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À La Une - L'Orient Littéraire

Les formes élémentaires de la dictature dans les pays arabes

Indépendamment des explications sociologiques et politiques présentées concernant les régimes arabes, les processus historiques de leur implantation et le profil de leurs principaux acteurs, en laissant de côté les schémas théoriques sur la dictature, le totalitarisme et l’autoritarisme et en prenant uniquement pour matière première ce qu’on a lu, vu et écouté au cours des sept derniers mois, on peut déduire sans ambages le profil et le système de fonctionnement d’une dictature dans un pays arabe au cours d’un demi-siècle d’histoire.

Melhem Chaoul.

Le pouvoir au sommet de l’État est personnel et absolu. Un chef d’État issu d’un coup d’État, d’une guerre civile ou d’un plébiscite populaire contrôle tous les rouages sécuritaires, civils, économiques, militaires et administratifs du pays.

Pour exercer ce pouvoir absolu, il n’a cure d’aucun texte, d’aucune loi, d’aucun code qui puisse freiner sa volonté ou contrôler ses directives. Les textes et les lois n’existent que pour servir le système de domination et constituer un support à l’arbitraire des sanctions. Le noyau du pouvoir est le chef de l’État entouré d’un cercle restreint de fidèles qui lui sont liés par des rapports de parenté et de consanguinité : les fils de Kadhafi, les frères et les fils de Saddam, le frère, les cousins maternels et le beau-frère de Assad, etc.

 

Trois instruments « basiques » font fonctionner le pouvoir : la terreur, la corruption et le couple propagande-endoctrinement. La terreur pratiquée est sidérale, infinie, une capacité à donner la mort sans limites sous la couverture de lois d’exception quasi éternelles. Pour ce faire, la population, les citoyens, au regard du pouvoir, muent et deviennent « inhumains ». Ils se transforment, selon Kadhafi en « rats », en « criminels monstrueux » selon Assad comme en « vers de terre » naguère avec Saddam. Ainsi, on peut faire feu à volonté. Quant à la corruption, elle peut faire en soi l’objet d’une recherche approfondie, tant elle est variée, multiple et « créative ». Ce qu’il y a à retenir, c’est le grand dessein de « clientélisation à la corruption » de l’ensemble de la population. Tout le monde est invité à participer à la « grande bouffe » de la corruption, du petit douanier aux gros commerçants et aux entrepreneurs du Caire, de Damas, d’Alep, de Sanaa et de Tripoli. S’il existe un droit reconnu par la dictature arabe, c’est bien le droit à être corrompu ! Tout le monde est impliqué, tout le monde est complice. Ceux qui refusent de jouer le jeu sont les suspects et les traîtres en puissance, des êtres « asociaux », potentiellement dangereux, Attention ! Honnête, donc suspect. Enfin, la dictature se construit « une image » supposée combler le degré zéro de liberté et de démocratie. À coups de propagande et d’endoctrinement, les dictatures choisissent leur thème préféré. Actuellement « c’est nous ou le chaos ! », un système de matraquage et d’informations distillées qui diffuse frayeur et méfiance au sein de la population. Celle-ci, atomisée, ayant perdu les liens fondamentaux de la solidarité de base, devient, selon les attentes du régime, demandeuse de stabilité à n’importe quel prix. L’image du régime telle qu’elle apparaît dans la propagande-endoctrinement est celle du gardien de la stabilité, d’une soupape de sécurité qui empêche les catégories sociales et les divers segments de la population de s’entretuer. Le propre des dictatures arabes est de créer et d’entretenir la guerre civile larvée tout en prétendant la contrecarrer.

 

En matière de relations internationales, les dictatures recourent surtout au mensonge et au chantage. Le mensonge comme moyen de gagner du temps et de mettre en confiance les démocraties occidentales : en effet, les potentats arabes montrent patte blanche et déversent moultes promesses afin de gagner du temps et, en fin de compte, de ne tenir aucun engagement. Ils disposent par ailleurs de machines bien rodées pour pratiquer le chantage, au terrorisme, surtout, dirigé aussi bien contre le monde occidental que contre leurs pays « frères ». Quand ils prétendent lutter contre le terrorisme, surtout dans ses versions islamistes fondamentalistes, ils le font en fait contre des groupes qu’ils ont eux-mêmes créés, entretenus et entraînés. Ils les « vendent » au moment opportun, avec de juteux dividendes, au plus offrant.

 

Lire la suite de cet article ainsi que d'autres articles dans l'édition d'octobre de L'Orient Littéraire.

Le pouvoir au sommet de l’État est personnel et absolu. Un chef d’État issu d’un coup d’État, d’une guerre civile ou d’un plébiscite populaire contrôle tous les rouages sécuritaires, civils, économiques, militaires et administratifs du pays.
Pour exercer ce pouvoir absolu, il n’a cure d’aucun texte, d’aucune loi, d’aucun code qui puisse freiner sa volonté ou contrôler...

commentaires (2)

Dans les pays arabes, tout spécialement, et du Moyen Orient en génaral, le pouvoir, qu'il s'appelle théocratique, autocratique, tyrannique, Sheikhiste, Amiriste, ou supposé démocratique gouvernant au nom du peuple oppressé, rien que pour berner les gens, tous ces systèmes ne sont en définitif que des pouvoirs absolus dans tout le terme du mot. Il n'y a pas de nuance intermédiaire. Ce sont, le despotisme à son summum... Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

03 h 07, le 24 octobre 2011

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Commentaires (2)

  • Dans les pays arabes, tout spécialement, et du Moyen Orient en génaral, le pouvoir, qu'il s'appelle théocratique, autocratique, tyrannique, Sheikhiste, Amiriste, ou supposé démocratique gouvernant au nom du peuple oppressé, rien que pour berner les gens, tous ces systèmes ne sont en définitif que des pouvoirs absolus dans tout le terme du mot. Il n'y a pas de nuance intermédiaire. Ce sont, le despotisme à son summum... Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    03 h 07, le 24 octobre 2011

  • Une analyse qui prouve encore une fois qu'dictateur surtout dans les pays arabes n'a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    06 h 27, le 23 octobre 2011

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