Le prince héritier saoudien, Sultan ben Abdel Aziz, qui suivait des soins médicaux aux Etats-Unis, est décédé, a annoncé samedi le palais royal saoudien, cité par la télévision.
"C'est avec une peine et une tristesse profondes que le gardien des deux mosquées saintes, le roi Abdallah ben Abdel Aziz, pleure la mort de son frère et prince héritier Sultan (...) qui est décédé ce samedi matin à l'aube en dehors du royaume à la suite d'une maladie", écrit le palais. Ses obsèques auront lieu mardi à Ryad, précise l'agence de presse SPA. La télévision saoudienne a interrompu ses programmes pour diffuser des versets du Coran, ce qui est le signe du décès d'un membre éminent de la famille royale.
Auparavant, la chaîne américaine CNN avait donné cette même information en citant des sources anonymes au sein du Département d'Etat.
Le prince héritier, également ministre de la Défense, octogénaire, se trouvait depuis le mois de juin aux Etats-Unis pour des soins médicaux. Il avait subi en juillet une intervention chirurgicale et aucune nouvelle n'avait filtré depuis sur son état de santé. Selon des diplomates occidentaux, il souffrait d'un cancer du côlon. Il avait été admis à l'unité de soins intensifs de l'hôpital Presbyterian à New York peu après son arrivée aux Etats-Unis, et se trouvait en état de mort clinique depuis plus d'un mois, d'après ces diplomates.
Né en 1928 selon sa biographie officielle, demi-frère du roi Abdallah, le prince Sultan, dont la santé était chancelante, s'était à plusieurs reprises longuement absenté du pays ces dernières années.
Son décès intervient alors que le roi lui-même, âgé de 87 ans, a subi cette semaine une nouvelle opération au dos dans un hôpital de Ryad. Le roi avait subi l'an dernier aux Etats-Unis deux opérations à la suite d'une hernie discale.
Le successeur du prince héritier doit être choisi par un Conseil restreint au sein de la dynastie des Al-Saoud, pour la première fois dans l'histoire du royaume. Ce Conseil a été créé à la suite d'une réforme des modalités de succession introduite en 2006 pour assurer une transition pacifique du pouvoir dans cette monarchie ultraconservatrice du Golfe.
De toute évidence, c'est le ministre de l'Intérieur, le prince Nayef, qui devrait devenir prince héritier, après sa nomination en mars 2009 par le roi au poste de deuxième vice-Premier ministre.
Le prince Nayef, 78 ans, demi-frère du roi, a la réputation d'être plus conservateur que le roi et feu le prince héritier.
Le prince Nayef, en février dernier. Adrees Latif/Reuters
Contrairement aux monarchies européennes, les règles de succession au trône des Saoud ne prévoient pas une transmission au fils aîné, mais passent de frère en frère parmi les enfants du roi Ibn Saoud, mort en 1953.
Condoléances dans le monde
De nombreux dirigeants dans le monde ont salué la mémoire de l'héritier du trône saoudien.
Pour le président américain Barack Obama, les Etats-Unis ont perdu un "ami précieux". Le prince héritier avait "fermement soutenu le partenariat profond et durable" entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis, a souligné Barack Obama.
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a affirmé que le prince héritier serait "regretté". "Notre relation avec l'Arabie saoudite est forte et durable, et nous comptons continuer à travailler avec la direction saoudienne pour de nombreuses années à venir", a-t-elle souligné.
Les deux responsables américains ont présenté leurs condoléances au roi Abdallah et au peuple d'Arabie saoudite.
La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a exprimé sa "grande tristesse", estimant qu'il s'agissait d'une "grande perte" pour le royaume saoudien.
Le Premier ministre britannique David Cameron s'est lui aussi dit "attristé", en présentant ses condoléances au roi Abdallah et au peuple saoudien. M. Cameron a rendu hommage à la "sagesse" et à "l'expertise" du prince héritier dans les affaires internationales", assurant que les liens entre les deux pays resteraient "forts".
Le roi Abdallah II de Jordanie a demandé une minute de silence à la mémoire du prince héritier à l'ouverture du Forum économique mondial (WEF) qui réunit sur les bords de la Mer morte plus de 1.00O participants venant de 50 pays.
"La Jordanie est en deuil après la disparition de ce dirigeant arabe, champion de la cause arabe et musulmane, a-t-il déclaré.
Dans un message de condoléances au roi Abdallah, le président français Nicolas Sarkozy a estimé que le prince Sultan avait "joué un rôle crucial dans la modernisation de l'Arabie saoudite, notamment dans le domaine de la défense".
Soulignant que sa disparition était une "grande perte" pour l'Arabie saoudite, le président français a ajouté que la France perdait "un ami fidèle et sincère".
L'Iran, par la voix du ministre des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi, a adressé ses condoléances à l'Arabie saoudite, au moment où les relations entre les deux pays sont particulièrement tendues.
Le président syrien Bachar el-Assad a adressé ses condoléances au roi Abdallah "au nom du peuple syrien".
Au Liban, le Premier ministre, Nagib Mikati, a exprimé sa peine par le décès du prince Sultan et a considéré que le Liban a perdu "un frère et un ami" qui prenait toujours des positions en faveur du pays du cèdre. Le chef du gouvernement a par ailleurs affirmé que le royaume wahhabite a perdu "un de ses piliers qui avait longtemps œuvré au service du développement et de l'amélioration de l'Arabie", offrant ses profondes condoléances à la famille royale saoudienne.
Le président de la République, Michel Sleiman, a, par ailleurs, adressé, au nom du peuple libanais, un message de condoléances au roi saoudien Abdallah ben Abdel Aziz. Il a considéré que le Liban a perdu "un ami qui défendait toujours ses causes". Le chef du Parlement, Nabih Berry, a également envoyé un message de condoléances.
Pour l'ancien Premier ministre Saad Hariri, le prince Sultan était "un commandant exemplaire" qui a "aidé le Liban dans les conditions les plus difficiles".
"C'est avec une peine et une tristesse profondes que le gardien des deux mosquées saintes, le roi Abdallah ben Abdel Aziz, pleure la mort de son frère et prince héritier Sultan (...) qui est décédé ce...
commentaires (3)
Que Dieu ait pitié de son âme. On dit qu'il était un homme charitable. Anastase Tsiris
Anastase Tsiris
03 h 17, le 23 octobre 2011