina est parfaite (...). Couleur ivoire, simple et élégante », tweete @olanan. « @livefromgaza et @haddadme avaient l’air trooooop mignons en dansant sur Jackie Wilson – Reet Petite », écrit de son côté @palinoia. « Lina, tout le monde veut savoir quand avez-vous eu le temps de pratiquer la danse. Via Skype ? ? :-D », taquine pour sa part @yelkhoudary. « Oh ! @abuelsharif, le frère de Lina, est enfin arrivé pour enflammer la piste de danse ! #Allez », lance @Gazanism.

 

 

Les amis du couple au cours de la cérémonie.


Des tweets qui n’ont pas manqué d’attirer l’attention de nombreux internautes à travers le monde entier. Les échos du mariage sont même parvenus à la chanteuse libanaise Oumaima el-Khalil qui a tenu à féliciter « personnellement » les nouveaux mariés.
« Merci d’avoir partagé le mariage avec nous. Ça a l’air très sympa. C’est comme si on y était », écrit, de son côté, @FriederikeHell de la Jordanie. « Enfin une bonne nouvelle de Gaza ! » se réjouit quant à lui @3bdallah, d’Arabie saoudite. « Mais pourquoi ne dansez-vous pas au lieu de garder votre nez collé au téléphone ? » demande pour sa part @Maureen_70, de Chicago.
Cette nouvelle tendance de tweeter en direct un mariage peut très bien paraître ridicule pour beaucoup de personnes, « mais dans le cas de Lina et Mohammad, le geste est tout à fait justifié, argumente @yelkhoudary. Leur amour est né sur Twitter ».

Cet amour, Lina le partage avec les lecteurs de son blog dans un long billet, quelques jours avant son mariage. Elle y raconte son histoire, « l’histoire d’une fille ordinaire qui vit dans des circonstances extraordinaires ». Extraits :

« Tout a commencé par un tweet discutant de la nature d’un bruit éclatant qui a été entendu à travers Gaza. Était-ce le résultat d’un raid israélien ou un simple coup de tonnerre ?
« Très vite, (Mohammad et moi) sommes devenus amis. Nous avons tweeté ensemble tout au long de la révolution égyptienne, jusqu’à la chute de (Hosni) Moubarak. Puis, après plusieurs séances de tchat, nous nous sommes vraiment rapprochés l’un de l’autre. Nous discutions de tout, de la Palestine, du monde et de nos rêves ; nous avons eu l’envie de construire une nouvelle vie ensemble.
« Notre histoire prouve que l’amour ne connaît ni frontières, ni blocus, ni occupation. (...) Dieu nous a réunis grâce aux réseaux sociaux Twitter, WordPress, Facebook, G-chat et puis Skype. Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je me marierai avec un Palestinien d’Afrique du Sud ! Même mes parents n’y croyaient pas ! Mais nos deux pays partagent un amour commun pour la liberté et la dignité. »

 

 

Lina et Mohammed.


Le couple continue de s’échanger des messages pendant de longs mois. En avril, il la demande en mariage, bien qu’il ne l’ait toujours pas rencontrée en personne. Lina accepte. Cinq mois plus tard, après des mois de discussions souvent interrompues par les longues coupures d’électricité à Gaza, ils décident de se voir. Mais où ? Lui se trouve au Qatar et elle vit à Gaza...
Le couple choisit enfin de se retrouver en Afrique du Sud, où habite la famille du fiancé. Mais si, pour faire le trajet, Mohammad n’avait qu’à prendre un vol direct du Qatar, Lina, elle, a dû endurer un voyage de six heures pour traverser le Sinaï jusqu’au Caire avant d’embarquer à bord d’un vol de huit heures vers l’Afrique du Sud... « Mais ça valait totalement la peine ! assure-t-elle. J’ai enfin pu rencontrer Mohammad et j’ai pu apprécier l’Afrique du Sud pour la richesse de son histoire. Je me suis vraiment sentie chez moi. »

Quarante jours plus tard, Lina rentre à Gaza et s’occupe des préparatifs du mariage. « Je suis une fille de Gaza et la cérémonie doit nécessairement avoir lieu en Palestine », insiste-t-elle.
Bientôt, la jeune blogueuse quittera sa famille pour commencer une nouvelle vie au Qatar. Son blog ? Elle ne semble pas prête à le lâcher. « Même de loin, je continuerai de raconter des histoires sur la mer, sur la guerre et sur les contradictions de la vie dans cette partie de la Palestine. » C’est elle qui le promet...

C'est l'histoire improbable d’une jeune blogueuse de Gaza et d’un journaliste sud-africain d’origine palestinienne qui vit à Doha. Une rencontre placée sous le signe du destin qui a commencé par un tweet et s’est soldée par un « oui ».Elle, c’est Lina al-Sharif, auteure du blog « Live from Gaza ». Lui, c’est Mohammad Haddad, journaliste travaillant pour la chaîne panarabe...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut